ActualitésClimat : décalage croissant entre promesses et réalité

Climat : décalage croissant entre promesses et réalité

Pour lutter contre les changements climatiques, il faut produire moins d’énergies fossiles, émettre moins de gaz à effet de serre et s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Dans ces trois domaines, les progrès sont encore loin des objectifs.

Chaque année, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) produit trois rapports — production, émission, adaptation — qui analysent les écarts entre ce qu’il faudrait faire et ce qui est réellement entrepris.

Une production d’énergies fossiles en hausse

Les 20 principaux producteurs de ces énergies – pétrole, gaz et charbon – vont produire d’ici à 2030 le double de la quantité qu’il faudrait pour limiter le réchauffement à moins de 1,5° Celsius d’ici la fin du siècle.

Ces 20* pays représentent à eux 82 % de la production mondiale de combustibles fossiles et 73 % de sa consommation. 

Cet écart devrait augmenter, avec une production prévue de 110 % supérieure aux besoins d’ici 2030. Aucun des 20 principaux producteurs n’a pris d’engagement formel pour réduire la production d’énergies fossiles conformément à l’objectif de 1,5 °C.

Environ 90% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la combustion des énergies fossiles.

Les dernières données du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies (GIEC) indiquent une nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius. 

Les engagements actuels des pays en matière de climat ne conduiront qu’à une réduction de 2 % des émissions mondiales en 2030 par rapport à 2019, selon un rapport de l’ONU Climat publié mardi 14 novembre 2023.

Toujours trop d’émission de CO2

L’ONU a enregistré des records alarmants en matière d’émissions et de températures, ce qui exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes et les incidences sur le climat mondial. Jusqu’au début du mois d’octobre de cette année, 86 jours ont enregistré des températures supérieures de 1,5 °C aux niveaux préindustriels, le mois de septembre ayant été le plus chaud jamais enregistré.

Les températures pourraient augmenter de 2,5 à 2,9°C par rapport aux niveaux préindustriels si les pays n’intensifient pas leurs actions et n’augmentent pas leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’ici, les États sont loin de remplir les engagements pris à Paris lors de la COP21, indique un rapport du PNUE.

Pour limiter cette hausse, les émissions projetées doivent être réduites de 28 % à 42 % d’ici 2030. 

Malgré un scénario optimiste dans lequel tous les engagements seraient respectés, il est difficile de limiter le réchauffement à 2,0 °C, et la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5 °C n’est que de 14 %. 

L’évaluation mondiale de la COP28 jouera un rôle crucial dans l’alignement des émissions sur les trajectoires 2°C et 1,5°C. Les pays à hauts revenus, en particulier ceux du G20, doivent agir de manière plus ambitieuse et plus rapide, en apportant un soutien financier et technique aux pays en développement.

L’adaptation encore sous-financée

Les pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre sont les plus touchés par les changements climatiques et doivent s’adapter à ces changements. Souvent, ces pays, frappés par des sécheresses, inondations et autres événements climatiques extrêmes, n’ont pas les moyens financiers de s’adapter.

Le PNUE estime que les pays en développement ont besoin de 10 à 18 fois plus de financements que ce qui est actuellement disponible. De plus, les 55 économies les plus vulnérables ont subi des pertes liées au changement climatique de plus de 500 milliards de dollars au cours des deux dernières décennies.

À la COP28, un engagement mondial est crucial pour protéger les pays à faible revenu et les groupes défavorisés, en particulier les femmes et les populations autochtones, des effets du changement climatique. Investir maintenant dans l’adaptation climatique peut prévenir des coûts futurs élevés.

« […] il existe un fossé croissant entre les besoins et l’action lorsqu’il s’agit de protéger les populations des extrêmes climatiques. Il est plus urgent que jamais de prendre des mesures pour protéger les populations et la nature », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, en commentant les conclusions du rapport.

*Les 20 pays étudiés sont : Australie, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Allemagne, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Koweït, Mexique, Nigeria, Norvège, Qatar, Fédération de Russie, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Émirats arabes unis, Royaume-Uni, États-Unis.

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