La recherche scientifique marquée par les inégalités

Quand le monde s’arrêtait devant la COVID-19, la science s’accélérait. La course pour la recherche scientifique ne s’est pas limitée aux vaccins. Les fonds en croissance traduisent l’espoir de sortir des crises mondiales par la science mais des inégalités entre les domaines, les pays ou les chercheurs eux-mêmes constituent autant d’obstacles à la recherche.

Entre 2014 et 2018, les dépenses allouées à la recherche et le nombre de scientifiques ont respectivement progressé de 19% et 13%. Ces chiffres cachent cependant d’importantes disparités entre les pays. Les États-Unis et la Chine concentrent près des deux tiers des investissements, quand en moyenne, quatre pays sur cinq investissent moins de 1% de leur richesse (PIB) dans la recherche. Le paysage des sciences reste un reflet des inégalités.

Réalisé tous les cinq ans, le Rapport de l’UNESCO sur la science intitulé « Course contre la montre pour un développement plus intelligent » dresse un bilan de la recherche scientifique globale. Sa dernière édition analyse les progrès dans la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies pour 2030 et de la quatrième révolution industrielle dans le contexte de la pandémie et des dernières innovations.

Inflation des recherches en intelligence artificielle

L’intelligence artificielle et la robotique constituent des domaines particulièrement dynamiques, avec près de 150 000 articles publiés sur ces sujets pour la seule année 2019. La recherche en intelligence artificielle (IA) et la robotique ont même progressé dans les pays à revenu moyen inférieur. Ces derniers ont contribué à un quart des publications dans ce domaine en 2019, soit le double qu’en 2015. Au cours des cinq dernières années, plus d’une trentaine de pays ont adopté des stratégies spécifiques, parmi lesquels la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Inde, Maurice ou encore le Viet Nam.

En revanche, des domaines décisifs pour l’avenir sont nettement moins investis. En 2019 par exemple, le captage et le stockage du carbone ne donnent lieu qu’à 2500 articles par an, 60 fois moins que sur l’intelligence artificielle.

Parmi les pays les plus spécialisés sur le sujet, cette thématique est en recul comme en Allemagne, au Canada, en France, en Norvège, aux Pays-Bas et y compris aux États-Unis, pays leader actuel de ce secteur. De même, la question énergétique reste trop peu explorée, ne représentant que 2,5% des publications mondiales en 2019.

Des limites persistantes à la coopération scientifique

Il est essentiel d’œuvrer pour que la science ait à sa disposition les outils dont elle a besoin. Comme le souligne la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, « une science mieux dotée est indispensable. La science doit être moins inégalitaire, plus coopérative et plus ouverte ». Les défis de notre époque, tels que le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la détérioration de l’état de l’océan ou les pandémies, sont planétaires. Il faut par conséquent mobiliser les scientifiques et les chercheurs du monde entier dans une coopération internationale, explique la directrice de l’UNESCO.

Bien que la coopération scientifique internationale ait progressé ces cinq dernières années, elle ne concerne toujours qu’une publication sur quatre. Malgré l’élan collectif motivé par la lutte contre la COVID-19, de nombreux obstacles continuent d’entraver la recherche dans une bonne partie du globe.

Plus de 70% des publications demeurent largement inaccessibles à la majorité des chercheurs. L’UNESCO encourage les efforts déployés, bien que toujours insuffisants, pour faire tomber des barrières qui sont à la fois sources d’inégalité et d’inefficacité. Un renouveau de la circulation et de la diffusion des connaissances scientifiques dans la société doit être mis en œuvre, insiste ce rapport.

Dans cet objectif, l’UNESCO prépare depuis 2019 un instrument mondial pour une science ouverte. S’il est adopté par la communauté internationale d’ici la fin d’année 2021, il permettra de développer un cadre de coopération claire entre chercheurs pour une science plus transparente, inclusive et efficace.

Toujours trop peu de femmes dans la recherche

L’UNESCO souligne l’importance de la diversité dans la science. Le rapport établit que seulement un tiers des chercheurs dans le monde sont des femmes. Si la parité est presque atteinte dans les sciences de la vie, elle ne l’est pas dans nombre de secteurs à l’importance grandissante. Par exemple, les femmes ne représentent que 22% des effectifs employés dans le domaine de l’intelligence artificielle. C’est un problème non seulement pour aujourd’hui mais aussi pour demain en privant la recherche de personnes talentueuses bloquées dans leurs carrières.

Les auteurs du rapport estiment qu’il s’agit là d’un enjeu essentiel pour redonner confiance en la science. Cette dernière doit réunir l’ensemble de l’humanité pour faire face aux défis globaux d’aujourd’hui et demain.

Derniers articles

France et Monaco

4,258FansJ'aime
5,379SuiveursSuivre

Belgique et Luxembourg

2,869FansJ'aime