Climat : les 10 solutions des Pays-Bas

Série #SDGActor – Les Pays-Bas, face aux changements climatiques, font preuve de pragmatisme dans leur quête de solutions. Ils restent focalisés sur leurs capacités d’anticipation, acquises au fil des siècles dans la gestion de l’eau, sur un territoire dont le tiers se trouve en dessous du niveau de la mer.

Les solutions les plus simples et les mieux connues sont développées depuis longtemps, souvent à plus grande échelle qu’ailleurs en Europe. Des innovations moins connues sont aussi déployées, face à la montée du niveau de la mer, ou aux risques d’inondations et de sécheresse.

Les Pays-Bas partagent leur expérience et soutiennent le Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP), notamment dans le cadre du la Centre global sur l’adaptation, lancé en 2018 à La Haye, qui vise à accélérer les mesures d’adaptation face au changement climatique.

1 – Le tiers des habitants à bicyclette

La bicyclette est un signe distinctif notoire des Pays-Bas : 36 % des habitants l’enfourchent quotidiennement, dès le plus jeune âge, par tous les temps. En moyenne, les Néerlandais de plus de 6 ans font 30 km par jour à vélo, soit près de 11 000 km par an, selon les statistiques nationales. Le tout, sans émettre de dyoxine de carbone.

2 – Champions de la voiture électrique

Après la Norvège, l’Islande et la Suède, les Pays-Bas affichent la plus forte part en Europe de voitures hybrides et électriques dans leur flotte (8,2 % en 2021). Plus du quart des nouvelles immatriculations (26,5 %) concerne des voitures électriques en 2023, selon les autorités.

Le système semi-public de recharge est par ailleurs l’un des plus denses au monde, avec près de 125 000 points actifs. Des incitations ont été mises en place, et le gouvernement a annoncé en avril 2023 des subventions à l’achat de voitures électriques d’occasion.

3 – Des toits « verts » …

Les toits « verts » se sont répandus depuis les années 2000 dans les villes. En mai 2020, Rotterdam a lancé le plus vaste jardin suspendu d’Europe, sur 7 600 m2. Il est juché sur le « Peperklip », le plus grand complexe de logements sociaux de la cité.

Son objectif : absorber les pluies et les émissions de CO2, réduire les risques d’inondation, créer de la fraîcheur par temps de canicule et préserver la biodiversité. Sur le toit d’un autre immeuble de Rotterdam, la ferme de DakAkker s’étend sur 1 000 m2. Elle approvisionne en fruits, légumes et miel des restaurants et hôtels, outre son propre café.

4 – … et « bleus »

Dans le même effort d’adaptation, Amsterdam multiplie les toits « bleus » qui retiennent les eaux de pluie, sur les immeubles capables de supporter ce poids. Un système de vannes connectées est en développement, pour évacuer l’eau en surplus avant les prochaines pluies, afin de mieux les absorber. Ces toits « bleus » sont installés par la ville dans les quartiers les plus vulnérables aux inondations à Amsterdam, liées aux forts orages des mois d’hiver, et participent d’une « micro-gestion » de l’eau qui renforce le système plus général de digues et d’écluses.

5 – Des écrans à bulles dans le cours des rivières

Face à la sécheresse qui a sévi en 2022, les Pays-Bas ont testé des solutions innovantes, comme un « écran à bulles » ou « rideau de bulles » séparant l’eau douce de l’eau salée dans les rivières, pour empêcher la remontée de l’eau de mer et la salinisation des sols. Cet écran à bulles est un simple tuyau perforé posé au sol, qui diffuse des bulles d’air comprimé bloquant l’eau salée.

L’idée a été développée entre autres par le projet « The Great Bubble Barrier », afin de lutter contre la pollution de l’eau par des produits en plastique, les bulles permettant de mieux les collecter. Dès 2019, le Rijkswaterstaat, l’organe public chargé de la gestion de l’eau, a installé deux rideaux à bulles dans l’écluse nord d’IJmuiden, pour lutter contre la salinisation du canal Amsterdam-Rhin.

