Violences faites aux femmes : les efforts tardent à porter leurs fruits

Dans l’Union européenne, une femme sur trois a subi une forme de violence physique et/ou sexuelle après ses 15 ans. Alors que débute ce samedi une campagne de 16 jours d’activisme pour lutter contre les violences basées sur le genre, le bilan est loin d’être positif.

Chaque année dans le monde, 245 millions de femmes et de filles subissent des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire intime.

Les rapports de 2018 d’Eurostat révèlent que plus de 600 femmes ont été victimes de meurtre par un partenaire intime ou un proche dans 14 États membres de l’UE étudiés, et 35 % de ces atrocités se sont produites à domicile, censé être un lieu sûr.

Une violation des droits humains

Le message du Secrétaire général pour la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes souligne l’urgence de la situation : « La violence contre les femmes est une violation effroyable des droits humains, une crise de santé publique et un obstacle majeur au développement durable. Elle est persistante, répandue et s’aggrave. Du harcèlement sexuel et des abus au féminicide, la violence prend de nombreuses formes ».

Cette journée n’est pas seulement un appel à la prise de conscience, mais un appel à l’action contre la violence systémique et généralisée à laquelle les femmes sont confrontées. À travers l’Europe, les pays prennent position, reconnaissant les dures réalités auxquelles ils sont confrontés et développent des stratégies pour combattre ce problème omniprésent.

Augmentation des cas de violences domestiques

En France, l’engagement du président Emmanuel Macron pour l’égalité des genres, désignée « Grande Cause du quinquennat », contraste avec l’augmentation troublante des cas de violence domestique, avec plus de 244 000 victimes signalées en 2022, soit une augmentation de 15 % et une hausse de 95 % depuis 2017.

Les femmes représentent 87 % de ces victimes, subissant principalement des violences physiques (66 %), suivies de violences verbales ou psychologiques (30 %) et de violences sexuelles (4 %). Le gouvernement français renforce son engagement avec une augmentation substantielle du budget à 2,4 milliards d’euros pour 2023, en hausse de 921,1 millions d’euros par rapport à l’année précédente.

Loi #StopFéminicide en Belgique

Les avancées de la Belgique sont notables, avec l’introduction de la loi #StopFéminicide, faisant d’elle le premier pays européen doté d’une législation complète contre le féminicide. Avec 24 féminicides en 2023, la loi belge marque un jalon dans la reconnaissance et la lutte juridique contre les homicides basés sur le genre. La Belgique se distingue également en tant que « partenaire engagé de la Coalition d’action pour l’égalité des genres sur la violence basée sur le genre », reflétant son dévouement à ce défi mondial.

Les Pays-Bas résonnent avec cet engagement grâce à la campagne Safe Streets de l’ONU Femmes Pays-Bas, luttant contre le harcèlement de rue, un problème auquel 80 % à 85 % des femmes et filles néerlandaises sont confrontées. Quinze municipalités ont maintenant rejoint cette campagne, témoignant d’une volonté nationale.

Le Luxembourg révèle que deux tiers des femmes déclarent avoir subi une forme de violence dans leur vie (2022).

Vivre dans la peur

En Angleterre et au Pays de Galles, 6,9 % des femmes âgées de 16 ans et plus ont été victimes de violence domestique en 2022, tandis qu’en Irlande, 1 femme sur 6 a subi des violences de la part d’un partenaire après l’âge de 15 ans. Leo Varadkar, le Taoiseach, a déclaré en mars de cette année : « Pendant trop longtemps, les femmes et les filles ont […] vécu dans la peur de la violence domestique ou basée sur le genre ».

Reconnaissant les problèmes, les deux gouvernements répondent avec des législations et des stratégies nationales. Le gouvernement irlandais a produit un projet de loi qui vise à créer une entité chargée de coordonner les efforts gouvernementaux pour lutter contre les violences basées sur le genre.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a déclaré la violence contre les femmes et les filles comme une menace nationale, introduisant des législations pour lutter contre la violence, telles que la loi sur les violences domestiques de 2021.

En 2021, la Grèce a signalé une augmentation rapide des signalements de victimes féminines de violence domestique, avec la plupart des incidents impliquant des partenaires intimes ou anciens, et un total de 204 cas de viol.

Le paradoxe nordique

Malgré leur position de leader mondial en matière d’égalité des sexes, les pays nordiques présentent le « paradoxe nordique », avec des taux de violence par partenaire intime contre les femmes sensiblement plus élevés que la moyenne de l’UE—32 % au Danemark, 30 % en Finlande, 28 % en Suède, et 22,4 % en Islande, par rapport à la moyenne de l’UE de 22 %.

Cette incongruité met en lumière un domaine critique de la politique sociale nécessitant une attention dans des régions autrement connues pour leurs normes de genre progressistes.

Les chiffres du Portugal indiquent qu’en 2022, il y a eu plus de 30 000 signalements de violence domestique, avec 28 décès dont 24 femmes et 4 enfants. La Stratégie nationale du Portugal pour l’égalité et la non-discrimination, approuvée en 2018, vise à aborder ce problème omniprésent.

100 meurtres par an en Italie

Enfin, en Italie, de janvier à novembre 2023, 102 homicides féminins ont été signalés, poursuivant une tendance de plus de 100 meurtres annuels dans des contextes familiaux ou intimes depuis 2020. De manière significative, 31,5 % des femmes âgées de 16 à 70 ans ont été confrontées à de la violence physique ou sexuelle. Près d’un quart ont été victimisées par des hommes non-partenaires, y compris des connaissances et des inconnus, le harcèlement physique étant la forme la plus courante de violence sexuelle. Comme dans la plupart des pays, les partenaires ou ex-partenaires sont les auteurs les plus fréquents d’agressions graves telles que les viols et autres formes de violence physique.

Ces instantanés de toute l’Europe reflètent non seulement la prévalence de la violence contre les femmes mais aussi les efforts déployés pour y remédier. Des budgets accrus et des législations pionnières aux campagnes nationales et stratégies complètes, le message est clair : la lutte contre la violence basée sur le genre s’intensifie, les nations s’engageant à protéger les droits et le bien-être des femmes.

A lire aussi : Les femmes, premières victimes du harcèlement en ligne

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