Seppe Verbist

Seppe Verbist

 

De 2013 à 2016, Seppe a occupé la fonction de Jeune volontaire des Nations Unies (VNU) pour l’UNICEF tout en travaillant comme consultant pour le Ministère de l’Éducation au Pérou. Après trois années passées à Lima, il réside aujourd’hui à Nairobi où il lance le projet social appelé Fútbol Más. Toute sa carrière est marquée par sa passion pour le sport qui est concrètement mise en pratique dans son travail pour Sport for Development (S4D), une manière d’enseigner d’importantes leçons de vie aux jeunes à travers le sport et le jeu.

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« J’ai toujours joué au football et j’ai toujours été intéressé par l’apprentissage énorme qu’offrent le sport et le jeu »

La transition entre son parcours universitaire et sa carrière s’est faite à travers sa passion pour le sport. « J’ai étudié la communication et le journalisme, mais je ne travaille pas dans ces domaines en ce moment. Je suis chargé de programmation pour Sport for Development (S4D). Vu mon intérêt pour le sport, je trouve ce genre d’initiatives extrêmement intéressantes. J’ai toujours joué au football et j’ai toujours été intéressé par l’apprentissage énorme qu’offrent le sport et le jeu. On se fait de nombreux amis et on noue le dialogue avec des personnes complètement différentes de nous. Ça a toujours été ma passion. » Le point de départ de cette aventure est sans doute sa thèse de fin d’études. « En tant que journaliste en herbe, j’ai fait des recherches sur le rôle des clubs de football belges dans la société. En quelques sorte, j’ai toujours suivi la voie du sport. La collaboration au développement n’est pas si différente de cela après tout. » Après ses études, Seppe a fait partie de l’équipe de Greenpeace Belgique pendant quelques temps. « Dans le cadre de la conférence sur le climat de 2009 à Copenhague, je me suis occupé de la coordination et la promotion du clip vidéo « Dance for the Climate ». Ensuite, Seppe a intégré l’équipe du bureau Benelux d’UNRIC à Bruxelles en tant que stagiaire. « Ce stage s’articulait plus autour d’un travail de communication pur. » Après cette première expérience à l’ONU, il est devenu Assistant junior pour la CTB en Équateur.

« On utilise le sport comme une métaphore pour la vie »

En 2013, Seppe s’est retrouvé dans la capitale péruvienne, Lima, pour travailler en tant que Jeune volontaire des Nation Unies pour l’UNICEF. À l’intérieur du Groupe de la protection de l’enfance, il était consultant pour le projet Sport for Development. « J’étais responsable de la stratégie qui s’appelle Sport for Development. Cette initiative offre la possibilité de réfléchir sur l’influence du sport et du jeu sur l’éducation et le développement des compétences des enfants et des jeunes. Un programme social du gouvernement a utilisé cette méthode afin de ramener les enfants chez eux et sur les bancs de l’école. Comment peut-on attirer l’attention des jeunes à travers quelque chose de chouette et drôle comme le sport ? Il faut développer des activités sportives ou des jeux de telle façon que les enfants soient en équipe par exemple. Ils devront également montrer de l’empathie, communiquer de manière appropriée ou encore prendre des responsabilités dans le jeu. Des confits peuvent également se produire dans le jeu, ce qui permet aux enfants d’en discuter et d’essayer les résoudre. »

La conscientisation du jeu et du sport permet aux participants d’apprendre des leçons de vie et des compétences. « On utilise le sport comme une métaphore pour la vie. Chaque jeu présente une situation qui vous projette dans la vraie vie. » En outre, S4D permet aux enfants d’occuper leur temps intelligemment. « Vous inculquez des habitudes saines dans la vie de l’enfant. Les enfants bougent et sont actifs au lieu de rester à l’intérieur, voler ou prendre de la drogue. » Il s’agit également d’une autre forme d’enseignement. « L’enfant apprend également des choses intéressantes. On n’apprend pas uniquement dans les salles de classe où l’enfant écoute une personne qui lui est supérieure. S4D propose un processus autonome d’enseignement, une sorte d’alternative où les enfants apprennent de leurs expériences.

