Crise humanitaire au Yémen : une collecte de fonds « décevante »

La conférence de donateurs organisée le 1er mars par la Suède et la Suisse pour récolter des fonds pour le Yémen, la plus grande catastrophe humanitaire du monde, a été « décevante », a regretté le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

En effet, les promesses de dons ont été d’environ 1,7 milliards de dollars, moins que l’an dernier et un milliard de moins qu’en 2019.

« Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes yéménites ont désespérément besoin d’aide pour vivre. Couper l’aide est une condamnation à mort », a déclaré le chef de l’ONU.

Il a remercié « ceux qui se sont engagés généreusement » et demandé aux autres « de réfléchir à nouveau à ce qu’ils peuvent faire pour contribuer à éviter la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies ».

Selon le ministre suédois de la Coopération internationale au développement, Per Olsson Fridh, le Yémen est actuellement la plus grande catastrophe humanitaire au monde.

La situation au Yémen est une tornade de désastres humanitaires. Alors qu’une guerre civile fait rage depuis 2014, des pluies torrentielles, des inondations, la menace de criquets pèlerins, et des épidémies de choléra et de COVID-19 s’accumulent et ravagent le pays. L’insécurité alimentaire à grande échelle et la malnutrition aiguë touchent des millions de Yéménites, une situation aggravée par le manque de financement internationaux notamment pour le Programme alimentaire mondial.

Environ 82% de la population du Yémen, près de 30 millions de personnes, a besoin d’une aide humanitaire quand 19 millions de personnes sont victimes de la violence courante dans cette guerre sans fin. Seulement 10 millions de personnes bénéficient de l’aide humanitaire actuelle qui s’élève à plus de 3 milliards de dollars.

Lors de la réunion du 1er mars, les Etats Membres participants, et autres donateurs, étaient appellés à annoncer leurs contributions financières pour répondre aux besoins urgents du pays.

Photographe primé

Dans la perspective de l’événement, le photographe lauréat d’un prix  Giles Clarke s’est rendu au Yémen pour l’ONU. Voici une série de portraits de femmes, hommes et enfants qui témoignent de cette crise.

Hanan, 35 ans, mère de deux enfants. Déplacée par la guerre au Yémen.

Femme yéménite
©UNOCHA/Giles Clarke

« Quand les bombardements se sont approchés de notre maison à Hudaydah, nous avons fui en laissant tout derrière nous. La route vers Aden était dangereuse, avec des roquettes et des balles tirées sur les postes de contrôle. Je n’ai pas de travail, je demande de l’aide aux gens et de la nourriture pour mes enfants. Parfois nous recevons de la nourriture et parfois nous ne recevons rien. Ma sœur est morte dans l’attentat à la bombe à Hudaydah. Tout a changé dans ma vie ».

Hanan est divorcée et s’occupe de ses enfants, âgés de 13 et 7 ans.

Zahraa, 23 ans. Déplacée par la guerre au Yémen.

Femme yéménite avec un voile noire
©UNOCHA/Giles Clarke

« Je suis mariée et nous avons une fille. Elle s’appelle Amal et elle a 2 ans. Nous vivons avec ma mère, mes sœurs et mon frère. Mes parents sont divorcés. Ce qui me rend la plus heureuse, c’est quand nous nous asseyons tous ensemble pour discuter de nos projets. Ma sœur veut terminer ses études à l’université. Mon frère veut se marier. La stabilité me manque. J’espère que nous pourrons retourner dans notre ville natale ».

Yebrah, 50 ans, mère de dix enfants. Déplacée par la guerre au Yémen.

Femme yéménite
©UNOCHA/Giles Clarke

« J’avais 10 enfants, 2 sont morts. Mes enfants sont la chose la plus précieuse dans ma vie. La chose la plus difficile que j’ai vécue est la perte d’un de mes fils à cause d’une tumeur au cerveau ».

Taybah, 5 ans, déplacée par la guerre au Yémen.

Jeune fille yéménite
©UNOCHA/Giles Clarke

« Ce que je préfère, c’est jouer avec mes poupées. »

Kamal, 35 ans. Déplacé par la guerre au Yémen.

Homme yéménite
©UNOCHA/Giles Clarke

« La situation à Hudaydah était très compliquée. Nos logements ont été touchés, et les habitations ont été détruites par les bombardements. J’ai perdu mon père. Notre vie ici c’est un jour de travail et dix sans travail. Nous ne prenons que deux repas par jour. Si nous prenons le petit déjeuner et le déjeuner, alors nous ne mangeons pas pour le dîner. Mon fils a une maladie cardiaque. Le traitement dont il a besoin n’est pas disponible ici, je l’apporte de Hudaydah. S’il arrête le traitement pendant quelques jours, il est très fatigué. C’est un traitement à vie. La chose dont je suis le plus fier, c’est mon fils, il me permet de continuer à vivre. Mon fils, Rakan, et sa mère. Ma famille est la chose la plus importante. Et tout ce que je souhaite, c’est que mon fils guérisse ».

Fatima, 45 ans, mère de onze enfants. Déplacée par la guerre au Yémen.

Femme yéménite
©UNOCHA/Giles Clarke

« Les bombardements étaient tellement importants. Nous avons porté tout ce que nous pouvions et quitté la maison immédiatement. J’ai laissé mes papiers d’identité et tout ce qui était important derrière moi », dit Fatima. « Nous devons louer une chambre car nous ne pouvons pas vivre sous la tente à cause du vent et des fortes pluies. Parfois nous sommes trempés et c’est vraiment difficile ».

Fatima a 11 enfants. Elle a fui Hudaydah il y a trois ans à cause des frappes aériennes et des bombardements.

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