UNRWA : les faits contre la désinformation

Face à des pratiques de désinformation qui se sont aggravées depuis octobre 2023, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) répond aux affirmations lancées à son encontre, dans un document publié le 29 février en anglais, dont nous présentons ici des extraits traduits.

Ce document expose les positions de l’UNRWA – basées sur des faits objectifs, des données vérifiables et des informations précises – sur certaines des allégations les plus fréquentes portées à son encontre. Ces affirmations sont diffusées via les médias et les réseaux sociaux par divers individus, organisations, entités publiques et privées.

UNRWA, créée en 1949, apporte assistance, notamment dans le secteur de l’éducation et de la santé, à 5,9 millions de personnes dans la bande de Gaza, en Cisjordanie mais aussi au Liban, en Syrie et en Jordanie où vivent des réfugiés palestiniens.

Les liens supposés du personnel de l’UNRWA avec le Hamas  

Citant des estimations présumées de services de renseignement, plusieurs médias ont relayé des affirmations selon lesquelles environ 10 % de tout le personnel de l’UNRWA à Gaza, soit environ 1 200 personnes, auraient des liens avec le Hamas ou le Jihad islamique palestinien.

Dans les faits, l’UNRWA n’a reçu aucune information, encore moins de preuve, des autorités israéliennes ou de tout autre État membre concernant ces déclarations. Celles-ci ont été faites à des médias internationaux puis lors d’une conférence de presse donnée par un responsable gouvernemental israélien.

Comme toute autre organisation des Nations Unies, l’UNRWA procède à des vérifications détaillées des références de tout son personnel. De plus, l’UNRWA partage chaque année avec les autorités hôtes (Liban, Jordanie, Syrie et Autorité palestinienne) ainsi qu’Israël en tant que puissance occupante pour la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et Gaza, les noms, numéros d’employés et fonctions de tous les membres du personnel.

Les noms des 12 individus visés par les déclarations d’Israël du 26 janvier ont tous été partagés à plusieurs reprises avec Israël et d’autres États membres. Avant janvier 2024, l’UNRWA n’avait reçu aucune indication des autorités compétentes concernant l’implication de son personnel dans des groupes armés ou militants. En outre, l’agence vérifie deux fois par an si son personnel figure sur la liste récapitulative des sanctions du Conseil de sécurité.

La prétendue proximité entre l’UNRWA et l’idéologie du Hamas

Des responsables israéliens ont déclaré que « le problème de l’UNRWA ne se limite pas à ‘quelques brebis galeuses’ impliquées dans le massacre du 7 octobre », et que « l’institution dans son ensemble est un refuge pour l’idéologie radicale du Hamas ».

Dans les faits, l’UNRWA compte plus de 30 000 employés dans la région (Liban, Jordanie, Syrie, Cisjordanie y compris Jérusalem-Est), dont 13 000 à Gaza, la majorité étant des Palestiniens. L’UNRWA prend très au sérieux sa responsabilité de veiller à ce que ses opérations et son personnel adhèrent aux valeurs de l’ONU et aux principes humanitaires fondamentaux.

Depuis 2022, 66 enquêtes sur les 30 000 membres du personnel de l’UNRWA (et pas seulement à Gaza), ont examiné une gamme de violations possibles de la neutralité. Certaines de ces enquêtes sont encore en cours. Ces 66 cas – dont tous n’ont pas été confirmés – sur 30 000 représente seulement 0,22 % des effectifs. Il n’y a donc absolument aucune raison de qualifier l’institution dans son ensemble de « totalement infiltrée ».

L’accusation de liens renforcés entre l’UNRWA et le Hamas depuis 2007

Plusieurs médias ont relaté des affirmations selon lesquelles Israël aurait constaté, depuis 2007, un renforcement des liens entre l’UNRWA et le Hamas, les autorités de facto de la bande de Gaza.  

Dans les faits, comme partout ailleurs dans le monde, les Nations Unies travaillent dans des environnements complexes, y compris dans des zones sous le contrôle d’un gouvernement de facto ou de groupes armés. L’ONU s’engage avec toutes les parties pour faciliter la fourniture de services et d’aide humanitaire – c’est une norme.  Dans la bande de Gaza, l’engagement de l’UNRWA avec les autorités de facto se fait uniquement au niveau opérationnel, dans le but exclusif de fournir une aide humanitaire et d’assurer la sécurité du personnel.

Étant donné que l’UNRWA opère dans un environnement de conflit à Gaza, ses activités doivent être coordonnées et « déconflictualisées » avec toutes les parties concernées pour permettre la mise en œuvre de son mandat humanitaire. L’UNRWA est donc constamment en contact avec les autorités israéliennes et avec les autorités de facto simultanément pour les informer de ses mouvements et opérations.

