COVID-19 : la protection des plus pauvres n’est pas assurée

Alors que les gouvernements ont adopté plus de 1400 mesures de protection sociale depuis le début de la crise pandémique du COVID-19, ces mesures demeurent largement insuffisantes, et les impacts les plus importants sur la pauvreté sont encore à venir, estime l’ONU.

« Les filets sociaux mis en place présentent des failles importantes », estime l’expert indépendant de l’ONU sur l’extrême pauvreté Olivier De Schutter qui a dévoilé vendredi un nouveau rapport.

Il a appelé les chefs d’Etat et de gouvernements se réunissant au sein de l’Assemblée générale à New York à renforcer les mesures d’aides aux personnes en pauvreté.

« Les mesures prises jusqu’à présent sont généralement de court terme, leur financement est insuffisant, et de nombreux groupes de la population ne pourront en bénéficier ».

La plus grave récession économique depuis 1929

La récession économique résultant de la pandémie est sans précédent en temps de paix depuis la grande dépression de 1929 : 176 millions de personnes supplémentaires tomberont dans la pauvreté, en utilisant une mesure de 3,20 dollars US par jour. Ceci équivaut à une augmentation du taux de pauvreté de 3,2 pour cent en comparaison à un scénario sans pandémie.

Sur la base d’un examen de 113 pays, la Banque mondiale estime à 589 milliards de dollars US les montants engagés pour la protection sociale en réponse à la crise, l’équivalent de 0,4 pour cent du PIB mondial. L’expert de l’ONU sur la pauvreté note cependant que beaucoup de ces mesures pourraient ne pas bénéficier aux personnes en pauvreté. Celles-ci risquent d’être exclues des dispositifs de protection sociale censés les soutenir.

Le fossé numérique exclut les plus vulnérables

« Beaucoup de dispositifs reposent sur des formulaires à remplir en ligne, excluant les groupes de la population qui n’ont pas d’accès internet ou sont victimes d’analphabétisme numérique », écrit Olivier De Schutter.

« Certains dispositifs imposent des conditions impossibles ou difficiles à remplir pour des personnes dans des emplois précaires ou sans adresse permanente. Les migrants, surtout les migrants sans papiers, ne sont souvent pas couverts. Et alors que certains dispositifs ont été conçus pour couvrir aussi les travailleurs et travailleuses de l’économie informelle et dans des emplois précaires, beaucoup ne prennent pas en compte ces catégories. »

Il y a dans le monde 1,6 milliards de travailleurs et travailleurs dans l’économie informelle, et 0,4 milliards d’emplois précaires : au total, cela représente 61% de la main-d’oeuvre.

Les pires impacts sont à venir

De Schutter écrit que la plupart des programmes de soutien arrivent à leur terme, ou ne pourront être prolongés que selon des procédures parlementaires à l’issue incertaine. « Les familles en pauvreté ont depuis longtemps épuisé leurs maigres réserves, et ont vendu leurs actifs pour faire face », dit-il. « Les pires impacts de la crise sur la pauvreté sont encore à venir. »

Même lorsque les programmes de soutien sont encore en place, les montants alloués sont souvent nettement insuffisants pour garantir un niveau de vie décent.

L’expert indépendant a appelé les chefs d’Etat et de gouvernements à être au rendez-vous que l’histoire leur a fixé, en appelant à la mise sur pied partout de socles de protection sociale robustes fondés sur les droits humains, afin de les rendre plus efficaces dans la réduction de la pauvreté et des inégalités.

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