Gaza : « ne pas attendre une minute de plus » pour un cessez-le-feu

La plupart des 80 pays et organisations internationales qui étaient présents à la conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza, organisée par le président français Emmanuel Macron à Paris, ont plaidé pour un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » dans la bande de Gaza et à un accès élargi pour l’aide essentielle. Ils ont promis 1 milliard d’euros de financement humanitaire à destination de l’enclave palestinienne selon l’Elysée.

Le président Macron a lui-même réclamé une « pause humanitaire très rapide » et appelé à œuvrer pour un cessez-le-feu.

« Aidez-nous à obtenir un cessez-le-feu et le strict respect du droit humanitaire international », a lancé Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à l’adresse du président français.

« En clair, il s’agit d’une cessation des combats à des fins humanitaires, afin d’offrir un répit à l’assaut, d’accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire et de faciliter la libération des otages. Tel doit être notre objectif et notre priorité », a plaidé en écho Martin Griffiths, en charge de la coordination de l’assistance humanitaire de l’ONU (OCHA). Pour lui « une pause » n’est pas un cessez-le-feu.

« Nous ne pouvons pas attendre une minute de plus pour un cessez-le-feu et une levée du blocus de la bande de Gaza. Il s’agit d’une punition collective pour 1 million d’enfants (…). Pas une minute de plus. Une « pause n’est pas suffisante », a estimé Jan Egeland, Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

Les enfants tués ne sont pas des dommages collatéraux

Après un mois d’attaques de l’armée israélienne, répondant aux massacres commis le 7 octobre par le Hamas, 10 000 personnes ont perdu la vie dans la bande Gaza. « Un enfant est tué toutes les 10 minutes », a rappelé le chef de UNRWA.

« Des milliers d’enfants tués ne peuvent être considérés comme des « dommages collatéraux ». Chasser un million de personnes de leur foyer et les concentrer dans des zones dépourvues d’infrastructures adéquates est un déplacement forcé. Limiter sévèrement la nourriture, l’eau et les médicaments est une punition collective », a poursuivi M. Lazzarini. Il a raconté avoir vu, alors qu’il était sur place la semaine dernière, des enfants suppliants qu’on leur donne de l’eau ou un morceau de pain.

« Il y a eu 10 000 morts en 30 jours, c’est plus que l’Ukraine en 530 jours », a noté Mohammed Shtayyeh, Premier ministre de l’Autorité palestinienne.

Aucune « zones sûres » dans la bande de Gaza

Les représentants de l’ONU se sont inquiétés des déplacements de populations vers le sud de la bande de Gaza. « Les Nations Unies ne peuvent pas participer à une proposition unilatérale visant à pousser des centaines de milliers de civils désespérés de Gaza vers des zones dites sûres.

« Au nom de la communauté humanitaire que je représente, je peux vous dire que nous sommes très inquiets :

Inquiétudes quant à la sécurité des civils dans les zones dites sûres s’il n’y a pas d’accord entre toutes les parties sur leur mise en place.

Inquiétudes sur le fait qu’il n’existe nulle part dans la bande de Gaza des conditions satisfaisantes pour garantir des abris, de la nourriture, de l’eau, des installations sanitaires et des soins de santé adéquat »

Inquiétudes quant à la protection des civils partout dans la bande de Gaza ».

Pour Jan Egeland « il n’existe pas de zones sûres, ni au Nord, ni au centre, ni au Sud de Gaza ». La représentant de Médecins sans frontière, qui a parlé de « carnage », a noté que 30% des personnes tuées l’avaient été dans le sud de l’enclave.

Une aide autorisée au compte-goutte

Tous les représentants d’organisations humanitaires, de l’ONU comme des ONG présentes, n’ont pu que constater le volume insuffisant d’aide entrant dans la bande de Gaza, par Rafah, le seul point de passage autorisé par Israël. « Nous devons faire entrer des centaines de camions par jour dans Gaza, et non des dizaines, et être autorisés à atteindre tous les endroits où les gens s’abritent », a indiqué Martin Griffiths, qui a demandé que tous les points d’accès soient ouverts.

« Le volume d’aide qui transite par Rafah est trop limité pour les énormes besoins. Il faut examiner d’autres voix de passage », a insisté Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne.

Nikos Christodoulides, le président de Chypre, a proposé un corridor maritime depuis son port avec un strict contrôle des marchandises auquel Israël participerait. Les convois d’aide seraient escortés jusqu’au sud de Gaza vers une « zone neutre humanitaire ».

L’ONU et ses partenaires ont lancé un appel de fonds de 1,2 milliards de dollars pour aider 2,7 millions de Palestiniens, dans la bande de Gaza mais également en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

UNRWA a notamment besoin de fonds immédiatement pour payer les salaires de ses employés sur place. A ce jour, une centaine d’entre eux ont été tués et les autres continuent leur travail dans des conditions extrêmes. Plusieurs pays participants à la conférence, dont la France avec 100 millions d’euros et l’Union européenne, ont assuré UNRWA de leur soutien.

Crainte d’une contagion régionale

Philippe Lazzarini s’est inquiété de la « rhétorique déshumanisante » qui circule depuis le 7 octobre.  « Les références aux Palestiniens en tant que (je cite) « terroristes », « animaux humains » et « peuple à effacer » sont inadmissibles et démontrent un manque d’empathie surprenant. Elles empoisonnent l’espoir d’un avenir commun et alimentent la colère et le ressentiment dans la région et au-delà ».

« Le conflit actuel est une traînée de poudre qui pourrait consumer la région – avec des répercussions mondiales de grande ampleur – si nous ne le maîtrisons pas. Si les efforts multilatéraux et diplomatiques ne sont pas maximisés pour assurer la protection des civils, améliorer l’accès à l’aide humanitaire et obtenir la libération des otages si brutalement pris le 7 octobre, je crains vraiment que ce ne soit qu’un début », a indiqué Martin Griffiths.

Le conflit s’est déjà étendu à bas bruit en Cisjordanie où selon UNRWA « les incursions militaires des forces israéliennes et la violence des colons ont causé un nombre record de morts parmi les Palestiniens ».

« S’il n’y avait pas Gaza aujourd’hui, toute notre attention se porterait sur la Cisjordanie », a estimé Philippe Lazzarini.

Le retour vers la paix ?

La plupart des participants à cette conférence ont, comme le Secrétaire général de l’ONU, défendu une solution à deux Etats ». Plusieurs ont insisté sur le rôle que pourrait jouer l’organisation de l’Autorité palestinienne.

Pour Emmanuel Macron, l’Autorité palestinienne est la seule légitime à représenter les Palestiniens. « Je sais pouvoir compter sur vous », a-t-il lancé à l’adresse du Premier ministre Mohammed Shtayyeh.

Charles Michel, président du Conseil européen, a exprimé son soutien à une « Autorité palestinienne crédible ».

 

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