COP15 : mettre fin à la « guerre suicidaire contre la nature »

forêt

« Nous perdons notre guerre suicidaire contre la nature », a déclaré dans un message vidéo le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’adressant aux dirigeants participant à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15), qui s’est ouverte lundi à Kunming, en Chine.

Le chef de l’ONU a averti que « l’interférence imprudente de l’humanité avec la nature » aura des conséquences permanentes.

« Le taux de disparition des espèces est des dizaines à des centaines de fois supérieur à la moyenne des 10 derniers millions d’années – et s’accélère. Plus d’un million d’espèces de plantes, de mammifères, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens, de poissons et d’invertébrés sont en danger – beaucoup en quelques décennies », a-t-il déclaré.

« L’effondrement de l’écosystème pourrait coûter près de 3000 milliards de dollars par an d’ici 2030. Son impact le plus important sera sur certains des pays les plus pauvres et les plus endettés », a-t-il ajouté.

« Cessez-le-feu » avec la nature

La conférence développera une feuille de route mondiale pour la conservation, la protection, la restauration et la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes pour la prochaine décennie.

« La COP15 est notre chance d’appeler à un cessez-le-feu », a déclaré le Secrétaire général. « Avec la COP26 sur le climat, elle doit jeter les bases d’un accord de paix permanent », a-t-il ajouté en référence à la Conférence sur le changement climatique qui aura lieu à Glasgow, en Écosse, le mois prochain.

Un nouveau cadre mondial pour la biodiversité peut remettre la nature et les gens sur les rails, a-t-il déclaré, soulignant qu’il devrait fonctionner en synergie avec l’Accord de Paris sur le changement climatique et d’autres accords internationaux sur les forêts, la désertification et les océans.

Cinq domaines d’action

Le chef de l’ONU a décrit cinq domaines d’action lors de la conférence, en commençant par soutenir le droit légal de chacun à un environnement sain. Cela inclut les droits des peuples autochtones, qu’il a décrits comme des « régisseurs de la biodiversité ».

Le nouveau cadre mondial pour la biodiversité doit également, selon lui, soutenir les politiques et programmes nationaux qui s’attaquent aux facteurs de perte de biodiversité, en particulier la consommation et la production non durables.

Il doit s’efforcer de transformer les systèmes comptables nationaux et mondiaux, afin qu’ils reflètent le véritable coût des activités économiques, y compris leur impact sur la nature et le climat.

« La mise en œuvre du cadre post-2020 nécessitera un ensemble de soutien aux pays en développement, y compris des ressources financières importantes et un transfert de technologie », a-t-il déclaré.

« Et cinquièmement, il doit mettre fin aux subventions perverses, y compris à l’agriculture, qui rendent rentable l’attaque contre la nature et la pollution de notre environnement. Ces fonds devraient être redirigés vers la réparation des dommages qui ont été causés », a dit M. Guterres.

Au-delà de la biodiversité

Guterres a déclaré que des mesures dans ces cinq domaines vont bien au-delà de la biodiversité, car elles contribueront aux efforts mondiaux pour parvenir à un développement durable.

Il a évoqué l’avenir, exhortant les délégués à faire preuve d’audace et d’ambition, pour le bien des générations à venir.

« Les jeunes sont ceux qui ont le plus à perdre de la dévastation des environnements naturels et de la disparition des espèces », a-t-il déclaré.

« Ils réclament du changement. Et ils se mobilisent pour un avenir durable pour tous. Eux, ainsi que nous, comptons sur vous ».

La Conférence des Nations Unies sur la biodiversité se déroule en deux phases. Le segment actuel se déroulera jusqu’au vendredi 15 octobre et sera suivi de réunions en présentiel à Kunming du 25 avril au 8 mai 2022.

Cet article a été publié par ONU INFO