Ruán Magan, réalisateur de « Our Blue World » : « L’eau nous relie plus fortement que tout »

Ruán Magan, réalisateur irlandais primé, sera à Bruxelles pour la première européenne de son nouveau documentaire « Our Blue World, A Water Odyssey », le 4 juin 2024 à Bozar. L’événement est organisé par les Nations Unies à Bruxelles et Bozar pour célébrer la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin. Cette grosse production emmène le public dans un tour du monde des questions – et des solutions – liées à l’eau.

Le film explore par exemple le concept de « ville éponge », mis en œuvre en Chine avec le Sanya Dong’An Wetland Park pour absorber les pluies de la mousson et éviter les inondations en milieu urbain. Un autre exemple de résilience collective est celui du Cap, en Afrique du Sud, où les autorités locales et les citoyens ont géré de graves pénuries d’eau causées par la sécheresse.

Le documentaire se déploie comme un voyage à la rencontre de personnes remarquables. Il s’agit d’individus comme Li An Poah, une « philosophe écologique » néerlandaise défendant l’idée de rivières potables, ou encore de communautés entières, dont les cultures ont conduit à des solutions originales. Parmi celles-ci, un système de canalisation complexe dans les montagnes du Pérou, ou encore la personnalité juridique donnée à une rivière en Nouvelle-Zélande.

Ruán Magan a accordé à UNRIC cette interview exclusive, avant la projection à Bozar.

Comment avez-vous choisi le thème de votre dernier documentaire, « Notre monde bleu, une odyssée de l’eau » ?

Le projet est né d’une discussion avec Paul O’Callaghan, président de la Brave Blue World Foundation, qui a réalisé un documentaire en 2020, « Brave Blue World », sur les solutions technologiques aux problèmes d’eau sur la planète. Nous avons discuté de la manière dont nous pourrions traiter le sujet de manière plus fondamentale et avons commencé à réfléchir à cette idée : depuis la nuit des temps, les êtres humains entretiennent une relation forte avec l’eau.

Nous étions enthousiastes et l’avons co-écrit. Mais Our Blue World n’est qu’un début et fait partie d’une campagne d’impact qui vient de démarrer. Nous le projetterons dans autant de pays que possible. Nous avons commencé à Singapour, aux États-Unis et en Chine, et maintenant à Bruxelles pour la première fois en Europe. Le documentaire fait partie d’une longue traîne visant à connecter les gens au cours des prochaines années, via un site web.

Le réchauffement climatique a-t-il aussi motivé votre choix de l’eau comme sujet ?

Bien sûr. Une grande attention est accordée au carbone et aux combustibles fossiles, alors que nous commençons seulement à comprendre que l’eau joue un rôle important dans le réchauffement climatique. L’humanité a réussi à perturber les cycles de l’eau.

Des inondations ont touché l’Écosse et l’Afghanistan récemment, et rien de tout cela n’est normal. Les inondations se produisent tout le temps, parce que le monde se réchauffe et que nous avons bloqué le flux naturel du cycle de l’eau. Nous perturbons ce flux avec les grandes villes, par exemple, et c’est pourquoi le monde devient de plus en plus sec.

Quelle place spécifique ce nouveau documentaire occupe-t-il dans votre carrière ?

Mon maison de production, Create One, sort un ou deux documentaires par an. Au fil des ans, elle a atteint un large public mondial. Beaucoup de ces histoires sont irlandaises, mais elles traitent toujours de quelque chose de plus vaste, de thèmes universels, et sont projetées partout. J’espère que ce nouveau documentaire touchera également des millions de personnes.

Quel a été l’apprentissage le plus marquant pour vous avec « Our Blue World » ?

L’une des choses sur lesquelles j’aime me concentrer est le fait que nous nous sommes divisés, en tant qu’humains. Nous pensons souvent que nous sommes différents, séparés les uns des autres. Avec l’eau, vous découvrez rapidement à quel point nous sommes interconnectés et bien plus semblables que nous ne le pensons.

Toutes les cultures ont une mythologie et des rituels basés sur l’eau. Il y a une belle phrase dans le documentaire, lorsqu’un homme au Cambodge dit : « Nous sommes le peuple de l’eau ». C’est essentiellement le thème du film. L’eau nous relie plus fortement que toute autre chose.

Le film emmène le spectateur à travers de nombreux pays. Recherchiez-vous des histoires spécifiques sur des problèmes et des solutions dans le monde ?

Exactement. Nous voulions tourner sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique, inhabité, pour un vrai tour du monde. En fait, beaucoup de personnes font une grande différence dans de nombreux pays.

Leurs démarches ont motivé nos choix, par exemple pour expliquer les « villes éponges » en Chine, où nous avons rencontré l’extraordinaire architecte paysagiste Kongjian Yu, ou encore en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas. Our Blue World est un film plein d’espoir, montrant des esprits forts et de nombreuses personnes ordinaires qui apportent un changement en Irlande, au Pérou et ailleurs.

Cette Journée mondiale de l’environnement 2024 se concentre sur la restauration des terres, la désertification et la résilience à la sécheresse. Quelles réflexions vous inspire-t-elle ?

Même si le défi est immense, la solution est assez simple. Nous devons « réapprendre » l’eau et la suivre où elle veut aller. Je suis ému quand je vois à quel point de petites interventions peuvent entraîner de grands changements. En Irlande, il s’agit de mettre quelques cailloux dans le sol…

« L’eau a tellement à nous apprendre », dit un homme dans votre documentaire. Au-delà de la nécessité de vivre en harmonie avec la nature et de préserver notre environnement, quelles sont les principales conclusions que vous tireriez personnellement de vos travaux sur l’eau ?

Il y a un plan dans le documentaire de personnes pratiquant le Tai Chi en Chine. J’aime beaucoup ça : être dans le courant, là où l’eau choisit d’aller. Cet élément montre à la fois de la force et de la douceur, une bonne leçon de vie.

Êtes-vous optimiste face au changement climatique ?

Oui, je suis vraiment optimiste. L’histoire montre que nous pouvons nous adapter, et nous le ferons. Il y a des problèmes, mais nous ferons des efforts pour les surmonter. À long terme, je suis optimiste.

Note : Pour organiser des projections de Our Blue World dans votre pays, merci de contacter le site Brave Blue World.

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