Israël/Gaza : deux mois d’horreurs qui s’intensifient

La situation dans la bande de Gaza pourrait mener à une catastrophe aux implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région, a estimé mercredi 6 décembre le Secrétaire général de l’ONU dans une lettre adressée au Conseil de sécurité.

Deux mois après l’attaque du Hamas sur Israël et le début des représailles israéliennes, la situation est « apocalyptique », a estimé de son côté le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths.

Le 7 octobre, le Hamas lançait une attaque meurtrière sur Israël, faisant 1200 morts. Ses combattants se sont repliés sur la bande de Gaza, emmenant avec eux environ 240 otages dont des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Depuis, en représailles, un déluge quasiment ininterrompu de bombes s’est abattu sur la bande de Gaza, faisant à ce jour 16 248 morts, dont 70% sont des femmes et des enfants, selon le ministère de la santé de Gaza, et 1,9 million de déplacés, soit plus de 85% de la population de Gaza

Une trêve dans les combats, obtenue après des négociations menées par le Qatar, aura tenu une semaine, entre le 24 novembre et le 1er décembre. Elle a permis la libération d’une centaine d’otages, et facilité l’acheminement de l’aide.

Répétition des horreurs passées

Mais « la reprise de l’opération militaire et son extension dans le sud de Gaza répètent les horreurs des semaines passées », estime l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Pour le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres « La reprise des hostilités ne fait que démontrer l’importance d’un véritable cessez-le-feu humanitaire ».

Pour la Coordinatrice humanitaire sur place, Lynn Hastings, les conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide à la population de Gaza ne sont pas réunies. « Un scénario encore plus infernal est sur le point de se dérouler, un scénario dans lequel les opérations humanitaires pourraient ne pas être en mesure de répondre ».

« C’est un peu comme mettre un pansement sur une blessure ouverte, cela ne suffit pas, et il serait illusoire pour le monde de penser que la population de Gaza peut être aidée par l’opération humanitaire dans ces conditions », a estimé de son côté Martin Griffiths, chef des opérations humanitaires de l’ONU.

« Il s’agit d’une situation apocalyptique, car ce sont les restes d’une nation qui sont repoussés dans une poche au sud », a-t-il poursuivi.

L’aide humanitaire soumise à des « agendas politiques »

Comme l’a écrit le 4 décembre dans une tribune, Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, « au cours des deux derniers mois, chaque jour, chaque heure, les organismes d’aide ont dû plaider pour la livraison de fournitures humanitaires dans la bande de Gaza ».

« Les civils sont des pions dans cette guerre et l’aide humanitaire est subordonnée à des conditions. L’aide humanitaire est suspendue ou fournie en fonction d’agendas politiques et militaires dont les Nations Unies n’ont pas connaissance. La nourriture, l’eau et le carburant, ainsi que la désinformation, sont systématiquement utilisés comme armes de guerre », estime Philippe Lazzarini.

De graves inquiétudes persistent quant aux maladies hydriques dues à la consommation d’eau provenant de sources non sécurisées, en particulier dans le nord, où l’usine de dessalement de l’eau et l’oléoduc en provenance d’Israël ont été fermés, a indiqué l’OCHA.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) continue de mettre en garde contre le risque permanent de famine pour l’ensemble de la population de Gaza, en particulier pour les personnes souffrant de maladies chroniques, les personnes âgées, les enfants et les personnes handicapées.

Aucun endroit sûr

Dans un premier temps les autorités israéliennes ont demandé aux populations de se déplacer du nord vers le sud de la bande de Gaza, obligeant des centaines de milliers de personnes à s’abriter dans des refuges, notamment des écoles gérées par UNRWA, qui sont surpeuplées.

Le 3 décembre, l’armée israélienne a désigné une zone couvrant environ 20 % de la ville de Khan Younis, au sud, pour une évacuation immédiate.

« Les gens demandent des conseils pour savoir où se mettre à l’abri », a déclaré le directeur des affaires de l’UNRWA, Thomas White. « Nous n’avons aucune solution à leur proposer ».

L’ordre d’évacuation pousse les gens à se concentrer dans ce qui représente moins d’un tiers de la bande de Gaza. « Ils ont besoin de tout : de nourriture, d’eau, d’abris et surtout de sécurité. Les routes vers le sud sont bouchées », insiste l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.

« Pour les personnes qui ont reçu l’ordre d’évacuer, il n’y a aucun endroit sûr où aller et très peu de choses pour survivre », a estimé le chef de l’ONU, António Guterres.

Tensions en Cisjordanie

Alors que les attaques à l’intérieur d’Israël et l’escalade des hostilités à Gaza retiennent l’attention, la situation en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, est alarmante et urgente, compte tenu des violations croissantes et à plusieurs niveaux des droits humains des Palestiniens.

A ce jour, 249 Palestiniens, dont 65 enfants ont été tués en deux mois par les forces de sécurité israéliennes.

Le Secrétaire général de l’ONU s’est dit cette semaine « très préoccupé par l’escalade de la violence en Cisjordanie occupée, notamment par l’intensification des opérations de sécurité israéliennes, le nombre élevé de morts et d’arrestations, la montée en flèche de la violence des colons et les attaques de Palestiniens contre des Israéliens ».

Le 16 novembre dernier, une vingtaine de rapporteurs de l’ONU spécialistes des droits humains, avaient estimé que « Les graves violations commises par Israël à l’encontre des Palestiniens au lendemain du 7 octobre, en particulier à Gaza, indiquent qu’un génocide est en cours ».

Ils s’étaient inquiétés également d’une seconde Nakba, « la catastrophe », nom donné à l’exode massif des Palestiniens suite à la guerre israélo-arabe de 1948.

 

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