Paul Buades

Paul Buades

 

Après avoir travaillé au Siège de l’ONU à New York ainsi qu’au sein des opérations de maintien de la paix en Afrique, Paul Buades occupe désormais le poste de Directeur du Centre de Service Global des Nations Unies situé à Brindisi en Italie et Valencia en Espagne. Ces différentes expériences, uniques, à travers trois continents, lui permettent aujourd’hui de mieux appréhender les enjeux quotidiens, aussi bien au cours des réformes organisationnelles en cours au Centre de Service que lors de ses nombreux déplacements sur le terrain.

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C’est avec l’envie de construire des bâtiments et des ponts que Paul Buades commence des études d’Ingénieur Industriel en Construction à Mons. Après un premier emploi au sein de bureaux d’études qui ne correspondait pas à ses attentes, Paul s’est vite rendu compte qu’il devait se construire un avenir professionnel autre part. Avec un master en sciences de gestion en poche ainsi que son bagage mathématique et scientifique, Paul rejoint l’OTAN au Grand Quartier Général des Puissances Alliées en Europe (SHAPE) à Mons. A partir de là, sa carrière évolue en passant de gestionnaire de ressources à responsable du service d’achat.

En 2006, il quitte la Belgique et l’OTAN pour un nouveau chapitre : « Je suis arrivé au Siège de l’ONU à New York en tant que Directeur du Service d’Achat et avec la vision de vouloir améliorer ou renforcer les bonnes pratiques dans les services internationaux d’acquisition. Le service d’achat est responsable pour la politique et les opérations de toutes les missions de paix dans le monde ainsi que des représentations de l’ONU pour ce qui est de l’acquisition de biens et de services ».

Ces expériences le pousse à rejoindre le terrain en Afrique, où il intègre tour à tour les opérations de maintien de la paix en République démocratique du Congo et au Mali pendant 5 ans. Aux yeux de Paul, il s’agit d’une étape indispensable pour travailler à l’ONU : « C’est par le terrain que l’ONU remporte ses plus grands succès. C’est un passage obligatoire pour comprendre les solutions que l’ONU délivre aux populations locales ».

Après plus de dix années de travail au Siège de l’ONU et sur le terrain, Paul atterrit finalement à Brindisi (IT) dans sa fonction actuelle de Directeur du Centre de Service Global des Nations Unies (UNGSC). Le travail du Centre de Service offre un pont de capacité opérationnelle et d’expertise entre les aspects stratégique de New York et la mise en oeuvre tactique sur le terrain, ce que Paul décrit comme « les bras et les jambes de l’ONU, permettant à tout moment à nos collègues sur le terrain d’exécuter leurs mandats ».


« C’est par le terrain que l’ONU réalisera ses plus grands succès. C’est un passage obligatoire pour comprendre les solutions que l’ONU délivre aux populations locales. »

Il s’agit d’un travail qui se passe largement derrière les coulisses mais qui est d’une grande importance pour la réussite des missions de maintien de la paix. En apportant des services et solutions aux différents défis logistiques, informatique, de communication ainsi que du support à des programmes opérationnels, les centres de Brindisi et de Valencia soutiennent l’exécution des mandats de l’ONU dictés par le Conseil de Sécurité ou l’Assemblée Générale. Un exemple clé d’opération critique qui est rendu possible est l’organisation d’élections démocratiques. Paul souligne que ce genre de mission pour laquelle oeuvre l’ONU, possède une véritable « marque de fabrique » et demande un support logistique et de communication énorme : « Si on veut par exemple faire voter tous les citoyens de la RDC, il faut envoyer des urnes, du personnel et du matériel aux quatre coins du pays. Ce sont à chaque fois des opérations exigeantes et stressantes. »


« Il y a un vent de réforme qui souffle à l’ONU avec le nouveau Secrétaire général et son souhait de rendre l’Organisation plus efficace et orientée vers le terrain. Dès lors, il est nécessaire de revoir certaines procédures internes pour être à nouveau au plus près des missions politiques et de consolidation de la paix».

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En tant que Directeur du Centre, les journées de Paul sont actuellement remplies par des initiatives de réformes et des efforts de transformation de l’Organisation. C’est la vision du Secrétaire général qui souhaite une ONU renforcée et ancrée dans le 21ème siècle qui a donné un nouveau souffle au travail de Paul au sein de la base logistique établie il y a presque 15 ans: « Il y a un vent de réforme qui souffle à l’ONU avec le nouveau Secrétaire Général et son souhait de rendre l’Organisation plus opérationnelle. Il est nécessaire de revoir certaines procédures internes pour être à nouveau au plus près des missions politiques et de consolidation de la paix. »

Cependant, cette vague de changement n’est pas une transition facile pour tous car la transformation peut aussi avoir un impact négatif – financier ou professionnel – pour certains. « Chacun a ses propres filtres, sa propre culture, son passé et ses expériences. Cette dynamique du changement qui est en train de se dérouler n’est pas toujours comprise, elle n’est peut-être pas toujours acceptée. Il y a toujours une résistance au changement, c’est un phénomène humain. », déclare Paul.

Malgré que son lieu de travail soit localisé en Italie, Paul garde toujours le contact avec le terrain : « Toutes les missions de paix à travers le monde sont les clients du centre. Au cours d’une année, j’effectue 2 ou 3 déplacements, soit vers l’Afrique soit vers l’Asie. »

Ce sont surtout les succès sur le terrain qui apportent les vrais fruits du travail du Centre. Ainsi, c’est aussi en partie grâce à l’effort logistique fourni, que des missions de maintien de la paix ont pu se terminer ou s’alléger, notamment en Côte d’Ivoire, au Liberia et en Haïti.

De plus, le travail des équipes de Paul permet aussi une avancée sur le terrain, au sein même des communautés locales. Par exemple, une équipe qui travaille sur les Systèmes d’Informations Géospatiales (SIG) a développé des cartes permettant de refléter des informations intéressantes pour les populations locales, comme la géologie et l’emplacement de points d’eau. Ces avancées technologiques demandent beaucoup de travail et d’attention: « Derrière chaque nouvelle technologie, il y a des heures de travail prestées par nos équipes. Il est certain que ce travail offre des bénéfices aux missions de l’ONU, mais il contribue également à des progrès inimaginables pour les communautés locales. Nous avons besoin de points d’eau pour établir une présence de l’ONU dans un pays, mais on peut aussi en même temps fournir de l’eau pour la communauté locale. Les progrès qui ont été fait ces 3-4 dernières années en identifiant des points d’eau dans des pays tels que le Mali sont inimaginables».


« Derrière chaque nouvelle technologie, il y a des heures de travail prestées par nos équipes. Il est certain que ce travail offre des bénéfices aux missions de l’ONU, mais il contribue également à des progrès inimaginables pour les communautés locales. »

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Paul souligne l’importance d’une bonne base académique et de connaissance générale pour les jeunes à la recherche d’une carrière à l’ONU et insiste sur la nécessité d’un bagage éducatif aussi bien théorique que pratique. « Il faut savoir se connaître soi-même, connaitre son degré de disponibilité, d’engagement et de générosité avant d’envisager une carrière à l’ONU et être prêt à travailler dans des conditions extrêmement difficiles. », conclut-il en se souvenant de ses années d’expériences et de ses collègues restés aux Mali.

UNRIC BENELUX ([email protected]) – Septembre 2017 – Auteur : Zara Parian