Handicap : l’accès pour tous, le pari d’un Islandais

Lorsque Haraldur Thorleifsson, entrepreneur islandais de 45 ans en fauteuil roulant, s’est retrouvé un jour dans l’impossibilité d’accéder à un magasin alors que le reste de sa famille y entrait, il a eu un déclic. Après 20 ans dans un fauteuil roulant, il en eu assez d’être ainsi trop souvent isolé de sa famille.

Se trouvant dans une situation financière confortable après avoir vendu à Twitter sa société de conception de sites web Uneo inc., il a décidé de quitter San Francisco pour retourner dans son pays natal, l’Islande, et a décidé d’agir. 

A la sortie de ce fameux magasin, inaccessible pour lui, il a eu « l’idée des 100 rampes», a-t-il expliqué à UNRIC. « J’ai eu comme une illumination. J’ai raté de nombreuses expériences, comme des milliers de personnes dans ce pays et des millions dans le monde entier. Je trouvais idiot de ne pas pouvoir me joindre à ma famille et participer pleinement à la vie. »

Haraldur Thorleifsson a mobilisé le privé et le public pour permettre une meilleure accessibilité aux personnes en situation de handicapHaraldur Thorleifsson a alors investi un peu plus de 300 000 € et a réussi à convaincre la ville de Reykjavík de mettre la même somme dans ce projet. L’État ainsi que des entreprises privées se sont ensuite joints à eux.

Pour faciliter l’accès des fauteuils roulants aux magasins, marchands de journaux, cafés et restaurants, 100 rampes ont été installées, principalement dans le centre-ville de Reykjavík.

« 100 est un beau chiffre. Je sais que les Islandais aiment les actions avec des objectifs concrets », a-t-il ajouté.

En huit mois seulement, le projet «Ramp-up Reykjavík» a atteint son objectif de 100 rampes, quatre mois avant la date prévue. Le projet a été élargi à l’ensemble du pays avec un nouvel objectif de 1000 rampes.

Favoriser l’inclusion

En raison d’une atrophie musculaire génétique, Haraldur Thorleifsson est confronté depuis deux décennies aux difficultés d’accessibilité auxquelles sont soumises de nombreuses personnes en situation de handicap. Outre dans son pays d’origine, l’Islande, il en a fait l’expérience en Asie, ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud.

« L’accessibilité est très différente d’un pays à l’autre et d’une ville à l’autre. Il s’agit d’un choix. L’accessibilité est décidée par des personnes. Pour une raison que j’ignore, il a été décidé que l’Islande ne devait pas être un pays accessible ».

D’après Haraldur Thorleifsson, avant le lancement de son projet, environ un tiers des magasins du centre de Reykjavík avaient besoin d’une amélioration de leur accessibilité. À Reykjavík, qui compte 120 000 habitants, les 100 rampes font déjà la différence. 

« Je me rends compte qu’il y a beaucoup plus de personnes en fauteuil roulant à Laugavegur », a expliqué Haraldur Thorleifsson, prenant pour exemple l’une des principales rues piétonnes et commerçantes du centre-ville de Reykjavík. « Certaines m’ont confié que pour la première fois depuis des décennies, elles avaient pu se rendre en ville en fauteuil roulant ou qu’elles avaient pu tester des restaurants auparavant inaccessibles.»

Etendre à d’autres villes d’Europe

Haraldur Thorleifsson ne compte pas s’arrêter à 1100 rampes : « Nous sommes déjà en négociations avec d’autres villes d’Europe pour étendre le concept. »

Cette initiative répond à bon nombre des 17 Objectifs de développement durable (ODD). L’inclusion est au cœur de ces objectifs adoptés par les dirigeants mondiaux lors du sommet des Nations Unies en 2015. 

L’objectif n°4 appelle à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans une éducation équitable et de qualité. Il en va de même pour l’objectif n°8 sur la promotion d’une croissance économique inclusive et du plein emploi pour tous, sans oublier l’objectif n°11 sur les villes inclusives, sûres et durables. Le projet contribue aussi à l’objectif n°10 appelant à réduire les inégalités et à veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. 

« Je suis assez sensible à cette question et dès que j’en ai l’occasion, je veux aider les gens à avoir accès aux mêmes chances que tout le monde », a-t-il déclaré.

Né dans une famille de la classe ouvrière, il est conscient et reconnaissant des privilèges qu’il a eus, comme l’accès à une éducation de qualité, y compris l’université gratuite. Lorsqu’on l’interroge sur sa décision de s’installer en Islande et de payer un impôt sur le revenu relativement élevé sur les bénéfices de la vente de sa société, il répond que « quelqu’un doit bien payer pour financer de tels projets. »

« Je ne pense pas que la société puisse fonctionner si tout le monde ne peut pas participer à son bon fonctionnement. J’ai vécu aux États-Unis et les personnes atteintes de ma maladie ont du mal à évoluer dans la société », déclare Haraldur Thorleifsson.

Les réactions à son projet de rampe ont surpassé ses attentes. « Je n’en ai parlé qu’une fois sur Twitter», explique-t-il. « Peu de mes tweets attirent l’attention. Mais celui-là l’a fait. »

« Il me semble logique que tout le monde veuille contribuer à la société. Je trouve intéressant que cela ait autant attiré l’attention. D’une certaine manière, les réactions étaient plus remarquables que le projet en lui-même.»

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