Aucun endroit n’est sûr à Gaza, « les gens sont face à des choix impossibles »

Les forces de défense israéliennes appellent les civils à évacuer avant de lancer de nouvelles frappes mais ces avertissements, « ne font aucune différence » car, explique l’ONU, « les gens n’ont nulle pas où aller ou sont incapables de se déplacer ».

« Lorsque les routes d’évacuation sont bombardées, lorsque les habitants du nord comme du sud sont pris dans les hostilités, lorsque les éléments essentiels à la survie font défaut et lorsqu’il n’y a aucune garantie de retour, les gens n’ont plus que des choix impossibles à faire », a déclaré Lynn Hasting, la principale responsable humanitaire des Nations Unies à Gaza.

Lynn Hastings a appelé à la protection des civils dans les conflits armés et a réitéré les appels à la libération immédiate et inconditionnelle des plus de 220 personnes retenues en captivité par le Hamas depuis l’incursion meurtrière du groupe en Israël le 7 octobre.

À Gaza, le nombre de Palestiniens tués au cours des 17 derniers jours représente plus du double du nombre total de victimes de la guerre de 2014, qui a duré 50 jours. Les femmes et les enfants représentent environ 62 % de ces victimes.

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L’ONU demande l’accès aux otages détenus du Hamas à Gaza

L’OMS s’est inquiétée de son côté du sort des otages que le Hamas détient dans la bande de Gaza et dont l’ONU a demandé à plusieurs reprises la libération. Peu, voire aucune information, n’est disponible sur l’état des captifs.

« Il est urgent que les ravisseurs des otages donnent des signes de vie, apportent la preuve qu’ils ont reçu des soins de santé et libèrent immédiatement, pour des raisons humanitaires et sanitaires, tous ceux qui ont été enlevés », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’OMS, l’agence des Nations Unies pour la santé, après avoir rencontré mercredi des familles d’otages.

Il demande un accès pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) afin de connaitre leur état de santé et « l’OMS est prête à fournir au CICR un soutien sanitaire pour les otages ».

Journée la plus meurtrière à Gaza

Mercredi a été la journée la plus meurtrière dans la bande Gaza depuis le depuis le début des représailles israéliennes contre les attaques du Hamas le 7 octobre : selon le ministère de la santé, dirigé par le Hamas, 756 personnes ont été tuées, dont 344 enfants, ce qui porte à 6547 le nombre total de victimes.

Selon les autorités de facto de Gaza, les bombardements se poursuivent et quelque 1600 personnes, dont 900 enfants, sont portées disparues et pourraient se trouver sous les décombres.

Des morgues pleines

Des représentants de l’ONU ont pu visiter un hôpital de Gaza, où des centaines d’hommes, femmes et enfants attendent des soins : « Beaucoup d’entre eux étaient inconscients, avec des blessures ouvertes, allongés sur des lits, des civières et sur le sol, avec une assistance médicale limitée », tandis que des dizaines de cadavres étaient gardés dans une tente dans la cour parce que les morgues sont pleines, a déclaré le bureau des affaires humanitaires de l’ONU.

Le blocus des carburants et le manque d’eau, de fournitures médicales et de personnel obligent les hôpitaux à réduire leurs activités, selon l’OCHA. Les humanitaires ont également averti que les gens avaient recours à l’eau salée, ce qui pose des « risques immédiats pour la santé ».

Stocks de médicaments, d’eau potable, de fuel au plus bas

Environ 630 000 personnes déplacées sont hébergées dans 150 installations de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans la bande de Gaza.

D’après les premières évaluations sanitaires des équipes médicales mobiles, plus de 37 500 personnes nécessitent des soins médicaux auxquelles s’ajoutent plus de 4660 femmes enceintes et environ 390 cas post-natals. Les équipes médicales identifient de plus en plus de cas de maladies respiratoires aiguës et de diarrhées chez les enfants de moins de cinq ans.

Les stocks de médicaments de l’UNRWA diminuent considérablement et ne sont disponibles que pour quelques jours encore. Les centres de santé primaire de l’UNRWA manquent de carburant, ce qui menace la fourniture de services de santé essentiels.

Mercredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies estimait que « les réserves actuelles de denrées alimentaires essentielles à Gaza étaient suffisantes pour environ 12 jours ».

Une soixantaine de camion d’aide sont entrés dans Gaza

Depuis dimanche dernier, l’aide arrive mais en quantité réduite. « Nous nous félicitons de cette évolution importante et nous nous engageons à faire notre part pour que ces livraisons augmentent et se poursuivent », a déclaré Lynn Hasting. « Mais ces livraisons ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport à l’ampleur des besoins. Elles ne représentent pas plus de 4 % du volume quotidien moyen de marchandises entrant à Gaza avant les hostilités. Les besoins sont aujourd’hui, bien sûr, beaucoup plus importants ».

Cependant les livraisons effectuées ces derniers jours ne comprennent pas de carburant, essentiel pour alimenter les services nécessaires à la survie de la population. « Sans carburant, notre opération humanitaire s’arrêtera. Sans carburant, les hôpitaux ne fonctionneront pas, l’eau ne sera pas dessalée et il n’y aura pas de boulangerie. De nombreuses personnes boivent des eaux souterraines salines, ce qui augmente les risques de diarrhée, de choléra et d’autres problèmes de santé. Nous demandons instamment à Israël de ramener l’approvisionnement en eau et en électricité à son niveau d’avant le conflit et de collaborer avec nous pour trouver un moyen sûr d’acheminer du carburant dans la bande de Gaza ».

Inaction du Conseil de sécurité

Mercredi soir à New York, le Conseil de sécurité n’est pas parvenu, une fois de plus, à trouver un consensus sur un appel unifié en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire. C’est la quatrième proposition de résolution déposée devant le Conseil qui n’aboutit pas. Deux ont été présentées par la Russie, une par le Brésil et une par les États-Unis.

Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, dont l’agence a perdu au moins 35 employés au cours des bombardements israéliens, a déclaré dans une tribune publiée jeudi matin que « l’histoire se demandera pourquoi le monde n’a pas eu le courage d’agir de manière décisive et de mettre fin à cet enfer sur Terre ».

Le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a tweeté que le travail des travailleurs humanitaires à Gaza « n’est rien de moins qu’héroïque », appelant l’UNRWA à obtenir les ressources dont elle a besoin « car non seulement il est une bouée de sauvetage pour des milliers de personnes, mais l’agence représente aussi l’un des derniers lambeaux d’humanité au milieu de la dévastation ».

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