ActualitésClimat : il faut tripler les investissements dans les énergies renouvelables

Climat : il faut tripler les investissements dans les énergies renouvelables

Nous devons tripler les investissements et doubler l’offre d’électricité provenant de sources d’énergie propres au cours des huit prochaines années si nous voulons limiter le réchauffement de la planète, estime l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport publié le 11 octobre.

A défaut d’investissement dans les énergies propres, les changements climatiques, une multiplication des conditions météorologiques extrêmes et le stress hydrique compromettront notre sécurité énergétique et mettront même en péril nos réserves d’énergie renouvelable, indique le rapport annuel de l’OMMi.

Le secteur de l’énergie est responsable d’environ trois quarts des émissions de gaz à effet de serre de la planète. La demande en énergie dans le monde a augmenté de 30% ces dix dernières années.

« Nous devons faire la transition vers des formes de production d’énergie propre, telles que l’énergie solaire, éolienne ou hydroélectrique, et nous devons améliorer l’efficacité énergétique. Nous devons atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Ce but ne sera toutefois possible que si nous doublons l’offre d’électricité à faibles émissions au cours des huit prochaines années », explique le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas.

« La situation s’aggrave de jour en jour et le climat se transforme sous nos yeux. Nous devons totalement repenser le système énergétique planétaire », souligne M. Taalas.

Les énergies vertes permettent d’endiguer le changement climatique, améliorer la qualité de l’air, préserver les ressources en eau, protéger l’environnement, créer des emplois et garantir un avenir meilleur à toute la planète.

Investir dans l’énergie solaire

D’ici à 2050, les énergies renouvelables, et plus particulièrement l’énergie solaire, joueront un rôle décisif pour répondre aux besoins mondiaux en électricité.

Pour l’OMM, les pays africains ont une opportunité : en tirant parti d’un potentiel inexploité, ils pourraient devenir des acteurs majeurs sur le marché. L’Afrique abrite 60 % des meilleures ressources de la planète en matière d’ensoleillement. Pourtant, elle ne dispose que de 1 % de la capacité photovoltaïque.

En 2019-2020, la plupart des investissements au titre des énergies renouvelables ont été consentis en Asie de l’Est et dans le Pacifique (essentiellement en Chine et au Japon), suivis par l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord. Les pays en développement sont sous-représentés pour ce qui est de l’accès au financement des énergies propres.

Selon le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, une action climatique audacieuse pourrait se traduire par des bénéfices économiques se chiffrant à 26 000 milliards de dollars d’ici à 2030.

Pourtant, les investissements dans les énergies renouvelables sont beaucoup trop faibles, surtout dans les pays en développement.

Le changement climatique menace la sécurité énergétique de la planète. Il a une incidence directe sur l’approvisionnement en combustible, la production d’énergie et la résilience physique des infrastructures énergétiques, actuelles ou en cours de construction.

Les vagues de chaleur et les sécheresses mettent déjà la production d’énergie à rude épreuve, démontrant l’urgence de réduire les émissions de combustibles fossiles. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques, hydrologiques et climatiques extrêmes a des conséquences manifestes.

L’impact des ressources en eau sur l’énergie

En 2020, 87 % de l’électricité mondiale produite par des systèmes thermiques, nucléaires ou hydroélectriques dépendait directement des ressources en eau disponibles. Or, 33 % des centrales thermiques qui dépendent des ressources d’eau douce disponibles pour le refroidissement se trouvent dans des zones soumises à un stress hydrique élevé.

Il en va de même pour 15 % des centrales nucléaires existantes, un pourcentage qui devrait augmenter pour atteindre 25 % dans les 20 prochaines années. De plus, 11 % des capacités hydroélectriques sont également situées dans des zones soumises à un fort stress hydrique. Enfin, les lieux d’implantation d’environ 26 % des barrages hydrauliques existants et 23 % des barrages prévus se trouvent dans des bassins versants exposés à un risque de pénurie d’eau considéré comme moyen à très élevé.

Outre le fait que les centrales nucléaires sont tributaires des ressources en eau pour leur refroidissement, elles sont souvent situées dans des zones côtières de faible altitude et, donc, exposées à l’élévation du niveau de la mer et aux inondations liées aux conditions météorologiques.

Malgré ces risques, seulement 40 % des plans d’action pour le climat soumis par les gouvernements à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se focalisent sur l’adaptation dans le secteur de l’énergie, de sorte que les investissements sont faibles.

Engagements insuffisants

Les engagements pris par les pays sont loin d’être suffisants pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Il manque 70 % de l’effort nécessaire pour garantir la réduction des émissions voulue d’ici à 2030. Les engagements en matière d’énergies renouvelables représentent moins de la moitié de l’effort requis.

Selon les chiffres cités dans le rapport, l’objectif mondial à long terme fixé par l’Accord de Paris en matière de température exige l’installation de 7,1 TW de capacité d’énergie propre d’ici à 2030. Le monde n’est donc pas près d’atteindre l’Objectif de développement durable 7 (ODD 7), à savoir un accès universel à des services énergétiques fiables, durables, modernes et d’un coût abordable d’ici à 2030.

Les politiques et réglementations nécessaires pour assurer la décarbonisation du secteur de l’énergie restent particulièrement faibles en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, selon la Banque mondiale.

De plus, les actions climatiques que prévoient les pays signataires de l’Accord de Paris révèlent qu’ils n’ont guère conscience de la nécessité de fournir des services pour soutenir les énergies renouvelables.

Les pays en développement sont sous-représentés pour ce qui est de l’accès au financement des énergies propres. L’Afrique pourrait devenir une source majeure d’énergie renouvelable. Cependant les flux financiersii publics internationaux destinés à des pays en développement en faveur des énergies propres ne cessent de baisser.

Pour permettre à l’Afrique d’atteindre ses objectifs énergétiques et climatiques, il faudrait plus que doubler les investissements dans le domaine de l’énergie au cours de cette décennie, de même qu’augmenter considérablement les contributions aux fins de l’adaptation.

L’Afrique n’a bénéficié que de 2 % des investissements dans les énergies propres au cours des deux dernières décennies.

L’importance des services climatologiques

Les systèmes d’énergie renouvelable dépendent des conditions météorologiques et climatiques. La transition vers l’énergie propre exige donc une amélioration des informations et des services climatologiques afin d’éclairer les décisions relatives aux lieux d’implantation, à l’exploitation, à la maintenance et à la gestion.

La marge d’amélioration est énorme : moins de 50 % des Membres de l’OMM fournissent des produits spécialement conçus pour le secteur de l’énergie. Il apparaît donc que les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) n’exploitent pas tout leur potentiel et que des efforts sont nécessaires pour répondre aux besoins qui se font jour dans le secteur.

i L’Organisation météorologique mondiale est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau

ii Les flux financiers publics internationaux destinés à des pays en développement en faveur des énergies propres et de la réalisation de l’ODD 7 ont diminué en 2019 pour la deuxième année consécutive, pour se ramener à 10,9 milliards de dollars. L’aide apportée en 2019 marquait une diminution du soutien de 23 % par rapport aux 14,2 milliards de dollars accordés en 2018, de 25 % par rapport à la moyenne accordés en 2010-2019 et de plus de 50 % par rapport au pic de 24,7 milliards de dollars accordés en 2017.

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