Les Créatures de l’Arctique alertent sur la pollution des océans

Chaque été, trois amis se coupent de la vie urbaine et s’aventurent dans la nature islandaise où tout ce que les océans rejettent sur le rivage est transformé en art : plastique coloré, vieilles chaussures, bouteilles et filets de pêche.

Bien qu’ils ne soient ni des militants de l’environnement ni des activistes, qui aident à nettoyer les côtes des débris de plastique, les trois créateurs sont pleinement conscients de la situation inquiétante des océans.

Ils disent être inspirés par la puissance des forces naturelles : création, destruction et re-création.

Leurs différentes professions permettent différents scénarios : Óskar Jónasson est réalisateur, Hrafnkell Sigurðsson est un artiste et Stefán Jónsson est acteur et metteur en scène de théâtre. 

The Betrayal / Arctic Creatures

A l’origine, ils ont pris ces photos pour les montrer à leurs amis et leurs familles sur les réseaux sociaux mais elles sont désormais exposées à Reykjavik en Islande et publiées dans un livre intitulé Les Créatures de l’Arctique (The Arctic Creatures).

Cette exposition  se déroule au au moment où le Secrétaire général des Nations Unies a déclaré  « l’ urgence océanique », lors de la conférence des Nations Unies sur les océans à Lisbonne. 

Quand les trois amis partent en randonnée dans l’environnement pur de l’Islande, ils sont souvent confrontés aux contrastes entre la nature primaire et la pollution humaine.

« Parfois, lorsque nous faisons une longue randonnée loin de toute vie humaine, les choses bizarres que nous découvrons sur la plage nous semblent être des messages du monde civilisé », explique le réalisateur Óskar Jónasson. « Ces déchets peuvent être vieux puisqu’il a fallu beaucoup de temps au plastique pour atteindre cet endroit éloigné. Il arrive que nous les traitions comme des trésors inestimables. »

« Nous voulons attirer l’attention sur la pollution », déclare Stefán Jónsson. « Tous ces objets sont fabriqués par les humains, puis colorés et transformés par le courant des océans. De notre point de vue, il y a une certaine beauté à tout cela. Les idées émergent lorsque nous sommes en randonnée et en fonction de ce que l’on trouve. Puis nous les mettons, pour ainsi dire, en scène. »

Óskar Jónasson explique que leur expérience confirme que les rapports sur la quantité de plastique dans la mer ne sont pas alarmistes mais bien réalistes.  

« Sur les plages, on ne voit qu’une infime partie de ce qui se trouve dans la mer. Il y a tellement de choses qui flottent, parfois partiellement immergées, sans parler de ce qui se trouve au fond de l’océan. On ne peut s’empêcher de se demander : s’il y a des tonnes de déchets dans chaque fjord, combien y en a-t-il en dehors ? »

Pour une nation de pêcheurs, qui s’enorgueillit de ses pêcheries durables, il est difficile d’accepter la quantité de matériel de pêche, le plus souvent en plastique, qui s’échoue sur la côte.

Un simple coup d’œil à l’exposition Créatures de l’Arctique confirme que les filets et les cordes de pêche sont partout, de même que les casques, gants et  bottes. Une grande partie du million de bouteilles en plastique produites chaque minute dans le monde finit sa vie sur les plages des régions côtières isolées et peu peuplées de l’Islande.

3 amis décident d'utiliser les déchets retrouvés dans les océans pour en faire des oeuvres d'art
Endangered Species /Arctic Creatures

« Bien sûr, il est compréhensible que les filets et les matériels de pêche soient arrachés des navires en cas de très mauvais temps, mais là, c’est autre chose », déclare Óskar Jónasson. « On m’a dit récemment que l’équipage d’un chalutier islandais avait reçu l’ordre de ne pas jeter de déchets dans la mer à moins de quatre miles de la côte. On peut donc supposer qu’il est permis de le faire plus loin de la côte. »

Stefán Jónsson souligne qu’il vaut mieux se concentrer sur ce qui est visible plutôt que sur ce que l’on ne voit pas.

« La pollution plastique des océans est un fait et ce que nous pouvons voir et ramasser est peut-être un moindre mal que ce qui se décompose et est avalé par les poissons pour être finalement mangé par les humains. »

« Aussi triste que cela puisse être, nos voyages sont des moments où nous profitons de la compagnie des autres et où nous laissons libre cours à notre imagination, notre humour et notre créativité. Nous célébrons la création sous toutes ses formes. Et nous en faisons partie, aussi bien de la nature que de ce que l’humanité lui a fait subir, en ne gardant pas son sang-froid. Nous faisons partie de tout cela. »

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