Son poste en tant que Jeune volontaire était une expérience enrichissante. « Une journée type commence, par exemple, par une réunion avec le ministère, un donneur potentiel ou une association. À côté de cela, la lecture de documents fait partie du quotidien pour traduire les décisions et accords globaux en programmes adaptés à la réalité locale. J’étais également en charge du suivi de plusieurs programmes sociaux du gouvernement afin de définir les opportunités et les problèmes liés aux droits des enfants. » Voyager n’était pas vraiment dans la description du poste, même si Seppe s’est rendu quelques fois à l’étranger pour des conférences. « Tout se passe dans la capitale. Nous travaillons également de manière décentralisée, mais j’étais principalement actif au bureau central à Lima. Je suis allé deux fois au Brésil pour des conférences dans le cadre du projet Sport for Development. Je me suis également déplacé au Japon pour le Sommet sur la réduction des risques en cas de catastrophe, et j’ai participé à une conférence à Philadelphie pour S4D. »

« Je pense que le choc culturel va certainement se produire au moment où je rentrerai en Belgique »

Seppe aimait vivre au Pérou. « Lima ressemble à toutes les autres grandes villes d’Amérique du sud, une ville pleine d’inégalités. Certaines personnes vivent à 30 minutes de chez moi et n’ont pas l’eau courante. Si vous avez la chance d’avoir un salaire, la vie à Lima est agréable. Ce n’est pourtant pas comparable avec l’Europe. » Travailler ici est aussi très chouette. « Il faut s’adapter un petit peu tous les jours, car c’est un autre mode de fonctionnement. Tout est moins formel. Les échéances et les horaires ne sont pas toujours respectés à la lettre. Je pense que le choc culturel va certainement se produire au moment où je rentrerai en Belgique. »

Au Pérou, Seppe s’est remis à l’espagnol. « J’avais déjà appris un peu l’espagnol lorsque je suis parti en Erasmus à Séville. Toutefois, ils parlent avec un accent très particulier, ce qui ne rendait pas les choses faciles. J’ai principalement appris ce que je sais à Quito. J’y ai vécu environ deux ans et demi (pour le programme de la CTB n.d.l.r.), et là-bas, les gens s’expriment dans un espagnol relativement clair et compréhensible. Je n’ai jamais pris des cours d’espagnol, j’ai appris sur le tas. Au départ, c’était assez difficile, mais j’ai vite progressé car tout se passait en espagnol. Je n’avais pas le choix. C’est la meilleure façon d’apprendre. »

« Nous nous assurons que les enfants soient bien encadrés »

Son expérience pour UNICEF a offert à Seppe une fenêtre unique sur les spécificités de l’Organisation. « Il est important de savoir qu’UNICEF travaille sur la base de contributions volontaires des États membres. UNICEF est un fonds et récolte donc souvent de l’argent afin d’assurer son existence. » Seppe s’est rendu compte qu’UNICEF ne travaille pas quotidiennement avec ses publics cibles. « UNICEF est une organisation intergouvernementale. Son rôle est de soutenir les autorités dans la protection des droits de l’enfant. Le personnel d’UNICEF se penche sur ce thème et non sur des projets et programmes concrets. Nous ne travaillons jamais directement avec les enfants. L’important est de s’assurer que les enfants soient bien encadrés. Dans la pratique, nous n’intervenons pas directement. » C’est en tous les cas le mode de fonctionnement au Pérou. Selon Seppe, c’est différent en Afrique et dans certains pays d’Asie. « Dans ces pays, UNICEF est également impliqué dans les projets eux-mêmes. En Amérique latine, par contre, cela dépend de l’organisation du gouvernement. » Au Pérou, il s’agit plutôt du rôle des autorités dans l’implémentation des décisions. « Nous participons à la formation des personnes qui s’occupent des enfants. Nous allons parfois rendre visite sur le lieu des projets, nous en surveillons l’évolution et nous donnons des conseils sur la manière dont ils peuvent être modifiés. Nous réfléchissons également au sujet du programme : comment les autorités peuvent-elles contribuer à réintégrer les jeunes dans la société ? »

