Koenraad Vancraeynest

Koenraad Vancraeynest

Le Belge Koenraad Vancraeynest a travaillé pendant cinq ans pour l’ONU, d’abord comme VNU puis comme JEA avec UNICEF en Bolivie. Aujourd’hui, il est expert WaSH pour UNICEF en République démocratique du Congo, où il est responsable de la coordination nationale du programme École et Village Assainis.

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« L’ONU n’a jamais été une fin en soi »

Après ses études secondaires, Koenraad a décidé d’étudier la bio-ingénierie à l’Université catholique de Louvain (KUL), une orientation qui offre de nombreuses possibilités dans le domaine de la coopération au développement. Il s’est ensuite spécialisé dans la sylviculture, la gestion agricole et l’agriculture tropicale durant ses études de master. Après avoir été diplômé, il a opté pour une sixième et dernière année d’étude en suivant la formation CADES, un Master sur la culture et la coopération au développement organisé par la faculté d’anthropologie de la KUL. « Je voulais aussi mieux comprendre le côté social et anthropologique de la coopération au développement. »

Koenraad n’avait jamais imaginé que son parcours le mènerait à travailler pour les Nations Unies. « L’ONU n’a jamais été une fin en soi. Je voulais faire quelque chose dans la coopération au développement, mais pendant mes études, je ne savais pas encore si ça allait être possible plus tard. C’est par un concours de circonstance que je me suis retrouvé aux Nations Unies. » Koenraad est cependant satisfait de son choix d’études. « Ma formation d’ingénieur agricole est importante dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement, mais mes connaissances de base en sciences politico-sociales me sont aussi très utiles. À l’ONU, on travaille beaucoup en amont. Nous essayons d’influencer certaines politiques nationales et nous sommes souvent en contact avec les ministères et les autorités nationales. »

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« Un poste en tant que VNU est un tremplin idéal pour entrer dans l’organisation »

Pendant ses études, Koenraad avait décroché un job-étudiant chez VLIR-UOS, une organisation qui soutient les partenariats entre les universités flamandes et les pays du Sud pour trouver des solutions innovatrices aux défis mondiaux et locaux. « Je devais normalement n’y travailler qu’un mois. J’y suis finalement resté pendant six mois. Et par la suite, on m’a même proposé un contrat. » Il a donc pu débuter comme assistant junior à Esmeraldas, une ville équatorienne, dans le cadre du Programme Junior de la Coopération technique belge (CTB), l’agence belge pour la coopération au développement.

À la fin de son contrat avec la CTB, Koenraad a décidé de persévérer dans le domaine de la coopération internationale. Devenu Volontaire des Nations Unies (VNU), il est parti en Bolivie où il a été affecté à un projet d’eau potable et d’assainissement par Unicef. « En tant que VNU, vous avez naturellement moins de responsabilités au sein de l’organisation, mais vous avez quand même la chance d’observer comment se déroulent les choses et ce qu’Unicef fait sur le terrain. » Koenraad est convaincu que ce genre d’expérience a lancé sa carrière à l’ONU. « Un poste en tant que VNU est un tremplin idéal pour entrer dans l’organisation. J’encourage évidemment les jeunes à tenter d’obtenir une place comme Volontaire de l’ONU. » Après deux ans et demi, Koenraad est devenu Jeune Expert Associé (JEA) dans le même bureau en Bolivie qui l’avait auparavant engagé comme Volontaire. « Une fois que vous devenez JEA, vous acquérez un rôle plus formel au sein de l’organisation. On vous donne plus de responsabilités », explique-t-il.

Volontaires des Nations Unies

Avec le Programme des Jeunes Experts Associés (JEA), le programme des Volontaires des Nations Unies (VNU) est l’un des meilleurs moyens pour les jeunes professionnels d’entrer à l’ONU. Ce programme de volontariat existe depuis 1970 et est une initiative de l’Assemblée générale. Il est coordonné par le Programme de l’ONU pour le développement (PNUD) et porte sur des missions pour la paix et le développement grâce au travail des volontaires. Chaque année, près de 8000 volontaires sont actifs dans 130 pays différents, où ils effectuent toute une séries de tâches diverses et variées. Ils s’impliquent notamment dans l’organisation d’élections locales et nationales, ils s’engagent dans des missions de paix, ou encore dans toutes sortes de projets humanitaires.

