Développement humain : un monde polarisé, inégalitaire et dangereux

Les pays riches atteignent un niveau record de développement humain alors que la moitié des pays les plus pauvres ont régressé. Une tendance dangereuse qui alimente la polarisation politique.

« Les progrès inégaux en matière de développement laissent de côté les plus pauvres, exacerbent les inégalités et alimentent la polarisation politique à l’échelle mondiale », estime le Programme des Nations Unies pour le développement, qui publie aujourd’hui le rapport sur le développement humain 2023-2024.

L’an dernier déjà le PNUD s’était alarmé que pour la première fois depuis 32 ans l’indice de développement humain (IDH) avait diminué mondialement pendant deux années consécutives. Neufs pays sur 10 étaient en recul.

Un recul irréversible du développement humain ?

L’indice de développement humain (IDH) prend en compte le revenu national brut par habitant, le niveau d’éducation et l’espérance de vie de la population d’un pays.

Après avoir fortement baissé en 2020 et 2021, suite à la pandémie de COVID-19, l’IDH devrait en effet atteindre des sommets record en 2023.

En 2023, les 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays les plus riches, ont tous enregistré un indice de développement humain (IDH) plus élevé qu’en 2019.

Parmi les 35 pays les moins avancés qui affichaient une baisse de l’IDH en 2020 et/ou 2021, plus de la moitié (18 pays) n’ont pas encore retrouvé leur niveau de développement humain de 2019.

L’IDH de l’Afghanistan a reculé de façon impressionnante pour se situer à son niveau d’il y a dix ans, tandis que celui de l’Ukraine a atteint son niveau le plus bas depuis 2004.

La progression de l’indice de développement humain semble plus faible dans l’ensemble des régions en développement ce qui laisse présager un recul irréversible des progrès en matière de développement humain.

« La tendance à la réduction constante des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres observée durant deux décennies s’est inversée », constate Achim Steiner, administrateur du PNUD.

Le repli identitaire et le populisme contre le développement

Alors que neuf personnes sur dix dans le monde adhèrent à la démocratie, plus de la moitié des personnes interrogées expriment leur soutien à des dirigeants susceptibles de l’ébranler en contournant les règles fondamentales du processus démocratique

La moitié des personnes interrogées dans le monde déclarent n’avoir aucun ou peu de contrôle sur leur vie, et plus des deux tiers estiment qu’elles n’ont que peu d’influence sur les décisions de leur gouvernement.

La polarisation politique, associée à un sentiment d’impuissance, alimente les tendances au repli identitaire, ce qui va à l’encontre de la coopération mondiale dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes urgents tels que la décarbonisation de nos économies, l’utilisation inappropriée des technologies numériques et les conflits. « Les approches protectionnistes ne peuvent pas répondre aux défis complexes et interconnectés auxquels nous sommes confrontés », écrit M. Steiner.

Le rapport du PNUD mentionne des études qui montrent que les pays ayant des gouvernements populistes affichent des taux de croissance du PIB plus faibles que les autres pays. Quinze ans après la prise de fonctions d’un tel gouvernement, le PIB par habitant est inférieur de 10 % à ce qu’il serait dans un scénario non-populiste.

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