COVID 19 : répétition générale des défis qui nous attendent (Guterres)

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres,à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies

La pandémie de COVID-19 a causé une crise sans précédent. Cette crise est cependant plus qu’un avertissement, « c’est une répétition générale pour tous les défis dont le monde sera le théâtre », a prévenu le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres à l’ouverture des débats de l’Assemblée générale de l’Organisation.

« Cette pandémie, c’est du jamais vu », a affirmé le chef de l’ONU. « Nous devons faire face à la fois à une crise sanitaire historique, à la plus grande calamité économique et aux pertes d’emplois les plus importantes que le monde ait connu depuis la Grande Dépression, ainsi qu’à de nouvelles menaces pesant sur les droits humains ».

« Mais c’est aussi le genre de crise que nous sommes condamnés à connaître de nouveau sous une forme ou une autre, encore et toujours. Plus qu’un avertissement, la Covid-19 est une répétition générale pour tous les défis dont le monde sera le théâtre », a-t-il déclaré.

Loin d’apporter des solutions, le populisme et le nationalisme « n’ont souvent fait qu’aggraver la situation de manière flagrante », a souligné le Secrétaire général.

100 jours pour un cessez-le-feu mondial

Aux premiers jours de la pandémie, M. Guterres avait appelé à un cessez-le-feu mondial, approuvé par 180 Etats Membres ainsi que par des chefs religieux, des partenaires régionaux, des réseaux de la société civile et d’autres.

Plusieurs Etats ou groupes armés ont entendu l’appel et s’y sont conformés. M. Guterres a noté entre autres un nouvel accord de paix conclu au Soudan entre le gouvernement et les mouvements armés ; en Afghanistan, après des années d’efforts, le lancement des négociations de paix intra-afghanes. En Syrie, le cessez-le-feu à Idlib est en grande partie respecté. En Libye, les hostilités sont retombées. En Ukraine, le régime de cessez-le-feu instauré récemment demeure en place. En République centrafricaine, l’accord de paix conclu l’année dernière a permis de réduire considérablement la violence. Et au Soudan du Sud, malgré une montée inquiétante de la violence intercommunautaire, le cessez-le-feu a été dans l’ensemble respecté.

« Aujourd’hui, j’engage la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que ce cessez-le-feu mondial devienne une réalité d’ici à la fin de l’année. Nous avons exactement 100 jours », a-t-il lancé mardi à l’adresse des chefs d’Etat et de gouvernement.

Contre le « vaccinationalisme »

Le Secrétaire général a plaidé pour que les traitements et les thérapies, soient considérés comme un bien public mondial. L’ONU appuie également les efforts engagés pour développer un vaccin du peuple, qui soit abordable et accessible partout.

Il a toutefois regretté que certains pays cherchent à conclure des marchés qui ne bénéficieraient qu’à leur propre population. « Le « vaccinationalisme » n’est pas qu’injuste, il est aussi voué à l’échec », a-t-il dit. « Car personne ne peut se sentir en sécurité si nous ne le sommes pas toutes et tous ».

Nouveau pacte social, Nouveau pacte mondial

L’ONU a demandé un plan de sauvetage massif représentant au moins 10% de l’économie mondiale.

« Nous devons veiller à ce que le monde en développement ne s’embourbe pas dans la ruine financière, l’escalade de la pauvreté et les crises de la dette. Pour éviter une spirale fatale, il faut une mobilisation collective », a dit le Secrétaire général.

Au-delà des mesures d’urgence, les efforts de relance d’aujourd’hui doivent jeter les bases d’un monde meilleur pour demain, a-t-il ajouté. « Cette relance est notre chance de réinventer les économies et les sociétés », a-t-il dit.

« Au niveau national, cela exige un Nouveau contrat social. Sur le plan international, un Nouveau pacte mondial », a souligné António Guterres.

Ce Nouveau contrat social doit permettre de bâtir des sociétés inclusives et durables, en plaçant les droits humains au cœur de tous les efforts. Cela signifie notamment l’égalité des droits et des chances pour les femmes et les filles.

Il doit également assurer la transition vers les énergies renouvelables et ainsi atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050.

Plus de coopération internationale

Enfin, le Secrétaire général a plaidé pour des institutions multilatérales modernisées qui représentent plus équitablement tous les peuples du monde.

« Nous n’avons pas besoin de nouvelles bureaucraties. Nous avons besoin d’un système multilatéral qui innove en permanence, qui bénéficie aux peuples et qui protège notre planète », a-t-il ajouté. « Pour venir à bout des fragilités et des problèmes actuels, il nous faut plus de coopération internationale, et non pas moins ; des institutions multilatérales renforcées, et non pas désertées ; une meilleure gouvernance mondiale, et non pas une mêlée chaotique ».

 

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