Patrick Van Weerelt

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2 fĂ©vrier 2018 – Patrick van Weerelt a fait des Ă©tudes de droit et a commencĂ© sa carrière au sein de l’ONU au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) Ă  Genève. Il est ensuite passĂ© au Programme des Nations Unies pour le dĂ©veloppement (PNUD) en Afrique du Sud, avant de rejoindre l’École des cadres du système des Nations Unies Ă  Turin en 2011. Patrick a occupĂ© les fonctions de « responsable des pratiques dĂ©mocratiques » en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale (basĂ© Ă  Dakar) et de conseiller principal des droits de l’homme au siège du PNUD Ă  New York. En octobre 2015, il a Ă©tĂ© nommĂ© Ă  la tĂŞte du Centre de connaissances sur le dĂ©veloppement durable de l’UNSSC Ă  Bonn.

Quel est votre parcours académique et comment estimez-vous son impact sur votre carrière?

J’ai Ă©tudiĂ© le droit Ă  Maastricht, puis j’ai obtenu mon Master en droits de l’homme et droit humanitaire Ă  Lund, en Suède. Etudier en Suède m’a permis de faire un stage avec les organisateurs de la ConfĂ©rence mondiale sur les droits de l’homme de 1993 Ă  Vienne, tandis que mon professeur Ă  Maastricht, le professeur Cees Flinterman, a jouĂ© un grand rĂ´le dans mon transfert vers le Ministère des Affaires Ă©trangères des Pays-Bas. Mes Ă©tudes m’ont fait rĂ©aliser que l’ONU Ă©tait « accessible » en tant que potentiel employeur.

Quel a Ă©tĂ© votre premier emploi, suite Ă  l’obtention de votre diplĂ´me ainsi qu’au sein des Nations Unies?

Après avoir obtenu mon diplĂ´me, j’ai dĂ©crochĂ© un poste auprès de l’UniversitĂ© de Maastricht en tant que chercheur pour le Ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Science  des Pays-Bas sur le droit Ă  l’Ă©ducation pour les enfants qui sĂ©journaient clandestinement aux Pays-Bas. Suite Ă  cette recherche, le Ministère des Affaires Ă©trangères m’a demandĂ© d’établir un système plus cohĂ©rent pour les rapports nĂ©erlandais sur les droits de l’homme Ă  l’ONU. J’ai donc travaillĂ© pour les affaires Ă©trangères pendant un an, et c’est Ă  ce moment-lĂ  que j’ai postulĂ© aux Nations Unies, pour un poste d’administrateur auxiliaire du programme jeunes experts associĂ©s (JEA) ou Junior Professional Officer (JPO) Ă  Genève. En janvier 1996, j’ai commencĂ© au sein du HCDH oĂą Ă  l’époque, nous pouvions exercer notre rĂ´le de JPO pendant 4 ans. Après mon sĂ©jour Ă  Genève, j’ai ensuite travaillĂ© au PNUD en Afrique du Sud, pendant la prĂ©sidence de Nelson Mandela. A cette Ă©poque, comme vous pouvez l’imaginer, c’était l’emploi de rĂŞve pour toute personne intĂ©ressĂ©e par les droits de l’homme et le dĂ©veloppement.

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Quelle expérience, pays ou fonction au sein des Nations Unies a été le plus mémorable pour vous?

En 1998, le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU de l’époque, Kofi Annan, dĂ©clarait que les droits de l’homme Ă©taient essentiels pour chaque composante des Nations Unies. A ce moment-lĂ , j’ai Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© de l’Afrique du Sud au PNUD Ă  Genève puis Ă  New York, oĂą j’ai travaillĂ© sur la politique de l’organisation en matière de droits de l’homme. L’Ă©laboration d’une politique pour l’ONU dans son entièretĂ© a Ă©tĂ© une expĂ©rience très enrichissante, notamment parce qu’elle a eu un impact considĂ©rable sur le travail de l’ensemble des Nations Unies. Après une dizaine d’annĂ©es, j’ai dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Dakar oĂą j’ai commencĂ© Ă  travailler au bureau rĂ©gional du PNUD avec 23 pays en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale en tant que « responsable des pratiques dĂ©mocratiques» pour la bonne gouvernance (anti-corruption, Ă©lections, gouvernance locale, appui aux parlements, l’état de droit, etc.). Je suis ensuite passĂ© Ă  l’École des cadres du système des Nations Unies Ă  Turin et, depuis octobre 2015, je suis Ă  Bonn, oĂą j’ai pu crĂ©er le nouveau Le Centre de connaissances sur le dĂ©veloppement durable. RĂ©trospectivement, toutes ces expĂ©riences sont intĂ©ressantes, surtout parce qu’elles ont Ă©tĂ© si diffĂ©rentes. Une chose que j’apprĂ©cie particulièrement est la possibilitĂ© de travailler au siège, au bureau rĂ©gional, au bureau de liaison et dans les bureaux de diffĂ©rents pays, ce qui m’a donnĂ© une image complète du fonctionnement de l’organisation dans son ensemble.

Que signifie exactement votre position actuelle?

