Ludo Bok

Ludo Bok

 

Ludo Bok travaille aux Nations Unies depuis 18 ans. Il est actuellement Chef d’équipe en charge des Objectifs de développement durable, spécialiste des politiques VIH, santé et développement auprès du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à New York. Le Néerlandais a auparavant travaillé au Zimbabwe, au Lesotho, au Vietnam et en Suisse.

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« A ce moment-là, j’ai vraiment senti que c’était ce que je voulais faire et que je voulais poursuivre dans ce domaine »

Depuis sa plus tendre enfance, Ludo est passionné par les autres cultures. «J’avais une petite amie et ses parents travaillaient en Afrique. Chaque fois que je voyais des images ou quand nous y allions, j’étais très intrigué ». Quand Ludo a commencé ses études, il ne savait pas encore dans quelle voie il se dirigerait. Il s’est essayé à plusieurs choses pour finalement suivre des études en développement. « A ce moment-là, j’ai vraiment senti que c’était ce que je voulais faire et que je voulais poursuivre dans ce domaine ». Il a ainsi terminé sa formation avec une thèse sur la problématique du sida en Afrique. Une fois diplômé, Ludo a cherché un emploi dans ce domaine. À cette époque, le Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas était recrutait de nouveaux candidats pour le programme Jeunes Experts Associés (JEA) à l’ONU. Ludo a participé à la procédure de sélection à l’âge de 25 ans et a ainsi commencé sa carrière à l’ONUSIDA au Zimbabwe.

Là-bas, son travail consistait principalement à coordonner les diverses agences des Nations Unies et d’optimiser leur coopération. « Quand j’ai commencé à travailler au Zimbabwe, il n’y avait pas encore de médicaments contre le sida. C’était donc une époque où le diagnostic du VIH équivalait plus ou moins à une condamnation à mort ». Dans les années 90, la situation au Zimbabwe était si dramatique qu’une loi indiquant que toute personne décédée devait être enterrée dans les 24 heures a été promulguée. Les morgues ne pouvaient en effet plus gérer l’afflux des décès. Pour chaque poste, deux ou trois personnes étaient formées parce que les gens pouvaient mourir à n’importe quel moment. Quand Ludo arrive au Vietnam 10 ans plus tard, la situation est bien différente et l’accent est davantage mis sur l’accès aux traitements et aux médicaments. Ludo avait alors dans ses fonctions comme tâche principale d’aider la société civile.

« J’estime que pour débuter c’est bien de travailler sur le terrain afin de mieux comprendre l’ONU, ce qu’elle peut réaliser et ne pas être englouti par sa bureaucratie »

Actuellement, Ludo travaille au Siège de l’ONU à New York, où il est Chef d’équipe, spécialiste des politiques VIH, santé et développement au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Après plusieurs années de travail sur le terrain, il s’occupe maintenant davantage de l’élaboration de politiques.

UN day 2007 | © Photo Ludo Bok

Ses tâches varient considérablement d’un jour à l’autre. « Lors d’une journée typique, j’assiste à de nombreuses réunions, j’écris des documents d’orientation ou de stratégies politiques, je rencontre des organisations de la société civile, etc. Chaque jour est différent, je ne m’ennuie jamais ». Dans le cadre de son travail, il est également souvent amené à voyager. « Je voyage surtout à Genève pour des réunions du Comité, mais avec mon nouveau poste, je suis responsable du soutien apporté aux pays pour qu’ils atteignent les objectifs des ODD liés au VIH et à la santé publique. J’espère donc retourner sur le terrain dans un avenir proche ».

Si ce travail sur le terrain lui manque parfois, il est également amené à New York à travailler avec des cultures différentes, pour son plus grand plaisir. « Je travaille toujours en étroite collaboration avec la société civile, c’est ce que j’aime le plus dans mon travail. Le domaine du VIH et des droits de l’homme m’amène régulièrement à travailler avec des groupes souvent exclus du progrès, comme les femmes et les filles, les minorités sexuelles, les travailleurs sexuels, les toxicomanes et les jeunes. Nous travaillons avec des groupes de toutes les régions et organisons des consultations pour voir ce que nous pouvons faire et comment nous pouvons aider ces personnes au maximum pour faire en sorte que leur parole occupe le devant de la scène et que ces pays atteignent leurs objectifs de développement ».

