Afrique : tester, isoler et combattre le virus COVID-19 dès sa phase initiale

Le meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui, avait prévenu mercredi soir le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. Pour lui, même si l’incidence de la maladie est encore faible, le continent africain devrait se « préparer au pire ».

« Lutter contre le COVID-19 nécessite beaucoup plus de moyens, donc il s’agit de combattre le virus à sa phase initiale », estime le Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur-adjoint de l’OMS en charge de la réponse aux urgences. « Aucun des pays africains n’a les capacités de répondre à la grosse épidémie de COVID-19, compte tenu de la nécessité d’avoir un nombre important de lits de réanimation et de systèmes d’oxygénation ».

A ce jour, l’Organisation mondiale de la Santé a enregistré 525 cas de coronavirus confirmés sur le continent africain, l’Afrique du Sud cumulant le plus grand nombre d’infections, suivi par l’Algérie et le Burkina Faso. Contrairement à de fausses informations qui ont pu circuler, l’OMS souligne que le virus peut se transmettre dans des climats chauds et humides.

Limiter les contacts, éviter les rassemblements de masse

Pour l’OMS, il est certain qu’en ce moment, tous les pays qui ont une maladie à l’intérieur de leurs frontières doivent examiner les mesures appropriées pour limiter les contacts entre les individus, en particulier « les grands rassemblements de masse qui ont le potentiel d’amplifier la maladie ».

L’agence onusienne avertit que de telles manifestations ont le potentiel d’amplifier et de propager la maladie, en particulier « les grands rassemblements de types religieux qui mettent en contact très étroit des personnes venant de très loin ».

Isoler, tester, traiter et tracer les contacts

Dans un entretien à la radio de l’ONU, le Dr Socé Fall explique qu’il faut pouvoir détecter les cas à temps, avoir un système de surveillance solide, pouvoir isoler les cas à temps et pouvoir suivre les contacts. Pour lui, l’expérience acquise par certains pays dans la lutte contre Ebola, notamment la République démocratique du Congo (RDC), peut aider à lutter contre la pandémie de COVID-19.

Les équipes d'intervention rapide se battent contre la propagation du COVID-19 en Afrique.
© OMS

Depuis la riposte contre Ebola, des centres de santé disséminés dans l’Est de la RDC ont pris l’habitude de faire remonter tous les cas suspects. L’OMS et ses partenaires ont également pu déployer douze laboratoires mobiles capables de faire des tests. « Une capacité maintenue et utilisable dans le cadre de COVID-19 », insiste Dr Socé Fall. La RDC et l’OMS tablent donc sur ces infrastructures et ce dispositif pour combattre le virus de COVID-19.

Renforcer les systèmes de santé

Depuis le début de l’épidémie, l’Organisation mondiale de la Santé soutient les gouvernements africains dans la détection précoce en fournissant des kits de test COVID-19 aux pays, en formant des techniciens de laboratoire et en renforçant la surveillance dans les communautés.

Quarante-cinq pays d’Afrique peuvent désormais effectuer des tests de dépistage de COVID-19. Au début de l’épidémie, seuls deux d’entre eux pouvaient le faire.

L’OMS apporte également un soutien à distance aux pays touchés pour l’utilisation des outils de données électroniques, afin que les autorités sanitaires nationales puissent mieux comprendre l’épidémie dans leur pays. Des équipements de protection individuelle ont été expédiés dans 24 pays, et un deuxième envoi est en préparation pour les pays où des cas ont été confirmés.

L’OMS a aidé les ministères de la santé à travers l’Afrique à renforcer leurs capacités de surveillance et de recherche des contacts en formant les agents de santé et le personnel des ministères aux meilleures pratiques, ainsi qu’en diffusant des outils de collecte de données, de notification et de diagnostic. Au 19 mars, l’OMS avait formé 36 pays sur les équipes d’intervention rapide et sur la recherche de contacts.

Solidarité avec les plus vulnérables

« Le monde doit continuer à apporter un soutien de base aux programmes destinés aux plus vulnérables, notamment par le biais de plans d’intervention humanitaire et d’aide aux réfugiés coordonnés par les Nations Unies. Les besoins humanitaires ne doivent pas être sacrifiés », a déclaré cette semaine, le Secrétaire général António Guterres, lors d’une conférence de presse, appelant à la solidarité et la coordination mondiale.

Alors que 140 pays sont touchés, certains d’entre eux « sont déjà en crise humanitaire en raison de conflits, de catastrophes naturelles et du changement climatique, et abritent des millions de personnes qui ont déjà besoin de notre aide d’urgence », a rappelé Jens Laerke, porte-parole de OCHA lors d’une conférence de presse à Genève.

« La priorité absolue d’OCHA est de continuer à fournir une aide vitale à ces personnes », a souligné M. Laerke. S’agissant du financement, « l’OMS a lancé un appel de 675 millions de dollars pour financer la réponse à la pandémie COVID-19 », a indiqué M. Laerke. L’ONU coordonne aussi un appel humanitaire mondial consolidé.

Le Fonds d’intervention d’urgence des Nations Unies a d’ores et déjà débloqué 15 millions de dollars pour aider à financer les efforts de l’OMS et de l’UNICEF visant à contenir le virus dans les pays vulnérables. D’autres fonds communs basés dans les pays ont également permis de renforcer la préparation immédiate en Afghanistan, au Soudan et en Jordanie.

Sources

ONU, OMS, OMS Afrique, lettre d’information hebdomadaire (UNRIC) en français

Audio

Interview du Dr Socé Fall Directeur-adjoint de l’OMS en charge de la réponse aux urgences sur l’expérience Ebola

Interview du Dr Socé Fall sur les transmissions communautaires en Afrique

Vidéo

Conférence de presse du Secrétaire général des Nations Unies sur le COVID-19

 

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