6 – D’immenses réservoirs d’eau de pluie souterrains

Autre solution déjà testée par de grandes villes : multiplier les équipements de rétention d’eau de pluie. Un énorme réservoir d’eau de pluie souterrain a ainsi été construit en 2018 à Rotterdam, qui permet au stade Sparta d’économiser 15 millions de litres par an et d’arroser son gazon à moindre coût. À Apeldoorn, une « cave à eau » souterraine a aussi été installée en 2021. D’une capacité de 200 000 litres d’eau de pluie, elle permet d’arroser les espaces verts.

7 – Redessiner les contours des fleuves et des rivières

Le changement climatique passe aussi par des précipitations accrues, qui font enfler le cours des fleuves, nombreux à traverser le pays depuis l’étranger : la Meuse et l’Escaut depuis la Belgique et la France, le Rhin depuis l’Allemagne.

Un chantier mené entre 2013 et 2017 à Nimègue, ville frappée par des inondations en 1993 et 1995, a permis de façonner un nouveau bras au fleuve Waal, défluent du Rhin, et d’élargir son lit par prévention. Pas moins de 34 sites fluviaux ont été redessinés dans le cadre du programme national Ruimte voor de rivieren, « de la place pour les rivières », lancé en 2006. Cette approche a suscité de l’intérêt international : des délégations étrangères visitent la région, et le Canada a déjà commencé à répliquer l’expérience.

8 – Pomper du sable au large pour renforcer les côtes

La montée du niveau de la mer est un sujet de préoccupation existentielle aux Pays-Bas, situés pour un tiers sous le niveau de la mer, une surface qui concentre les deux tiers de l’activité économique. D’ici 2100, le niveau de la mer pourrait augmenter de 100 à 120 cm, prédisent les experts, dont ceux du Programme national du Delta. Outre les 22 500 km de digues en constants examen et rénovation que compte le pays, la technologie dite du zandmotor (« moteur de sable ») s’est répandue.

Il s’agit de pomper du sable au large pour l’accumuler le long des côtes, et endiguer le phénomène d’érosion côtière entraîné par la montée des eaux. La technique a déjà fait ses preuves pour protéger La Haye, et permet à Rotterdam d’agrandir son vaste port commercial. Environ 2 000 hectares ont ainsi été gagnés sur la mer, le long d’une digue de quatre kilomètres.

9 – L’énergie solaire en vogue…

Les panneaux solaires sont en passe de devenir la norme, plutôt que l’exception : 35 % des propriétaires en ont installé sur leur toit, et 16 % du parc de logements sociaux sont  équipés, selon Dutch New Research (DNE Research).

Au total, 2 millions de maisons sont déjà équipées, contre seulement 110 000 foyers en France selon Enedis. Sur les 48 millions de panneaux solaires installés, 500 000 le sont sur des structures flottantes, en raison du manque d’espace sur la terre ferme.

10 – … de même que les éoliennes

Les éoliennes fournissent 18 % de l’électricité produite localement, et paraissent tout aussi populaires. Contrairement à la tendance observée chez le voisin allemand, les deux tiers des Néerlandais pensent qu’il faut en installer plus, mais pas dans les zones d’habitation.

Les énergies renouvelables, hydraulique incluse, représentent près de 40 % de la production énergétique aux Pays-Bas, un niveau qui doit passer à 70 % d’ici 2030. En raison des importations d’énergie, elles ne contribuent cependant qu’à 15 % de la consommation finale d’électricité en 2022, contre une moyenne européenne de près de 22%.

L’inclusion d’une organisation dans la série Benelux « SDGActors » du Centre régional d’information des Nations Unies (UNRIC) ne reflète en aucun cas les points de vue de UNRIC et n’implique pas son approbation. 

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