« Je suis heureux de pouvoir essayer de réellement changer quelque chose dans le monde, de l’améliorer »

Selon Ludo, quelques fausses idées sur l’Organisation des Nations Unies circulent. « Je pense que les gens voient parfois l’ONU comme un salon de thé. Au journal télévisé, on montre toujours l’Assemblée générale, mais jamais ce qui se passe sur le terrain, le travail qui a un impact réel ». Par exemple, Ludo a pu observer le progrès social dans le domaine de l’acceptation de la population LGBT au Vietnam. A son arrivée au Vietnam, seul un petit groupe informel était engagé pour la cause des homosexuels. Ludo et son équipe ont commencé à lancer des projets à petite échelle dans les villes et à établir des partenariats entre le gouvernement, le parti communiste et les homosexuels. Bon nombre de ces fonctionnaires n’avaient jamais étés en contact avec des homosexuels. A travers cette coopération directe, ils ont réalisé que la plupart de leurs préjugés sur les homosexuels étaient erronés. Cette ouverture des mentalités a permis d’obtenir plus de changements.

Ludo est très fier de la contribution qu’il a apportée à la mise en œuvre d’un réseau national de personnes vivant avec le VIH, chose qui auparavant aurait été impossible. Il a travaillé pendant un an avec 70 groupes au Vietnam pour réaliser ce projet. Celui-ci une fois terminé, de nombreuses personnes ont remercié Ludo, les larmes aux yeux, et lui ont dit ce que le réseau signifiait pour eux. « Ce sont ces moments que je retiens. On peut parfois penser que mon emploi c’est de la paperasserie, mais je peux réellement faire quelque chose pour les gens. Depuis, il règne plus un esprit d’engagement et de participation chez les personnes vivant avec le VIH. Ils ont maintenant leur place dans la société et peuvent véritablement s’organiser et être représentés ».

UNSG Ban Ki-moon at International AIDS Conference, Durban 2016 | © Photo Ludo Bok

« Je pense qu’un emploi à l’ONU est un travail comme un autre. Nos objectifs sont les mêmes que ceux d’autres organisations travaillant dans ce domaine, telles que les organisations non gouvernementales ou les ministères. C’est juste un autre emploi. Mais je suis heureux de pouvoir essayer de réellement changer quelque chose dans le monde, de l’améliorer ».

A l’instar de son ancienne supérieure Helen Clark (remplacée par Achim Steiner désigné chef du PNUD le 19 avril 2017), Ludo est très actif sur les réseaux sociaux. Il est ainsi le 9ème de l’UN Social 500, une liste qui reconnaît les efforts des travailleurs de l’ONU pour communiquer le message et les activités des Nations Unies sur les réseaux sociaux. Selon Ludo, les réseaux sociaux peuvent et doivent jouer un rôle dans le développement. « Les réseaux sociaux nous donnent l’opportunité d’entrer en contact direct avec plusieurs personnes. Je reçois par exemple beaucoup de messages directs sur Twitter. Via les conversations Twitter vous pouvez étendre votre réseau ou poser des questions et suivre ensuite par e-mail ».

HHD team | © Photo: Ludo Bok

« Essayez d’acquérir des expériences différentes, essayez de faire du réseautage, ouvrez-vous aux autres, n’ayez pas peur d’approcher des gens et si une opportunité s’offre à vous, saisissez-la ! »

Ludo Bok a tenu à adresser un message aux jeunes qui souhaitent rejoindre les Nations Unies : « La connaissance des langues est très importante à l’ONU, et si vous êtes encore en train d’étudier, faites le plus possible d’activités à côté de vos études. Voyagez si vous le pouvez, étudiez dans un autre pays si vous en avez l’opportunité, à travers le programme Erasmus par exemple. Je suis allé en Erasmus à Manchester et ça a été l’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé des études de développement. Essayez d’acquérir des expériences différentes, essayez de faire du réseautage, ouvrez-vous aux autres, n’ayez pas peur d’approcher des gens et si une opportunité s’offre à vous, saisissez-la. Ne réfléchissez pas trop longtemps, agissez. Ensuite, le reste suivra ».