ActualitésLa forêt, un écosystème prioritaire pour l’humanité

La forêt, un écosystème prioritaire pour l’humanité

Selon les derniers chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 420 millions d’hectares de forêts ont disparu en 30 ans, ce qui équivaut à 8 fois la superficie de la France. 

Alors que les forêts couvraient autrefois 50% de la surface du globe, elles n’en couvrent plus qu’environ 30% aujourd’hui. Les conséquences de la déforestation sont nombreuses et impactent gravement l’environnement et l’homme.

A l’occasion de la Journée internationale des forêts, le Centre régional d’information des Nations Unies s’est entretenu avec Amandine Hersant, directrice générale de l’ONG Planète Urgence. La protection des forêts et de la biodiversité en danger est au cœur de l’action de cette organisation, qui a récemment lancé sa campagne « et si nous agissions plutôt » pour la Journée internationale des forêts. 

Une définition systémique de la forêt

Qu’est ce qu’une forêt ? « La FAO définit les forêts comme des terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare (5000 m2) avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert forestier de plus de 10% », rappelle Amandine Hersant. 

Chez Planète Urgence, la forêt est envisagée comme « un écosystème au sein duquel les arbres vivent en interaction avec d’autres formes de vivant. Les forêts rassemblent en elles trois enjeux prioritaires pour les humains : la régulation climatique, l’accès à la nourriture, la présence de biodiversité (80% de la biodiversité terrestre vit dans les forêts). »

La déforestation, un enjeu planétaire

« Chaque année, le couvert forestier mondial diminue d’une superficie équivalente à la taille des Pays-Bas. La pression sur les trois grands bassins forestiers, l’Amazonie, le bassin du Congo et le bassin du Bornéo-Mékong, n’a de cesse de s’accroître », souligne la directrice de Planète Urgence. Ces bassins représentent à eux seuls 80% des forêts tropicales du monde et les deux tiers de la biodiversité terrestre, assurant ainsi la subsistance d’au moins un milliard de personnes.

Comme le rappelle Amandine Hersant, « les causes de la déforestation sont nombreuses : agriculture intensive, expansion des zones urbaines, développement d’infrastructures, exploitations minières, pétrolières, sécheresses et incendies… Elles mènent à des conséquences dramatiques, telles que la destruction des sols, la disparition des habitats naturels, la pollution continue, la perte de biodiversité »

Selon le WWF, en 50 ans, ce sont presque 70% des animaux sauvages qui ont disparu à cause de la déforestation et du changement climatique.  

La déforestation a également des conséquences négatives sur les humains. « On remarque un fort exode des populations locales et autochtones qui voient leur habitat menacé par les exploitations forestières » souligne Amandine Hersant. « L’accès à l’eau potable et la sécurité alimentaire de millions de personnes deviennent de plus en plus précaires car elles dépendent elles aussi des forêts. » poursuit-elle, se référant à une étude de la FAO

Quelle est la situation en France ?

D’après l’IGN, l’Institut public de référence pour l’information géographique et forestière, la forêt française absorbe presque 50 millions de tonnes de CO2, soit environ 15% de nos émissions de gaz à effet de serre annuelles.

La superficie occupée par des espaces forestiers augmente grâce à des politiques de reboisement. En 2020, la forêt recouvrait 31,5 % de la surface totale contre 30,7 % en 2015 (FAO, 2020).

Selon Amandine Hersant, « les enjeux actuels sont ceux de la qualité du reboisement et de la gestion forestière, l’intégration de l’arbre dans le système agricole et la lutte contre la  « déforestation importée » (le fait d’importer et de consommer des produits qui peuvent contribuer à la déforestation à l’autre bout du monde). »

Forêt et changement climatique

« En tant que deuxième puits de carbone après les océans, les forêts jouent un rôle majeur dans la régulation du climat en séquestrant d’immenses volumes de CO2. La déforestation fait disparaître ces sources de régulation du climat et inverse même leur action. En effet, lorsque l’on coupe des arbres, le CO2 stocké est relâché, alimentant ainsi la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », rappelle la directrice de Planète Urgence.

Dans le rapport de synthèse du GIEC, paru le 20 mars 2023, les techniques d’élimination du dioxyde de carbone dans l’atmosphère (CDR), notamment par la plantation d’arbres, sont présentées comme incontournables pour limiter le réchauffement à 1,5°C et pour revenir à ce seuil après l’avoir dépassé.

Quelle est l’action de Planète Urgence ?

Pour Amandine Hersant, « la situation est compliquée, mais nous pouvons inverser la tendance ». 

Planète Urgence agit en faveur de la préservation des forêts à travers le programme FORET, lancé en 2007. Ce programme « apporte une réponse locale et intégrée aux pressions exercées sur les écosystèmes forestiers fragilisés ». L’ONG œuvre dans des zones d’urgence, en fonction de trois critères : le niveau de déforestation, l’importance de la biodiversité, le niveau de vulnérabilité humaine. Ses projets sont toujours menés en partenariat avec des acteurs locaux en tenant compte du contexte politique, économique et culturel.

Un membre de Planète Urgence marche au milieu de la pépinière

Par exemple, le projet CAMERR a pour objectif de restaurer les écosystèmes de mangroves du littoral camerounais, sujet à de multiples pressions humaines. Ce projet permet d’augmenter l’un des principaux puits de carbone au monde, les mangroves stockant 3 à 5 fois plus de CO2 que les forêts terrestres. Il aide également à reconstituer une barrière contre l’érosion, les inondations fréquentes dans la zone ainsi qu’un sanctuaire pour la biodiversité et les ressources halieutiques.

Quelles solutions à l’échelle globale ?

Au niveau local, les actions d’ONG comme Planète Urgence ont de véritables effets. « Il est maintenant important qu’elles soient portées à des niveaux plus globaux », estime Amandine Hersant. 

En effet, « ces actions doivent devenir des causes politiques, entraînant de véritables avancées de la part des États en matière de réglementation (limiter l’abattage, créer des zones de conservation) et d’engagement de moyens (gardes forestiers, accompagnement des communautés) ».

Que faire au niveau individuel ?

« Le plus gros impact se situe au niveau de notre assiette, on peut le réduire notamment en consommant des produits locaux. En effet, 70 % de la déforestation est due à l’agriculture, donc à notre alimentation » rappelle Amandine Hersant.

 

« Nous avons souvent dit « plus tard » en ce qui concerne la protection et restauration des forêts, et si nous agissions plutôt ? » conclut Amandine Hersant

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