« Si je risque parfois ma vie, c’est pour en sauver d’autres », entretien avec un Casque bleu

Cette année, les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont 75 ans.   

A l’occasion de cet anniversaire, l’ONU a lancé la campagne mondiale d’un an « La paix commence avec moi » qui montre l’impact des missions de maintien de la paix sur la vie de millions de personnes vivant dans des zones de conflits.  

Pour donner un visage à cette campagne, UNRIC a interviewé un Casque bleu belge, Nico, qui a servi en tant que démineur en 2021 à la MINUSMA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali 

Cette mission, créée par le Conseil de sécurité le 25 avril 2013, est considérée comme la mission la plus dangereuse de l’ONU.  

 

Quelle est, selon vous, votre contribution la plus importante en tant que Casque bleu de l’ONU ? 

Les munitions conventionnelles et les engins explosifs improvisés font généralement de nombreuses victimes au sein de la population civile. Les belligérants de tous bords abandonnent sans vergogne ces dangers mortels, ils sont parfois cachés, mais toujours méconnus des civils.  

Mes compétences de chef d’équipe pour l’élimination des explosifs et munitions (ndlr Explosive Ordnance Disposal, EOD en anglais) représentent une plus-value pour l’ONU car elles permettent de rendre plus sûr le pays dans lequel je suis envoyé. Chaque engin explosif neutralisé est potentiellement une vie de sauvée ! 

 

Quel est votre souvenir le plus marquant de votre expérience en tant que Casque bleu ?  

Lors de mon déploiement au Mali, j’ai eu l’opportunité de libérer une femme retenue en esclavage par des entraves aux chevilles. Cette expérience m’a touchée et m’a montré à quel point la présence de Casques bleus était nécessaire pour que chacun puisse jouir de ses libertés individuelles fondamentales, encore plus dans des zones où des conflits parfois importants subsistent.  

 

Pourquoi avez-vous participé à une mission de maintien de la paix ?  

Ma spécialisation en engins explosifs (EOD) étant à la fois rare et précieuse, j’ai été envoyé à de nombreuses reprises à l’étranger. Le fait de travailler dans un contexte international est également une richesse supplémentaire.  

Travailler avec des opérateurs EOD issus d’autres nations est une source intarissable d’échanges et de partage. Je garde encore dans un petit coin de ma tête le rêve que j’œuvre au quotidien pour rendre le monde plus sûr. Des milliers d’engins explosifs sont abandonnés et peuvent causer des blessures parfois mortelles à une population civile souvent laissée exsangue après un conflit. Je me dis que si je risque parfois ma vie, c’est pour que les autres puissent en profiter. L’opérateur EOD possède ce sens du devoir et du sacrifice qui le guide pour travailler au profit de la sécurité des autres. 

 

Quel est votre message aux jeunes qui poursuivent une carrière similaire ? 

L’intérêt de la communauté avant le sien. C’est le mot d’ordre d’une carrière en tant qu’opérateur EOD ! Être prêt à chaque instant, avoir toujours l’envie d’apprendre et repousser ses limites. Se reposer sur ses acquis ou ce que l’on pense savoir, c’est se figer dans une routine et dans mon domaine d’expertise, la routine tue. Cette carrière est exigeante mais elle offre également des expériences humaines riches et exceptionnelles que peu de gens éprouvent. C’est plus qu’un job, c’est une aventure !

 

 

Informations supplémentaires sur la MINUSMA : 

    • Les tâches principales de la MINUSMA consistent à : 
      • Soutenir la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et la réalisation de la transition politique ;  
      • Faciliter la mise en œuvre d’une stratégie malienne pour protéger les civils ; 
      • Réduire la violence intercommunautaire ;  
      • Rétablir l’autorité et la présence de l’État ainsi que les services sociaux de base.
    • Le personnel actuellement déployé au Mali comprend : 12 388 militaires, 1598 policiers, 1792 civils (859 nationaux – 754 internationaux, 179 Volontaires des Nations Unies). Perte en vie humaine due à des actes hostiles (au 31 décembre 2022) : 182. 
    • En février 2023, le Directeur de la Division des droits de l’homme de la MINUSMA, Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, a été déclaré comme persona non grata par le Gouvernement de transition malien, lui interdisant de rester dans le pays, alors qu’il est le plus haut représentant du bureau des droits de l’homme des Nations Unies (HCDH) dans le pays. 
    •  Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali de janvier 2023. 

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