Le 17 mars 1943, Simon Gronowski a 11 ans lorsqu’il est arrêté par la Gestapo à Bruxelles, en Belgique, avec sa mère, Chana et sa sœur, Ita. Il sera le seul survivant de sa famille. Aujourd’hui il témoigne de ces années d’horreur et joue de la musique pour rompre l’isolement.
Alors qu’il Ă©tait dans un convoi vers les camps de la mort, « par miracle, j’ai sautĂ© du train et je me suis Ă©vadĂ© », raconte Simon Gronowski. Sa mère et sa sĹ“ur sont mortes Ă Auschwitz et son père, Leon, dĂ©vastĂ© par leurs disparitions, est dĂ©cĂ©dĂ© quelques mois après la fin de la guerre.
Aujourd’hui, près de 80 ans après son Ă©vasion, M. Gronowski, âgĂ© de 89 ans, est docteur en droit, a deux enfants et quatre petits-enfants. Il est Ă©galement pianiste de jazz.
A l’occasion de la JournĂ©e internationale du jazz, M. Gronowski, qui a commencĂ© Ă jouer du jazz en mĂ©moire de sa sĹ“ur pianiste, explique comment « la vie est impossible sans musique ».
La musique rassemble
« Le jazz pour moi après la guerre Ă©tait vraiment un facteur d’équilibre et d’intĂ©gration dans la sociĂ©tĂ©. La musique rapproche les gens et leur apporte un peu de bonheur », a-t-il racontĂ© lors d’un entretien avec UNRIC.
Pendant la pandémie de la COVID-19 et le premier confinement en Belgique, Simon Gronowski a joué, à sa fenêtre, « pour donner du courage aux gens ». Il a commencé par le classique de jazz « On The Sunny Side Of The Street », sur son piano électrique pour les voisins et les passants.
« Je lève les yeux, et je vois plein de monde devant ma maison et des gens qui applaudissent », raconte Simon Gronowski, qui joue de la musique Ă l’oreille et s’inspire d’artistes de jazz tels que Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et Billie Holiday.
« Je sens bien quand je joue que j’apporte un peu de bonheur autour de moi. »
La paix par la justice
Pour marquer le 75e anniversaire de la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye, aux Pays-Bas, le 18 avril 2021, Simon Gronowski a été invité à participer à un événement musical virtuel qui rendait hommage au travail de la Cour. La cérémonie était une première virtuelle de l’œuvre « Hymne des Nations », écrite en 1913 par le compositeur juif néerlandais Charles Grelinger (1873-1942), décédé pendant sa déportation vers Auschwitz.
A l’exception d’un spectacle unique jouĂ© sur le carillon de l’hĂ´tel de ville de La Haye, le morceau n’avait jamais Ă©tĂ© jouĂ© auparavant.
En tant qu’avocat et survivant de l’Holocauste, participer Ă la cĂ©rĂ©monie a Ă©tĂ© « un grand honneur » pour M. Gronowski, qui salue le travail important de la CIJ.
« La Cour internationale de Justice est importante pas seulement pour moi, mais pour toute l’humanité, parce que c’est une lutte contre la barbarie, le fascisme, le racisme, et l’antisémitisme dont j’ai été victime. Grâce à la Cour on peut espérer que les conflits entre les Etats ne se règlent pas par la guerre, mais par le droit. »
Un message d’espoir
Pendant près de 60 ans, Simon Gronowski n’a pratiquement jamais parlĂ© de son incroyable rĂ©cit. Aujourd’hui, il a Ă©crit des livres et son histoire a mĂŞme inspirĂ© le compositeur Howard Moody qui en a fait l’opĂ©ra « Push ». Il continue dĂ©sormais de partager très largement son histoire, notamment dans les Ă©coles, afin d’apporter un message d’espoir Ă la prochaine gĂ©nĂ©ration.
« Pour défendre notre liberté d’aujourd’hui et notre démocratie d’aujourd’hui il faut connaître les malheurs d’hier. La vie est belle, mais c’est un combat permanent. Je dis aux jeunes de ne jamais oublier, vive la paix et l’amitié entre les hommes. »