Sans A_ : le média qui rend visibles les invisibles

Il a été cuisinier pour Gainsbourg, il a promené sa toque d’Abidjan à Djakarta en passant par Singapour ou Lausanne. Un jour de 1997, sa vie a basculé. Jusqu’à récemment, Serge, 56 ans, vivait sur un banc dans le 8ème arrondissement de Paris. Son histoire il l’a racontée à Sans A_, un média qui s’est donné pour mission de rendre visibles les invisibles et de leur venir en aide.

Serge est tout sauf un vantard et il aura fallu du temps à la journaliste Arièle Bonte qui raconte son histoire, « Serge et les mille et une cuisines », pour avoir ces détails sur la vie de cet homme qui a passé une dizaine d’année dans la rue. Tout a basculé en 1997, lorsque son épouse est décédée d’une tumeur au cerveau. Dévasté, il perd pied et finit par rentrer à Paris où malgré quelques petits boulots, il ne parvient pas à remonter à la surface.

Diabétique, atteint d’un cancer du pancréas, il a été hébergé provisoirement par une amie puis grâce à Sans A_ mais cherche une solution plus durable pour pouvoir se reposer et se soigner correctement. Il aimerait aussi qu’on l’aide à faire une rencontre, avec Virginie Despentes, autrice dont il a tant aimé les livres.

Comme lui, Elina, étudiante passées enfant par des familles d’accueil, Maria, 73 ans, expulsée de son logement, Robin, jardinier au dos cassé, ou Abdoulaye, exilé guinéen, tous en extrême précarité sont racontés dans Sans A_. A la fin de chaque article, un appel à aider et la possibilité d’écrire à chacun de ces invisibles rendus visibles par des journalistes et photographes engagés.

Créé en 2013 par Martin Besson et devenu une agence de communication et un média en 2017, Sans A_ regroupe une « communauté » d’environ 100 000 personnes, autant d’anonymes qui lisent, partagent ces tranches de vie et participent à des projets individualisés.

Un jour on rate une marche et on se retrouve exclu

« Je suis issu d’une famille plutôt aisée. Mon problème c’était l’école. Je n’étais pas bon élève, je me suis retrouvé vite hors du système scolaire. « J’ai compris rapidement qu’il suffisait d’un rien, on loupe une marche et hop, on est exclu ». « Je fréquentais peu les jeunes de mon âge, je préférais la compagnie des sans-abris, je rêvais d’être journalistes alors j’ai commencé à écrire leurs histoires. Mais je n’étais pas très doué. Maintenant je travaille avec des professionnels qui font ça très bien », raconte Martin, qui a fondé Sans A_ quand il avait 18 ans.

Grâce à des campagnes de collecte de fonds sur internet (Crowdfunding), il a pu commencer à changer la vie d’une puis de plusieurs personnes sans A_, « Sans A_, c’est sans abri, mais aussi sans amitié, sans avenir, sans amour », poursuit Martin ». Depuis 2016, Sans A_ a grandi et emploie une demi-douzaine de personnes et rémunère les journalistes et photographes qui travaillent pour le média. « Tout l’argent que nous gagnons en faisant des campagnes pour le secteur privé est réinvesti dans Sans-A_ ».

Un don personnalisé

« Quand vous donnez de l’argent pour une personne identifiée par Sans A_, vous savez exactement pour qui vous donnez et à quoi cette somme est employée. Vous pouvez lui écrire et recevoir des nouvelles », explique Martin. « Vous pouvez réaliser un rêve, comme pour Serge qui en plus de rencontrer Virginie Despentes voudrait aller nager dans la piscine Molitor, ou même changer une vie ».

Chaque année, le 20 décembre, est célébrée la Journée mondiale de la solidarité humaine qui a notamment pour objectif de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité et encourager de nouvelles initiatives pour lutter contre la pauvreté.

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