L’ONU travaille à construire un « Internet de confiance »

Du 21 au 23 février, l’UNESCO a accueilli la conférence « Pour un Internet de confiance » (« Internet for Trust »). L’objectif est de discuter d’un ensemble de projets de lignes directrices mondiales pour réglementer les plateformes numériques, améliorer la fiabilité de l’information et protéger la liberté d’expression et les droits de l’homme.

Des solutions globales autour de la liberté d’expression 

Plus de 4000 participants représentant les gouvernements, les organismes de réglementation, les entreprises numériques, les universités ainsi que les journalistes et la société civile ont été invités à assister à la conférence au Siège de l’UNESCO à Paris.  

La conférence répond à un appel mondial à l’action lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, pour lutter contre la propagation de la désinformation et le déni des faits scientifiquement établis. 

La conférence est une occasion d’échange entre les différents acteurs au cours du processus consultatif. L’UNESCO finalisera et publiera les lignes directrices à la mi-2023. Les lignes directrices seront ensuite utilisées par les gouvernements, les organismes réglementaires et judiciaires, la société civile, les médias et les entreprises numériques elles-mêmes pour aider à améliorer la fiabilité de l’information en ligne tout en promouvant la liberté d’expression et les droits de l’homme. 

« Si le brouillage des frontières entre le vrai et le faux, le déni très organisé des faits scientifiques, l’amplification de la désinformation et des complotismes, ne sont pas nés sur les réseaux sociaux, ils s’y épanouissent bien mieux que la vérité en l’absence de régulation », a prévenu Audrey Azoulay dans son discours d’ouverture.

 « Nous ne pouvons pas permettre à Internet de se remplir de contenus préjudiciables. Nous avons besoin d’un internet de confiance », a-telle ajouté

Elle a également souligné que les initiatives réglementaires ne doivent pas être élaborées de manière isolée par un seul pays ou par une seule région. « La perturbation de l’information est un problème mondial. Nous devons penser à des solutions globales construites autour de la liberté de la presse et de la liberté d’expression. Sinon, nous laissons le champ libre à de dangereuses atteintes aux libertés ». 

Freiner la mésinformation et la désinformation sur internet 

Parmi les participants figurent la journaliste Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix ; la journaliste d’investigation Julia Angwin, lauréate du prix Pulitzer ; et Irene Khan, rapporteuse spéciale des Nations Unies pour la liberté d’opinion et d’expression. 

« Les mensonges se répandent plus vite que les faits. Pour une raison ou une autre, les faits sont vraiment ennuyeux. Les mensonges, surtout lorsqu’ils sont empreints de peur, de colère, de haine, de tribalisme – « nous » contre « eux » – se répandent. Ils mettent le feu aux poudres », a déclaré Maria Ressa,.

Elle a ensuite prévenu que, si nous continuons à tolérer les algorithmes des réseaux sociaux qui récompensent les mensonges, les générations futures hériteront d’un monde dans lequel la vérité aura été dangereusement dévaluée. « Sans faits, il n’y a pas de vérité, sans vérité, il n’y a pas de confiance, et nous n’avons pas de réalité partagée », a-t-elle averti.

Dans son discours liminaire, Maria Ressa a déclaré que les modèles commerciaux des plateformes de médias sociaux incitent au mensonge, en particulier lorsqu’ils sont teintés de haine. Elle a également proposé des solutions et de l’espoir : « L’inspiration se répand aussi vite que la colère ».  

La journaliste a souligné que la modération de contenu n’est que la dernière étape de la lutte contre la désinformation. 

« Lorsque nous nous concentrons uniquement sur la modération du contenu, c’est comme s’il y avait une rivière polluée et que nous prenions un verre, nous récupérons l’eau, nous nettoyons l’eau, puis nous la rejetons dans la rivière. Ce que nous devons faire, c’est aller jusqu’à l’usine qui pollue la rivière, la fermer, puis ressusciter la rivière. C’est le défi qui nous attend », a déclaré Maria Ressa. 

Melissa Fleming, cheffe de la communication de l'ONU à la conférence de l'UNESCO sur l'Internet de confiance

Code de conduite pour l’intégrité de l’information 

Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies pour la communication globale, a pris la parole lors du panel d’ouverture, aux côtés de Maria Ressa et Felipe Neto, médiateur et influenceur numérique du Brésil. 

« L’ONU s’est enfin vraiment éveillée au phénomène de la désinformation », a déclaré Melissa Fleming. 

L’ONU a récemment interrogé son propre personnel servant dans les missions de maintien de la paix de l’ONU à travers le monde, et 44% ont répondu que la mésinformation, la désinformation et les discours haineux sur les réseaux sociaux ont un impact sur leur capacité à mener à bien leur travail.  

« Les faits sont minés et la confiance du public n’est plus vraiment là. Il est donc beaucoup plus difficile pour l’ONU de rendre le monde meilleur », a déclaré la Secrétaire général adjointe de l’ONU.  

Melissa Fleming dirige actuellement le processus d’élaboration d’un « Code de conduite pour l’information sur les plateformes numériques », comme l’a demandé le Secrétaire général dans son rapport intitulé « Notre programme commun ».   

Le rapport a révélé que la désinformation nuit à notre écosystème de l’information de trois manières principales. Premièrement, elle sape la confiance dans les faits scientifiques, ce qui constitue en soi un risque massif pour la sécurité. Deuxièmement, la désinformation fausse le débat public, le privant souvent d’arguments fondés sur des preuves impartiales. Troisièmement, la sphère numérique est tellement polluée par la désinformation qu’il est devenu très difficile de trouver des informations de qualité. 

Le Code de conduite mondial vise à résoudre ces problèmes. Il se concentrera sur la sphère numérique, en particulier sur les réseaux sociaux et comprendra également une étude mondiale visant à déterminer dans quelle mesure les contenus en ligne causent des dommages dans la vie réelle et comment ils affectent le travail de l’ONU dans le monde. Le code de conduite vise à mettre en place de nouvelles lignes directrices et fournira une feuille de route pour les prochaines étapes. 

Combattre la désinformation 

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