Gestes écolo : les Français se trompent-ils de cible ?

De nombreux Français essaient de contribuer à la lutte contre le changement climatique. Ils recyclent plus, réutilisent, achètent moins de produits emballés, prennent le vélo ou le bus plutôt que la voiture et pourtant négligent le « geste écolo » qui a le plus d’impact : diminuer sa consommation de viande.

Une récente étude de l’Ipsos parue à l’occasion de la Journée mondiale de la Terre révèle en effet que les Français sous-estiment largement l’impact de leurs actions sur l’environnement et notamment de leur consommation de viande.

Les Français semblent globalement reconnaître l’importance des efforts individuels pour lutter contre le changement climatique. Trois Français sur quatre pensent que leur implication est indispensable pour les générations futures. Cependant cette étude démontre que leurs efforts ne sont pas nécessairement bien dirigés.

Seuls 30% réduisent leur consommation de viande

Questionnés sur leurs potentielles actions à mener en 2021 pour lutter contre le réchauffement climatique, les Français placent en priorité :

  • l’achat de produits avec moins d’emballage (46%)
  • l’achat de produits de seconde main (41%)
  • le changement de leurs moyens de transport (33%)

Ils estiment par ailleurs que les 3 actions les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont :

  • le recyclage (70%)
  • le séchage à l’air libre des vêtements (40%)
  • l’utilisation d’ampoules à basse consommation (37%).

Ils sous-estiment en revanche l’impact de leur consommation de produits carnés et place la consommation de viande en dernière position des leviers pour limiter les gaz à effet de serre.

Seuls 30% des Français se disent prêts à consommer moins de viande et sont ainsi en avant dernière position juste devant la Russie sur 30 pays sondés*.

La production de viande : grande émettrice de gaz à effet de serre

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage de bétail dans le monde représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, soit 7,1 gigatonnes d’équivalent de dioxyde de carbone (CO2) par an.

Les plus grands contributeurs de cette pollution massive sont la production de viande bovine et de lait.

La production de bétail est une grande émettrice de gaz à effet de serre, depuis la production de l’alimentation du bétail, les rots et flatulences des ruminants, les déjections et la chaine de transformation de la viande, son conditionnement, son transport avec le maintien de la chaîne du froid.

Les émissions de gaz dues à l’élevage ne se limitent pas au CO2. L’élevage émet encore davantage de protoxyde d’azote (N2O) et de méthane (CH4), deux puissants gaz à effet de serre et représente une grande partie de leurs émissions mondiales : 53% pour le protoxyde d’azote et 44% pour le méthane. Ces derniers ont également un pouvoir réchauffant plus élevé que celui du CO2.

Pression sur les forêts et les ressources en eau

L’élevage constitue une des grandes causes de la déforestation mondiale. Selon la FAO, 83% de la surface agricole mondiale sert à l’élevage, que ce soit le pâturage du bétail ou la production de céréales pour les nourrir. Ainsi, le développement de l’élevage intensif et de ses terres agricoles induit une diminution conséquente des forêts.

La consommation de viande des populations européennes a une grande responsabilité dans la disparition des forêts tropicales. Avec la déforestation, la forêt amazonienne brésilienne a rejeté ces dix dernières années plus de carbone qu’elle n’en a absorbé, selon l’étude publiée dans Nature Climate Change fin mars.

L’élevage de bétail consomme une grande quantité d’eau, que ce soit pour la consommation des animaux, l’irrigation des cultures, la dépollution et le recyclage des effluents.

Ces élevages sont aussi à l’origine d’une importante pollution des eaux car ils rejettent antibiotiques, hormones, produits chimiques et pesticides utilisés pour les cultures fourragères dans les cours d’eau.

Consommer moins de viande : une solution

La réduction de la fréquence et de la quantité de la consommation de viande semble donc être la réponse à ces problématiques, d’autant plus que dans les pays riches, tels que la France, l’apport en protéines animales dépasse les recommandations nutritionnelles de l’Organisation mondiale pour la santé.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que manger moins de viande rouge et davantage d’aliments d’origine végétale permettrait de diminuer de plus de 15 % les émissions actuelles de CO2 d’ici 2050.

Une alimentation sans produits d’origine animale économise quatre fois plus de gaz à effet de serre que le recyclage.

 

*Argentine, Mexique, Chili, Afrique du Sud, Inde, Pérou, Malaisie, Colombie, Brésil, France, Pologne, Turquie, Corée du Sud, Arabie Saoudite, Chine, Grande-Bretagne, Australie, Hong Kong, Suisse, Italie, Espagne, Belgique, États-Unis, Hongrie, Canada, Suède, Pays-Bas, Allemagne, Japon et Russie.

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