Vivre et consommer autrement : les éco-villages testent un mode de vie durable

Chaque année, si tout le monde vivait comme un Français, il faudrait les ressources renouvelables de trois planètes pour répondre à nos besoins. Un rythme effréné qui ne pourra pas durer.

Peut-on cependant continuer à vivre confortablement sans épuiser les ressources à notre disposition ? C’est la question à laquelle tentent de répondre Lionel Montoliu, Nelly Bonnefous et Monica Bassett avec un projet expérimental d’éco-villages et leur ONG 0.6 Planet.

Ce projet crée il y a deux ans à un but simple : prouver qu’un nouveau mode de vie, durable, compatible avec les limites planétaires est possible et enviable. Pour cela, ils ont ouvert leur premier éco-village à Champ Romain dans le Périgord en janvier.

Le concept des éco-villages remonte au Sommet de la Terre, organisé à Rio en 1992 par les Nations Unies. Des ONG ont alors proposé ce modèle d’habitat pour mettre en pratique un mode de vie qui respecte l’environnement et permet un épanouissement de l’humain.

En France, il existe aujourd’hui une trentaine d’éco-lieux où vivent quelques dizaines d’habitants, ils sont regroupés dans le réseaux français des Eco-villages, lui-même membre du Global Ecovillage Network qui rassemble quelques 250 organisations dans le monde entier.

Mais pour les fondateurs du projet 0.6 Planet, face à l’urgence climatique cela est loin d’être suffisant. Ainsi ils entendent augmenter considérablement le nombre de personnes habitant dans des éco-villages en montrant qu’on peut tout à fait vivre en réduisant son empreinte écologique à 0,6 planète par an, sans diminuer sa qualité de vie.

Nelly, Lionel et Monica ont des parcours très différents : Lionel est chercheur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, son épouse Monica est artiste peintre et Nelly vient du monde des médias. Mais ils ont tous les trois vite pris conscience de l’importance d’agir et de changer son mode de vie pour protéger notre planète.  Seulement, pour que ce changement soit significatif il faut qu’il implique une grande partie de la population mondiale. Ils entendent donc proposer, à travers cette expérimentation, un modèle d’habitation durable local qui pourra ensuite être transposé et adapté ailleurs dans le monde. Pour Nelly il s’agit simplement « d’apporter des solutions locales à un problème global ».

L’éco-village de Champ Romain regroupe actuellement 12 habitants sur un terrain de 50 hectares avec une forêt, un étang, un centre équestre et une maison commune. L’éco-village venant d’ouvrir, il reste encore beaucoup à faire et à construire. Le centre équestre sera transformé en un centre de formation à la permaculture, à l’écoconstruction, à l’aquaponie et au développement personnel. Le site abritera aussi un incubateur low tech qui produira, par exemple, des pompes à chaleur et des panneaux solaires. Un centre d’activité artisanale où l’on pourra notamment travailler le verre et la céramique sera également construit. Le village aura une véritable activité maraîchère et arboricole avec pas moins de 2000 arbres fruitiers qui seront plantés. Les habitants ont pour objectif de produire du miel, de l’huile de lin, de chanvre et de noix, de la farine de châtaigne, de sarrasin et du fromage dont les deux tiers seront destinés à la vente en circuit court. Le but est que l’éco-village fournisse entre 50 et 100 emplois directs.

Lionel espère bien « passer à 3 ou 5 éco-villages 0,6 Planet en France d’ici la fin de l’année 2021 ». Sur le moyen terme, l’objectif est que l’expérience compte à 20 villages en Europe tempérée, 15 villages en Europe du Nord et une dizaine dans le Maghreb d’ici 5 à 10 ans.

Cette expérience scientifique est aussi bien technologique, sociologique qu’économique. Les éco-villages seront de vrais « laboratoires vivants » regroupant entre 150 et 300 personnes, de tout horizon et de générations différentes. Le but est de montrer que chacun a quelque chose à apporter à la communauté et de « redonner un sens collectif à la vie, mais aussi de, réapprendre le respect des autres et la vie en communauté et d’améliorer la santé des habitants avec un mode de vie et d’alimentation plus sains ».

Les éco-villages seront aussi un moyen de redynamiser les villages et les campagnes en générant de l’emploi et l’activité économique avec des circuits courts, avec l’idée que cela pourra amorcer un exode urbain.  Les villages de l’expérience seront situés en milieu rural où le coût du foncier est plus faible. Pour l’instant cette expérience demeure autofinancée, mais l’ONG est en négociations avec plusieurs centres de recherches français et européens pour des financements.

Lionel explique avoir créé l’ONG 0.6 Planet pour aider les personnes souhaitant reprendre le modèle et créer leur propre éco-village, en agissant comme un label. Une charte est disponible ainsi que de nombreuses autres informations sur le site internet de l’ONG.

A l’heure où le Secrétaire général des Nations Unies Guterres appelle à « faire la paix avec la nature », trouver des manières de vivre plus durables apparait non seulement souhaitable mais indispensable.

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