Photo 1: ©Seppe Verbist

« Je trouve fantastique d’avoir le sentiment de faire la différence pour tous les enfants au Pérou »

Seppe retire énormément de satisfaction de son travail chez UNICEF. « UNICEF est un endroit très intéressant pour travailler autour du thème des droits des enfants. Vous apprenez beaucoup et collaborez avec des personnes enrichissantes. En outre, vous avez accès à énormément de connaissances, expériences et documentations. Sur le plan professionnel, je trouve agréable d’avoir le sentiment de faire la différence pour tous les enfants au Pérou. Si vous parvenez à influencer les politiques, alors vous influencez la vie de tous les enfants. » Il considère ainsi UNICEF comme un acteur essentiel. « Je pense que l’impact de l’ONU est souvent sous-estimé. Si UNICEF au Pérou choisit une direction d’action, ce choix a de la valeur. Il est essentiel d’être diplomate et de bien choisir chacun de ses mots pour communiquer, car de nombreuses personnes utilisent UNICEF comme référence. En même temps, il arrive que le travail de l’ONU soit surestimé. En effet, ce sont les autorités qui décident de ce qu’elles mettent en place. Les agences des Nations Unies en Amérique latine ne sont pas très grandes. »

Photo 2: © Seppe Verbist

« Très souvent, la seule manière d’arriver quelque part est d’être diplomate »

« Les moments qui m’ont marqué le plus sont sans aucun doute les visites sur le terrain. C’est extrêmement agréable de mettre les méthodologies de S4D en pratique et de voir que, dans les faits, les enfants commencent réellement à mieux se comporter dans le jeu. Les enfants découvrent à travers le jeu qu’il existe certaines formes de violence dans leur communauté. Ils essayent alors de proposer différentes solutions, ce qui est magnifique à voir. Ce sont les moments les plus inoubliables. »

Toutefois, il y a parfois eu des moments frustrants. « Les jeux de pouvoir étaient difficiles à mettre en place. Malheureusement, il arrive que le but ultime, à savoir la protection des enfants et de leurs droits, ne soit pas au centre des préoccupations. Ce genre de situations empêchent les avancées positives. C’est vraiment ce qui me frustre le plus. » Le message de Seppe est de garder la tête froide. « On apprend rapidement les conflits qu’il est possible de gagner et ceux qui sont perdus d’avance. Parfois, je ne pouvais rien faire en raison de ma position. Je devais alors rechercher des alternatives et des stratégies afin de résoudre le problème le mieux possible. J’ai également appris à être diplomate chez UNICEF. La manière dont vous posez une question, le genre que vous utilisez pour parler aux gens, comment vous présentez les choses. Très souvent, la seule manière d’arriver quelque part est d’être diplomate. »

« Continuez à suivre vos passions sans quoi vous ne serez jamais comblé professionnellement »

Après son expérience au Pérou, il a tout d’abord été engagé comme consultant pour UNICEF. Par la suite, il a collaboré avec le Ministère péruvien de l’Éducation. Seppe ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Toutefois, il se voit bien revenir travailler pour UNICEF.

Récemment, Seppe s’est lancé dans un nouveau défi sur un autre continent, à Nairobi au Kenya. « Je vais lancer un programme social chilien appelé Fútbol Más. Notre objectif est de créer un environnement sécurisé pour les enfants en jouant au football sur les places de leurs bidonvilles. En nous basant sur notre propre programme, nous enseignons à travers ce jeu de ballon et non à travers les livres. Nous sommes déjà actifs dans cinq pays.