VNU offre aux volontaires l’opportunité de participer à des initiatives de l’ONU soit dans leur pays d’origine (volontariat national) soit dans un pays étranger (volontariat international), tant en étant actif sur le terrain qu’en étant derrière un écran en tant qu’e-Volontaire. Les volontaires sont rémunérés de manière à pouvoir subvenir à leurs besoins. Pour pouvoir prétendre à un poste de VNU, vous devez être âgé d’au moins 25 ans. Mais les moins de 25 ans peuvent également participer au Programme des Jeunes Volontaires de l’ONU.

 

Après trois ans en tant que JEA, Koenraad a posé sa candidature au poste d’expert WaSH (eau, assainissement et hygiène) en République démocratique du Congo, où il est actuellement coordinateur national du programme Villages et Écoles Assainis, une initiative conjointe d’Unicef et des ministères congolais de la santé publique et de l’éducation pour améliorer la qualité de l’eau potable, des sanitaires et de l’hygiène dans les écoles en milieu rural. « Je suis quotidiennement en contact avec les ministères qui coordonnent le projet ainsi qu’avec les provinces dans lesquelles le projet est mis en œuvre. » Koenraad doit également beaucoup voyager dans le cadre du travail. « Je voyage environ une semaine par mois. Le plus souvent pour des missions de terrain en province, dans des milieux ruraux. » Puisque la R.D.Congo est un si grand pays, Koenraad voyage surtout à l’intérieur même du pays. « Je vais quand même une à deux fois par an dans un pays voisin où Unicef est actif pour promouvoir notre programme. »

« Chez Unicef, la norme est de changer de poste tous les quatre ou cinq ans »

En tout, Koenraad s’est construit une expérience de plus de six ans en travaillant pour Unicef. « Au fil du temps, je me suis spécialisé dans l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement et l’Unicef est une organisation qui a besoin de ce genre d’expertise. Ces thèmes sont en effet en relation avec les problèmes de mortalité infantile et de maladies chez les enfants. » Se voit-il un jour travailler pour une autre agence de l’ONU ? « Mon sentiment est que ce n’est pas si facile de changer d’agence au sein de l’ONU. Chaque agence possède ses propres caractéristiques et fonctionnement interne. » Mais ça ne signifie pas que la mobilité au sein même d’Unicef n’est pas encouragée. « Chez Unicef, la norme est de changer de poste tous les quatre à cinq ans. Du coup, je me vois tout-à-fait continuer à travailler pour cette agence dans un autre pays où les conditions sont différentes de celles que l’on peut trouver au Congo. Ce peut être un autre pays africain, mais l’Asie m’attire également beaucoup. »

Postuler à un poste au Siège de l’ONU n’est pas exclu, bien qu’il soit conscient que la manière de travailler doit y être très différente de celle des bureaux-pays. « Travailler au Siège peut être intéressant parce que vous pouvez offrir un soutien spécifique à vos collègues des bureaux-pays. Vous avez une bonne vue d’ensemble des différents programmes dans plusieurs pays, mais vous êtes évidemment aussi en recul par rapport à la réalité du terrain. » De fait, continuer à travailler pour l’ONU n’est pas essentiel pour Koenraad. « Je reste aussi ouvert à d’autres opportunités », explique-t-il.

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« Selon moi, l’ONU est surtout une organisation qui a une longue portée. C’est peut-être une notion souvent sous-estimée »

Après toutes ces années, Koenraad a une image claire de ce que ça représente de travailler à l’ONU. La lenteur de la bureaucratie a souvent été mentionnée, mais il relativise. « Je pense que c’est exagéré. Je ne nie pas le fait que la bureaucratie est un aspect très présent du travail à l’ONU, mais beaucoup d’autres organisations sont dans le même bateau. Selon moi, l’ONU est surtout une organisation qui a une longue portée. C’est peut-être une notion souvent sous-estimée. »

Pour les jeunes gens qui voudraient emprunter le même chemin, Koenraad a quelques bons conseils. « Être ouvert à d’autres cultures est essentiel. » De chacune de ses expériences, il a aussi retenu que la connaissance des langues est un atout indispensable. « Hormis ma langue maternelle (le néerlandais), je parle aussi l’anglais, le français, l’espagnol et le portugais. J’ai souvent remarqué qu’être polyglotte vous ouvre beaucoup de portes. » Enfin, la curiosité est, d’après Koenraad, une qualité cruciale pour une carrière professionnelle réussie. « Le plus important est que ce que vous choisissiez d’étudier vous intéresse. Par la suite, vous trouverez à coup sûr un job qui vous plaira. »