Gaza : des « pauses » mais pas de cessez-le-feu

Après quatre tentatives infructueuses, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mercredi soir une résolution « à caractère purement humanitaire », sur le conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre.

La résolution demande « des pauses humanitaires urgentes et prolongées et des corridors dans l’ensemble de la bande de Gaza pendant un nombre suffisant de jours ». Ce nombre « suffisant » n’est pas précisé dans le texte, qui insiste sur « la garantie d’un accès humanitaire immédiat ».

Le Conseil demande aussi la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes, tout particulièrement des enfants ».  Le texte insiste sur « la garantie d’un accès humanitaire immédiat ».

Le texte exige également que toutes les parties respectent le droit international, notamment en matière de protection des civils.

Le but de ces pauses est de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire sans entrave et en quantité suffisante. Jusqu’à présent les camions chargés de vivres, eau, médicaments etc, n’entrent qu’au compte-goutte via le point de passage de Rafah.

Les agences de l’ONU manquent de carburant pour acheminer l’aide, une fois entrée dans la bande de Gaza vers les populations dans le besoin. L’ONU estime qu’au moins 2,2 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire, soit la quasi-totalité des habitants de la bande de Gaza.

Depuis la réouverture du poste frontière de Rafah pour le fret humanitaire le 21 octobre, le nombre de camions entrés dans la bande de Gaza est équivalent à 10% de ceux qui entraient, par les différents points de passage, avant la crise.

Mettre fin au « carnage »

Alors que le Conseil de sécurité se réunissait, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths avait une nouvelle fois mercredi appelé au respect du droit humanitaire international à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza et à une cessation des hostilités.

« Le « carnage » à Gaza atteint chaque jour un nouveau degré d’horreur, et le monde y assiste en état de choc. On ne peut pas permettre que cela se poursuive », a-t-il insisté.

Plus de 11 000 personnes ont été tuées, selon le ministère de la Santé de Gaza dont 4600 enfants depuis l’offensive lancée par Israël après l’attaque du Hamas qui a fait 1400 morts. Plus de 200 otages sont toujours retenus par cette organisation.

Un consensus « a minima »

Proposée par Malte, cette résolution a été adoptée avec 12 voix pour, et trois abstentions, celle des États-Unis, du Royaume Uni et de la Russie. Tous les autres projets présentés depuis le 7 octobre n’avaient pas rassemblé suffisamment de voix, ou avaient été bloqués par un veto d’un ou plusieurs des membres permanents du Conseil de sécurité.

« Pour les raisons que chacun connaît, notamment l’obstruction répétée et persistante d’un membre permanent du Conseil », cette résolution est un « consensus a minima », a observé la Chine qui préside le Conseil de sécurité ce mois-ci. À l’instar d’autres membres du Conseil, son représentant a regretté que plusieurs messages essentiels n’y figurent pas.

La Russie a estimé que « la montagne a accouché d’une souris », notamment parce que la résolution « demande » une pause mais ne l’exige pas et que les combats reprendront après ces suspensions provisoires des combats. Pour les États-Unis, il s’agit néanmoins d’un pas en avant, même si l’adoption de ce texte à elle seule ne suffira pas à sauver des vies.

La Suisse et le Royaume Uni ont jugé qu’il était important que le Conseil de sécurité s’exprime sur cette crise et estimé que le Conseil doit maintenant œuvrer à ouvrir de nouveaux horizons politiques pour tenir la promesse de la paix pour les Palestiniens et les Israéliens, y compris la solution des deux États.

À l’avenir, la France et les États-Unis souhaiteraient aussi une résolution qui condamne sans équivoque les attaques terroristes du Hamas, et qui rappelle le droit d’Israël à se défendre et à protéger sa population ainsi que son devoir de le faire en respectant strictement le droit international humanitaire.

La Fédération de Russie et la Chine ont, elles, tenu à ce qu’une résolution appelle à une trêve immédiate et durable devant mener à un cessez-le-feu.

L’Assemblée générale de l’ONU avait adopté le 27 octobre une résolution qui appelait à « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue », à ce que toutes les parties respectent le droit international et à une aide continue et sans entrave dans la bande de Gaza. Les résolutions de l’Assemblée ne sont pas contraignantes mais ont une portée symbolique forte.

Derniers articles sur le Proche-Orient

France et Monaco

4,258FansJ'aime
5,379SuiveursSuivre

Belgique et Luxembourg

2,869FansJ'aime