En Europe, la pauvreté et la faim augmentent

La pandémie de COVID-19 engendre une hausse de la pauvreté partout dans le monde, y compris en Europe, où de plus en plus de personnes ont besoin d’assistance alimentaire.

Cette semaine, deux journées internationales se succèdent, celle consacrée à l’alimentation le 16 octobre et celle consacrée à l’élimination de la pauvreté, le 17 octobre, mettant en évidence une augmentation de la paupérisation à travers le monde.

Dans le monde, plus de 730 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 dollars par jour, selon la Banque mondiale. Et, comme le souligne le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, la pandémie de COVID-19 « pourrait faire basculer jusqu’à 115 millions de personnes dans la pauvreté cette année ».

En 2016, un peu moins de 16% de la population de l’Union européenne était « dans une situation de privation matérielle et sociale », c’est à dire des personnes qui ne peuvent se permettre, par manque de ressources financières, certaines dépenses liées au logement, à l’habillement, à l’alimentation et aux loisirs.

La pauvreté monétaire, c’est à dire le fait de vivre en dessous du seuil de pauvreté (fixé à 60% du revenu médian) touche quant à elle 17,3% de la population.

En France, selon les associations caritatives, la crise sanitaire a fait basculer 1 million de personnes dans la pauvreté, qui viennent s’ajouter aux quelque 9,3 millions de Français vivant déjà en-dessous du seuil de pauvreté monétaire.

Aux Pays-Bas, 16,8 % de la population vit dans la précarité, un chiffre qui monte à 20% au Royaume-Uni, à 26,6% en Italie et près d’un tiers en Grèce. En Irlande, 14 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et au Portugal, on estime que 21% de la population est à risque.

En Espagne, les taux de pauvreté sont effroyablement élevés. En 2018, 26,1 % de la population espagnole et 29,5 % des enfants étaient menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale, soit l’un des taux les plus élevés d’Europe, selon un rapport de Philip Alston, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme.

La COVID crée de « nouveaux pauvres »

Un fait frappant est l’apparition de « nouveaux pauvres » à cause de la COVID-19. Ces personnes vivaient dans la précarité avant la pandémie et leur situation s’est dégradée brutalement avec la crise sanitaire.

En France, 45% des personnes qui ont sollicité l’aide du Secours Populaire durant le confinement étaient jusque-là inconnues de l’association et un Français sur trois a subi une perte de revenu depuis le confinement (Source Barometre Ipsos 2020 pour le Secours populaire).

Avec la pandémie, la pauvreté touche désormais des catégories jusqu’ici épargnées : des intérimaires, des personnes avec des petits boulots, des artisans, des intermittents du spectacle ou des étudiants.

Un enfant sur quatre menacé par la pauvreté

En 2018, dans l’Union européenne, 23 millions d’enfants étaient menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale, selon un rapport de la Cour des comptes européenne publié en 2019.

Au sein de l’Union européenne, c’est en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce et en Italie que le pourcentage de mineurs risquant de basculer dans la pauvreté ou l’exclusion est le plus élevé, avec un taux supérieur à 30 %. En Espagne, le pourcentage d’enfants dans cette situation atteignait 29,5 % en 2018.

À l’inverse, les niveaux les plus faibles ont été enregistrés au Danemark (15,2 %), aux Pays-Bas (15,2 %), en République tchèque (13,2 %) et en Slovénie (13,1 %).

La sous-alimentation touche 7% des Européens 

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a remporté cette année le prix Nobel de la paix, près de 690 millions de personnes souffrent de sous-alimentation. Au niveau mondial, les Nations Unies estiment qu’au minimum 83 millions de personnes supplémentaires voire 132 millions, pourraient souffrir de la faim à cause du coronavirus.

Si l’Europe est bien loin d’être la région la plus touchée, selon Eurostat, 7% de la population en Europe ne mange pas à sa faim. En 2018, un Italien sur dix était dans l’incapacité d’avoir un repas complet au moins un jour sur deux par manque d’argent. En Suisse, cette situation concerne 3,1% de la population. En France c’est une personne sur cinq selon le Secours populaire.

La pandémie a engendré une baisse des revenus pour de nombreuses personnes, une augmentation globale des prix des aliments et des perturbations de l’approvisionnement dans certains pays.

Le rôle des associations et des banques alimentaires est encore plus important. La Fédération française des banques alimentaires s’est vue obligée d’augmenter sa distribution d’aide alimentaire de 25%. En Belgique aussi les banques alimentaires ont dû augmenter d’un tier leur distribution de nourriture par rapport à l’année dernière.

Lier justice sociale et justice environnementale

La réalisation de l’Objectif de développement durable 1, l’éradication de la pauvreté, ne se fera pas sans la prise en compte de la dimension environnementale. C’est pourquoi, cette année le thème de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté est « Agir ensemble pour une justice sociale et environnementale pour tous ».

La surexploitation des ressources naturelles, la pollution et la destruction de l’environnement affectent de manière disproportionnée les plus démunis. De plus, des millions de nouvelles personnes risquent de tomber dans la pauvreté en raison du changement climatique et de la destruction de l’environnement.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, invite les gouvernements à réfléchir et à mettre en œuvre un modèle de croissance qui intègre les impératifs de la durabilité environnementale et de la justice sociale : « Les gouvernements doivent accélérer la transformation économique en investissant dans une reprise verte et durable. Il a également déclaré « En ces temps extraordinaires, il faut des mesures extraordinaires pour lutter contre la pauvreté ».

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