Parler à quelqu’un dans sa langue maternelle, c’est le toucher au coeur

21 février 2016 – Le 21 février a été proclamé Journée internationale de la langue maternelle par l’UNESCO en 1999. C’est une journée qu’on célèbre depuis lors afin de promouvoir la diversité linguistique et culturelle ainsi que le multilinguisme. Ce n’est pas un hasard si cette date a été choisie : c’est un 21 février 1952 que des étudiants manifestant pour qu’on reconnaisse leur langue maternelle, le Bengali (une des deux langues parlées au Pakistan à l’époque) ont été abattus par la police à Dhaka, la capitale de l’actuel Bangladesh.

Cette année, la Journée internationale de la langue maternelle est étroitement liée à l’objectif de développement durable n° 4 (sur l’éducation) puisqu’elle a pour thème « Éducation de qualité, langue(s) d’enseignement et résultats de l’apprentissage ».

 » Dans le cadre d’une approche multilingue, les langues maternelles sont les composantes essentielles d’une éducation de qualité, laquelle est elle-même le fondement de l’autonomisation des individus et de leurs sociétés », Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO

L’UNESCO est en première ligne pour la défense des langues. En effet, on estime qu’une langue disparait toutes les deux semaines. En outre, si rien n’est fait, la moitié des quelques 6 000 langues parlées aujourd’hui pourraient disparaitre d’ici la fin du siècle. Avec la disparition de langues non écrites et non documentées, l’humanité perdrait non seulement une richesse culturelle, mais aussi d’importantes connaissances ancestrales, contenues en particulier dans les langues indigènes.

Quelques exemples de langues disparues :

  • Le same d’Akkala (Fédération de Russie), dont le dernier locuteur est décédé en 2003
  • L’aasax (Tanzanie) – éteint en 1976
  • L’oubykh (Turquie) – éteint en 1992
  • L’eyak (États-Unis, Alaska) – éteint en 2008

Pour éviter de laisser mourir une langue, l’UNESCO préconise des « politiques éducatives » (dont le Pays Basque est un très bon exemple!) mais estime qu’avant tout : « il faut que les gens soient fiers de parler leur langue ». Pour lutter contre la disparition des langues, l’UNESCO a lancé un programme des langues en danger. On y retrouve les langues qui sont menacées d’extinction, pays par pays. Et contrairement à ce qu’on aurait tendance à croire, les langues ne disparaissent pas qu’au sein de grands continents tels que l’Afrique ou l’Océanie. Dans la cartographie de l’UNESCO, on apprend que plusieurs langues sont également menacées… au Benelux !

Exemples de langues menacées au Benelux :

  • Belgique : Le Wallon y est répertorié comme une langue en situation critique
  • Pays-Bas : Le Frison occidental y est vulnérable
  • Luxembourg : Le Moselle Franconian y est vulnérable

Cependant, si des langues s’éteignent régulièrement, il est intéressant de noter que de nouvelles langues peuvent aussi bien apparaitre. Une langue nouvelle peut être le fruit d’un effort voulu (l’espéranto, par exemple) ou d’autres processus tels que la pidginisation (développement d’un parler simplifié et mixte servant à la communication entre deux groupes ou plus) ou encore la créolisation (développement d’une langue mélangée qui devient la langue maternelle d’un groupe). Des langues nouvelles émergent également sous la forme de dialectes d’une langue existante, dont elles se distinguent de plus en plus au fil du temps. Sans parler des nombreuses langues qui restent ignorées des chercheurs !

« Parler à quelqu’un dans une langue qu’il comprend, c’est toucher son cerveau, mais lui parler dans sa langue maternelle, c’est le toucher au cœur. »

Nelson Mandela

 


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