Le centre de connaissances sur le dĂ©veloppement durable Centre du savoir pour le dĂ©veloppement durable de l’UNSSC, propose des formations sur le contenu de l’Agenda 2030 pour le dĂ©veloppement durable et de l’Accord de Paris pour le climat, Ă  l’intention du personnel de l’ONU et, plus rĂ©cemment, des gouvernements et des entreprises. En ce qui concerne la mise en Ĺ“uvre, nous nous concentrons sur les Ă©lĂ©ments transformateurs de l’Agenda 2030. Il est important de souligner que les Objectifs de DĂ©veloppement Durable (ODD) s’inscrivent dans une vision plus large, approuvĂ©e par les États membres.. L’Agenda 2030 est un agenda politique, Ă©conomique, et social, et nous devons veiller Ă  ne pas l’aborder simplement comme une directive technocratique soi-disant politiquement neutre. Il s’agit d’un programme significatif, qui peut rĂ©ellement contribuer Ă  un avenir meilleur pour tous. Les populations, la planète, la prospĂ©ritĂ©, le partenariat et la paix sont les outils qui permettront d’accĂ©der Ă  une plus grande cohĂ©rence des politiques non seulement dans le Sud, mais aussi dans le Nord, ce qui souligne l’Ă©lĂ©ment universel de l’Agenda pour le dĂ©veloppement durable de 2030.

Le centre de connaissances offre des possibilitĂ©s d’apprentissage et de formation axĂ©es sur le dĂ©veloppement durable pour le terrain et le siège social, et ce, en personne ou en ligne.

Quelles sont les implications de votre poste actuel et quels en sont les aspects les plus difficiles ainsi que les plus gratifiants?

Le plus difficile pour le moment, et je dis ça très positivement, c’est que nous ne recevons pas de contribution de l’ONU : nous sommes complètement autonomes. Nous gĂ©nĂ©rons la majeure partie de notre budget grâce Ă  nos cours, avec une gĂ©nĂ©reuse contribution du gouvernement allemand. Notre modèle est intĂ©ressant parce qu’il nous oblige Ă  ĂŞtre conscients de ce qui est vraiment nĂ©cessaire, et Ă  fournir la meilleure qualitĂ© possible, puisque l’Ă©lĂ©ment financier est essentiel Ă  notre survie. Nous travaillons donc comme une sorte d’entitĂ© du secteur privĂ© au sein de l’ONU, ce qui engendre une dynamique très sympathique et enthousiaste.

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Qu’est-ce qui, Ă  votre avis, est sur ou sous-estimĂ© Ă  propos du travail pour les Nations Unies et quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent entamer une carrière au sein de l’ONU?

L’ONU est le meilleur employeur que vous puissiez imaginer. On dit souvent que c’est un gĂ©ant bureaucratique qui doit s’adapter Ă  son Ă©poque, et donc beaucoup changer. C’est bien sĂ»r vrai, mais ne sous-estimez pas l’ampleur des changements en cours et ceux qui ont dĂ©jĂ  eu lieu. Quant au futur proche, il suffit d’examiner les plans du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral AntĂłnio Guterres concernant le système de dĂ©veloppement des Nations Unies et nous verrons très rapidement qu’il ne s’agit plus de petits changements. Au contraire, il s’agirait du rĂ´le institutionnel, programmatique et, en fait, de l’ensemble du rĂ´le des Nations Unies au niveau des pays. Pour cela, il faut que le personnel, y compris le personnel futur, soit disposĂ© Ă  s’adapter et peut-ĂŞtre mĂŞme Ă  se rĂ©orienter. A l’exception du monde humanitaire, l’accent sera de plus en plus mis sur le conseil politique, et de moins en moins sur le travail de projet. En outre, nous travaillons de plus en plus vers un modèle cohĂ©rent d’Ă©quipes nationales des Nations Unies, oĂą l’accent sera mis sur ce dont les pays ont rĂ©ellement besoin plutĂ´t que sur un modèle d’Ă©quipes de pays qui reflète simplement les mandats individuels des diffĂ©rentes unitĂ©s de l’ONU.

En ce qui concerne la sous-estimation, je pense principalement Ă  l’impact du choix de travailler pour l’ONU sur le reste de votre famille. Cela sonne toujours bien quand on entend parler de personnes se dĂ©plaçant d’un pays Ă  l’autre, mais pour cela, il faut avoir un partenaire prĂŞt Ă  vous aider avec votre famille et qui peut vous accompagner. Dans mon cas, ça s’est très bien passĂ©: grâce Ă  ma femme et mes enfants, ma carrière a Ă©tĂ© une aventure fantastique. Mais ce n’est certainement pas faisable si les deux partenaires ont une carrière active.

J’invite Ă©galement les jeunes Ă  ne postuler que pour des postes qui leur plaisent vraiment. La beautĂ© de l’ONU est que vous pouvez y crĂ©er votre propre carrière. Mais il faut ĂŞtre conscient de ses choix, et cela commence par le tout premier. Il y a beaucoup de gens qui considèrent l’ONU comme une institution plus importante que la fonction qu’ils vont exercer, et cela mène souvent Ă  des frustrations. De plus, je leur conseillerais de ne pas toujours viser vers le haut, mais de se concentrer sur ce qu’ils aiment faire. En fin de compte, la rĂ©ussite de votre carrière repose sur vos connaissances et votre contribution, liĂ©es aux occasions qui se prĂ©sentent Ă  vous.