Davos : le chef de l’ONU dénonce « le grand mensonge » des géants pétroliers

Au Forum économique mondial de Davos (Suisse), le chef de l’ONU s’en est pris aux industries du pétrole qui étaient au courant depuis des décennies de l’impact de leurs activités sur le climat. Il a également dressé un constat alarmant de l’état de la planète, notamment à cause du changement climatique et des conflits, comme la guerre en Ukraine.  

« Les responsables doivent rendre des comptes »

Durant son intervention, le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres a dénoncé « le grand mensonge de l’industrie pétrolière ».

La semaine dernière, il a été révélé que certains producteurs d’énergies fossiles avaient connaissance des effets de leur industrie sur la planète depuis les années 1970. Néanmoins, tout comme l’industrie du tabac, ces géants pétroliers ont fait valoir des rapports scientifiques en leur faveur. Pour le chef de l’ONU, « les responsables doivent rendre des comptes » comme les industriels du tabac ont dû le faire.

Ce n’est cependant pas la direction empruntée par l’industrie pétrolière et la justice. Les producteurs de combustibles fossiles ne cessent de chercher à accroître leur production, malgré l’incompatibilité de ce modèle avec la survie de l’humanité. « Cette folie relève de la science-fiction, mais nous savons que l’effondrement de l’écosystème est un fait scientifique indéniable », a martelé António Guterres.

En août dernier, le chef de l’ONU avait par ailleurs appelé à une taxe sur les super-profits engrangés par les géants de l’industrie fossile.

Une planète en triste état

« Ajoutez à ce mélange toxique un autre facteur combustible – le conflit, la violence, la guerre. Et surtout l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, non seulement en raison des souffrances indicibles du peuple ukrainien, mais aussi en raison de ses profondes implications mondiales », a ajouté le chef de l’ONU.

Le Secrétaire général a dressé un portrait sombre mais réaliste de l’état de notre planète. 

Nous faisons face à un ralentissement mondial de la croissance économique et de nombreuses régions sont en récession. L’économie mondiale est marquée par une flambée des prix et par une inflation importante alors que les dettes des pays les plus vulnérables ne cessent d’augmenter. À cela s’ajoutent les effets persistants de la pandémie de Covid-19.

Le Fonds monétaire international craint qu’une division de l’économie mondiale en deux blocs n’apparaisse. Celle-ci pourrait réduire le PIB mondial d’un montant considérable de 1400 milliards de dollars.

Cette potentielle scission apparaît alors que les tensions entre pays riches et en développement augmentent. « Je ne suis pas convaincu que les pays  les plus riches et leurs dirigeants saisissent vraiment le degré de frustration et même de colère dans le Sud », a dit António Guterres. Il appelle les pays du Nord à œuvrer pour mieux soutenir les pays en développement face aux effets de la pandémie, du changement climatique et des questions financières.

Le chef de l’ONU a ainsi mis en garde contre les effets de cette « frustration et colère face à un système financier en faillite morale dans lequel les inégalités systémiques amplifient les inégalités sociétales ». Un système dans lequel la plupart des pays les plus pauvres ont vu leur dette augmenter de 35% rien que l’année dernière.

Durant le forum de Davos, le Secrétaire général a rappelé que la planète flirtait avec « la catastrophe climatique » et qu’il était capital de mettre fin « à notre guerre autodestructrice contre la nature ». « Si nous ne prenons pas de nouvelles mesures, nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2,8 degrés Celsius », a-t-il mis en garde.

 

Instaurer la confiance et adopter le multilatéralisme

La planète est loin d’être « dans son meilleur état – et le monde est loin d’être uni ». Face aux « graves niveaux de division géopolitique et de méfiance », il a estimé qu’il n’y avait pas « de solution parfaite dans une grosse tempête ».

Mais le monde peut désormais « s’efforcer de limiter les dégâts et saisir les opportunités qui se présentent ».

« Plus que jamais, il est temps de forger les voies de la coopération dans notre monde fragmenté », a conclu le Secrétaire général de l’ONU. Il exhorte la communauté internationale « à adopter des institutions multilatérales, instaurer la confiance là où elle fait cruellement défaut, car le monde ne peut attendre ».

L’intégralité du discours du Secrétaire général à Davos (en anglais)

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