COVID-19 : l’Outre-mer face à la problématique de la faim

Alors que la Nouvelle-Calédonie a entamé un déconfinement progressif ce lundi, les territoires français de l’Outre-mer, bien que moins touchés par la pandémie de coronavirus COVID-19, connaissent une situation socio-économique préoccupante.

La pandémie de COVID-19 a frappé les territoires d’outre-mer avec un décalage de plusieurs semaines par rapport à la métropole. A ce jour, selon un décompte mis à jour quotidiennement par Outremer-première, depuis l’apparition du virus, 1204 cas avérés ont été dénombrés dans neuf territoires et 28 personnes sont décédées.

Moins touchés que la métropole, les territoires ultramarins ont souvent des structures de santé plus faibles et une population plus vulnérable, notamment à Mayotte (le territoire le plus touchés avec 271 cas et 4 décès) et en Guyane.

Le gouvernement français a pris des mesures particulières pour certains des territoires d’Outre-mer qui font face à des « problématiques de faim » accentuées par la pandémie de coronavirus ainsi qu’à des installations sanitaires plus vétustes ou des pénuries de matériels médicaux.

Mayotte est le département le plus pauvre de France. Une immense majorité des habitants (84%) vivent sous le seuil de pauvreté, calculé à 1026 euros par mois par ménage dans une étude de l’Insee de 2016. Un habitant sur trois vit dans un logement qui ne dispose pas d’un accès à l’eau potable.

« Oui, il y a à Mayotte, en Guyane et dans d’autres territoires d’Outre-mer des problématiques de faim aujourd’hui », a répondu mardi 14 avril la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, lors d’une audition devant l’Assemblée nationale.

« Comme dans d’autres régions, ou dans d’autres quartiers dans l’Hexagone, nous avons un problème avec le travail informel qui aujourd’hui ne fonctionne plus en raison du confinement. Il n’y a donc plus d’argent qui circule comme il pouvait circuler avant », a indiqué Annick Girardin.

« Cette absence de possibilité d’acheter à manger est une véritable problématique sur ces territoires. C’est pour ça qu’en Guyane comme à Mayotte, les aides alimentaires seront plus importantes que dans les autres territoires ultramarins », a-t-elle annoncé.

Des mesures ont été prises par le gouvernement français notamment « la prestation spécifique des restaurations scolaires » reversée sous forme d’argent, de bons d’achats ou de panier repas à Mayotte pour répondre aux besoins des enfants qui prenaient leur repas à la cantine scolaire et sont aujourd’hui à la maison ». Cela représente environ 19 millions d’euros pour 289 000 enfants jugés défavorisés, pour les deux mois de confinement.

Pour Mayotte et la Guyane, il y a aussi « une aide alimentaire supplémentaire pour deux mois, sous forme de bons alimentaires » distribués par la Croix-Rouge. Une aide pour les personnes sans domicile fixe a aussi été débloquée en Outre-mer sous forme de chèques-service, soit 6000 bénéficiaires pour un montant de 630 000 euros.

En Guadeloupe, après l’incendie en 2017 du centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre, le système de santé est fortement perturbé.

Depuis le 1er avril un décret autorise des médecins étrangers à exercer dans certains territoires d’Outre-mer, afin de pallier le manque de praticiens en pleine épidémie de coronavirus. Jusqu’ici seule la Guyane pouvait faire appel à des médecins non européens. Ce décret étend l’exception à la Guadeloupe et la Martinique ainsi que les collectivités de Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre et Miquelon.

Dans le cadre de l’opération militaire « résilience », lancée le 25 mars par le président français, Emmanuel Macron, le porte-hélicoptères Dixmude est arrivé le 17 avril dans les Antilles. Il achemine 170 000 masques FFP2, 1 million de masques chirurgicaux et des centaines de litres de gel hydro-alcoolique qui seront répartis entre les différents territoires des Antilles-Guyane, en fonction des besoins.

Le porte hélicoptère Mistral a effectué jeudi dernier sa deuxième rotation à Mayotte pour apporter du matériel, soit 400 tonnes et de produits de première nécessité et de matériels médicaux, notamment des masques et du gel hydro-alcoolique.

Un couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin est en vigueur aux Antilles et à Mayotte.

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