Allégations de stockage d’armes dans les écoles de l’UNRWA 

Dans les faits, depuis le milieu des années 2000, lors des conflits dans la bande de Gaza, des incidents ont vu des acteurs armés des deux côtés violer la neutralité des sites de l’UNRWA, protégés par le droit international. Ils sont par exemple entrés dans des bâtiments de l’UNRWA ou les ont utilisés à des fins militaires. L’UNRWA a systématiquement condamné de telles violations des locaux de l’ONU et protesté auprès des autorités de facto à Gaza.

L’UNRWA informe également immédiatement l’Autorité palestinienne et Israël ainsi que ses principaux donateurs. De plus, dans ses rapports annuels à l’Assemblée générale de l’ONU, le Commissaire général de l’UNRWA a régulièrement signalé et décrit de tels incidents.

Lorsque des tunnels suspects sont découverts sous les installations de l’UNRWA, l’agence suit un protocole similaire. Elle procède au scellement des cavités en injectant du ciment chaque fois qu’elles sont découvertes, en informant immédiatement l’Autorité palestinienne et Israël, ainsi que ses principaux donateurs et en rendant des comptes à l’Assemblée générale des Nations unies. Lorsque des cavités sous les bâtiments ou terrains ont été identifiées, l’Agence a également procédé à des déclarations publiques.

Accusation de manuels scolaires idéologiquement marqués dans les écoles de l’UNRWA

Dans les faits, l’UNRWA utilise les manuels du gouvernement hôte, conformément aux meilleures pratiques des Nations unies en matière d’éducation de qualité dans les camps de réfugiés. L’UNRWA examine tous les manuels utilisés dans ses écoles afin d’identifier les sections qui pourraient ne pas être conformes aux valeurs de l’ONU et aux normes d’enseignement de l’UNESCO.

L’UNRWA ne tolère aucunement les discours de haine et l’incitation à la discrimination ou à la violence. Des analystes indépendants et des experts internationaux en éducation se sont portés garants de la qualité et du contenu de l’enseignement dispensé par l’UNRWA dans ses écoles.

L’utilisation des programmes scolaires du pays hôte dans les situations de réfugiés est une pratique standard de l’ONU dans le monde entier. L’UNRWA y ajoute un programme unique sur les droits de l’homme, la résolution des conflits et la tolérance, et a également mis en place des parlements scolaires dirigés par des élèves dans chaque établissement.

Les enseignants de l’UNRWA sont formés pour aborder tout contenu problématique en classe, en utilisant des documents d’orientation développés par le siège de l’UNRWA. Les enseignants sont tenus de suivre cette approche et sont responsables de le faire. En ce qui concerne les manuels scolaires de l’Autorité palestinienne, l’UNRWA se réfère systématiquement aux positions de l’ONU sur des questions telles que l’occupation, les frontières, le mur, et d’autres. L’UNRWA n’est pas en mesure de concilier les récits israélien et palestinien, et n’a pas le mandat pour le faire.

La réponse de l’ONU aux déclarations faites à l’encontre d’UNRWA

Le 17 janvier 2024, le Commissaire général de l’UNRWA a annoncé son intention de mandater une revue indépendante pour identifier et évaluer l’adéquation et la mise en œuvre des mécanismes et procédures de l’Agence visant à garantir la neutralité.

Le 5 février, le Secrétaire général a nommé un groupe de revue, présidé par Catherine Colonna, ancienne ministre française des Affaires étrangères, pour « évaluer si l’Agence fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir la neutralité et répondre aux allégations de violations graves lorsqu’elles sont formulées ».

Le 26 janvier, en réponse à des allégations reçues verbalement de responsables israéliens concernant la prétendue implication de 12 membres du personnel de l’UNRWA dans l’attaque du 7 octobre contre Israël, et après avoir vérifié que ces individus étaient effectivement des membres du personnel de l’UNRWA, le Commissaire général de l’UNRWA a décidé de mettre fin immédiatement aux affectations de ces membres du personnel « dans l’intérêt de l’agence », conformément aux règlements applicables du personnel, afin de protéger sa capacité à fournir une assistance humanitaire. Cette décision a fait l’objet d’un communiqué.

À la demande du Secrétaire général de l’ONU, l’Office des services de contrôle interne (OIOS), le plus haut organe d’enquête des Nations Unies, a ouvert une enquête sur ces allégations spécifiques. Le Secrétaire général de l’ONU a demandé un rapport intérimaire dans les quatre semaines suivant le début des travaux de l’OIOS.

Le 27 janvier, le Commissaire général de l’UNRWA a publié un autre communiqué en réponse à la suspension, à la pause ou à la suspension temporaire de financement de l’UNRWA par plusieurs pays donateurs.

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