Remarques du Secrétaire général à l’Assemblée générale sur le suivi de la réunion de haut niveau 2010 sur la Conférence du désarmement et les négociations multilatérales pour le désarmement

New York, le 27 juillet 2011

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée générale, Professeur Olga Pellicer, Présidente du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, Monsieur

[Kassym-Jomart] Tokayev, Secrétaire général de la Conférence du désarmement,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Nous nous retrouvons au beau milieu d’une crise de confiance grandissante.

Pendant trop longtemps le mécanisme multilatéral des Nations Unies pour le désarmement et plus particulièrement, la Conférence du désarmement, a failli.

En nous tournant vers l’avenir, nous devons faire face à deux questions cruciales :

Premièrement, que devons nous faire quand bien même l’unique instance multilatérale de négociation pour le désarmement au monde est incapable d’honorer son mandat ?

Deuxièmement, comment le monde peut-il reprendre le processus d’édification de normes de désarmement, d’application universelle ?

Ces questions m’ont conduit à convoquer la Réunion de haut niveau en septembre dernier, destinée à revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement et à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement. Les inquiétudes exprimées à cette réunion, associées aux nombreuses initiatives qui y ont été proposées, témoignent de l’importance que les Etats Membres attachent à ce problème. Je suis aussi reconnaissant au Président de l’Assemblée générale quant aux efforts personnels qu’il a mis en œuvre pour traiter de cette question.

Dans le résumé du Président pour la réunion, j’ai proposé quatre actions.

Premièrement, j’ai suggéré fortement que la Conférence ré-adopte son Programme de travail de 2009 ou une proposition similaire soumise pendant la session de 2010. Afin d’encourager des progrès, je me suis adressé à la Conférence en juin dernier, pour la troisième fois en tant que Secrétaire général. Jusqu’à présent, la Conférence a été incapable de réagir. J’espère une approche plus concrète des membres en attendant le statut final de la session 2011 de la Conférence.

Deuxièmement, j’ai proposé que l’Assemblée générale mette à l’ordre du jour de sa soixante-cinquième session un point pour le suivi de la Réunion de haut niveau. L’Assemblée a approuvé ma demande et a également ajouté le point à la

soixante-sixième session prochaine.

Troisièmement, j’ai demandé à mon Conseil consultatif sur les questions de désarmement de revoir les questions soulevées à la Réunion de haut niveau. Le Conseil a terminé son étude, mon rapport sur les travaux du Conseil est devant vous, et j’attends vos commentaires avec impatience.

Quatrièmement, j’ai indiqué que je présenterais un rapport sur la Réunion de haut niveau et son suivi l’année prochaine à la première session de Comité préparatoire pour la Conférence des Parties à la Conférence d’examen de 2015 du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Les Etats membres ont identifié plusieurs options pour revitaliser la Conférence du désarmement et faire progresser les négociations multilatérales sur le désarmement.

Une de ces options serait-elle le maintien du statu quo ? à savoir de continuer à chercher un consensus au sein de la Conférence sans changer fondamentalement ses compétences ou ses règles. De nombreux Etats, toutefois, sont de façon compréhensible opposés à suivre ce chemin, dans la mesure où des années sont passées sans résultats. Je suis parmi les nombreuses personnes de ceux qui ont prévenu que le statu quo rendrait la Conférence tout simplement dénuée d’importance et obsolète.

Un second ensemble d’options regroupe des propositions variées pour des réformes fondamentales dans le mécanisme du désarmement multilatéral. Certains ont le sentiment que cet aspect serait mieux être traité à une quatrième Session spéciale de l’Assemblée générale sur le désarmement. A ce stade, il n’y a toutefois aucun consensus entre les Etats membres sur la convocation d’une telle réunion.

Ceci nous laisse la troisième option : un changement mesuré. Cependant même ces propositions, aussi modestes qu’elles soient, ont rencontré des résistances. Différents Etats s’élèvent fermement pour ou contre un changement des règles de procédure de la Conférence. Les propositions pour des mécanismes ad hoc ont également trouvé des défenseurs et des détracteurs. Les priorités politiques des Etats différent beaucoup largement.

Et les Etats ne sont même pas d’accord sur le lieu où mettre en œuvre ces réformes.

Au sein de la Conférence du désarmement ?

Au sein de l’Assemblée générale et de sa Première Commission ?

Ou bien à l’extérieur des Nations Unies, au sein d’une conférence sur une question spécifique de désarmement, ou dans le cadre d’un forum ad-hoc organisé par des pays ayant les mêmes vues ?

En tant que Secrétaire général, je ne décèle aucune faille fondamentale dans le mécanisme de désarmement de l’ONU qui pourrait être blâmé pour cette impasse… certainement aucune qui ne puisse être surmontée par des changements des politiques des Etats. Le problème n’est pas une affaire de véhicule lui-même, mais de chauffeur. Ce dont nous avons besoin par-dessus tout est un alignement plus étroit entre les priorités politiques et les objectifs du désarmement multilatéral.

Si les différences persistent, nous pourrions envisager la nomination d’un groupe de haut niveau composé de personnalités éminentes, comme je l’ai suggéré. Alternativement, les Etats pourraient mener des négociations au sein d’un comité ad-hoc de l’Assemblée générale ou lors d’une conférence des Nations Unies.

Il n’y a pas de solution toute prête. Le chemin ne sera pas facile. Pour autant, nous ne devons jamais abandonner le multilatéralisme ou notre respect pour les normes universelles. Nous devons rester fidèles aux idéaux des Nations Unies. En traitant du désarmement, comme de toute autre question publique globale, notre but n’est pas de faire progresser les préférences de quelques uns, mais les intérêts communs de tous.

Si la Conférence du désarmement demeure dans l’impasse, il est de la responsabilité de l’Assemblée générale d’intervenir. Comme je l’ai dit avant, la Conférence ne doit pas être perpétuellement tenue en otage par un ou deux membres. Cette situation doit être traitée par des négociations.

Les enjeux sont bien trop élevés pour continuer à échouer. Le monde attend des progrès. Ne les remettons plus à plus tard. Mettons une fin à ce long cycle de stagnation.

Pour ma part, je ferai tout mon possible pour vous aider à atteindre nos objectifs communs.

Merci.

(Traduction non officielle)

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