Malgré les efforts et les règles « solides » mises en place, l’Agence des Nations Unies pour les Palestiniens doit renforcer ses procédures pour assurer sa neutralité, estime un rapport rendu public lundi 22 avril.
Aucune preuve de complicité avec le Hamas
Après les accusations d’Israël affirmant que des employés de l’Agence avaient participé aux attaques meurtrières lancées par le Hamas le 7 octobre, l’ONU a demandé une enquête interne et confié à une équipe extérieure un rapport sur la neutralité de l’UNRWA.
Cette équipe était dirigée par Catherine Colonna, ancienne ministre française des Affaires étrangères, qui a travaillé avec trois instituts de recherche nordiques. Le rapport a été remis au Secrétaire général des Nations Unies en fin de semaine dernière.
Le rapport indique qu’à ce jour Israël n’a transmis aucune preuve de l’implication d’employés de l’ONU dans ces attaques malgré les demandes répétées concernant « les noms et les preuves à l’appui qui permettraient à l’UNRWA d’ouvrir une enquête ».
Une Agence en pointe sur les questions de neutralité
L’UNRWA a mis en place, indique le rapport, « un nombre important de mécanismes et de procédures pour garantir le respect des principes humanitaires, en mettant l’accent sur le principe de neutralité », et « possède une approche plus développée de la neutralité que d’autres entités similaires des Nations Unies ou des ONG ».
Concernant le recrutement, le rapport note que l’UNRWA transmets la liste de ses employés aux gouvernements hôtes des pays dans lesquels elle opère. « Le gouvernement israélien n’a pas informé l’UNRWA d’une quelconque préoccupation relative à un membre du personnel de l’UNRWA basé sur ces listes de personnel depuis 2011 », note le rapport.
La plupart des contraventions à la neutralité sont liées à l’utilisation des réseaux sociaux sur lesquels des employés ont pu exprimer des positions politiques, ce qui leur est interdit au nom de la neutralité de l’Agence.
L’UNRWA a également été accusée d’utiliser des manuels scolaires contenant des propos antisémites ou des appels à la haine. Le rapport rappelle que dans tous les pays où elle travaille les enseignants des écoles gérées par UNRWA utilisent les manuels officiels fournis par les autorités locales. Les enquêteurs ont pu déceler dans les manuels fournis par l’autorité palestinienne quelques biais politiques mais pas de propos antisémites. Dans un des manuels, quelques pages controversées ont été enlevées ou modifiées.
Des recommandations à mettre en œuvre
Pour renforcer la garantie de neutralité de l’UNRWA, Catherine Colonna et les experts des trois instituts impliqués ont élaboré une cinquantaine de recommandations dans huit domaines critiques, dont les relations avec les donateurs.
En effet, la campagne de dénigrement de l’Agence a conduit plusieurs bailleurs de fonds à suspendre leur soutien financier, mettant en péril les activités de l’UNRWA et l’assistance aux centaines de milliers de Palestiniens qui dépendent de l’aide internationale.
L’UNRWA doit également améliorer le contrôle interne, s’assurer de la neutralité de son personnel, assurer la neutralité de ses installations, des contenus éducatifs, renforcer son partenariat avec les autres agences de l’ONU etc..
Mme Colonna, lors d’une conférence de presse, a également insisté sur le besoin de réformer la gouvernance de l’Agence qui fonctionne actuellement avec un « conseil consultatif » mais pas de conseil exécutif.
Elle a également recommandé que l’Agence recrute plus de personnel international posté sur le terrain. Actuellement, les internationaux représentent à peine 1% du personnel.
Elle a noté les efforts fait par l’UNRWA pour dépolitiser l’enseignement, ajoutant que l’Agence devait avoir « zéro tolérance » pour la propagande dans les écoles.
Elle a exhorté les pays donateurs à soutenir la mise en œuvre de ces recommandations, permettant ainsi de restaurer la confiance et permettre à l’UNRWA de remplir son mandat.
Une agence irremplaçable et indispensable
« En tant que tel, l’UNRWA est irremplaçable et indispensable au développement humain et économique des Palestiniens. En outre, nombreux sont ceux qui considèrent l’UNRWA comme une bouée de sauvetage humanitaire », peut-on lire dans le résumé du rapport.
Le Secrétaire général a d’ores et déjà accepté les recommandations contenues dans le rapport de Mme Colonna. Il a convenu avec le Commissaire général Philippe Lazzarini que l’UNRWA, avec le soutien du Secrétaire général, établira un plan d’action pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans le rapport final.
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