ActualitésLa Covid-19 freine le dépistage précoce du cancer

La Covid-19 freine le dépistage précoce du cancer

La pandémie de Covid-19 a bouleversé la prise en charge des malades atteints par le cancer. Détection, opérations et examens non essentiels ont été reportés, avec pour certains des conséquences dramatiques pour les années à venir, particulièrement dans le traitement précoce de cette maladie.

À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer ce 4 février, le Dr. Hans Kluge, Directeur général Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné les « risques multiples » que pose la Covid-19. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer une épidémie de cancer », met-il en garde. Le cancer, une des principales causes de décès en Europe, fait 2,2 millions de victimes chaque année dans la région, et ce en dépit des outils de prévention déjà mis en place.

Un dépistage compromis

Selon l’OMS, un pays sur trois en Europe a vu ses services de lutte contre le cancer partiellement ou complètement perturbés par la pandémie. La Société européenne de radiothérapie et d’oncologie (ESTRO) indique que 60 % des départements de radio-oncologie ont connu une baisse du volume de patients lors du premier confinement.

France

En France, la Ligue contre le cancer a tiré la sonnette d’alarme dès le début du second confinement, en octobre dernier. Elle craint en effet des retards dans la prise en charge, voire des traitements suspendus pour les malades et estime qu’ « il y a environ 30 000 cancers non détectés » dans le pays dus aux bouleversements liés à la Covid-19 en 2020.

Belgique

Même son de cloche en Belgique, où le Registre du Cancer annonçait 44 % de diagnostics en moins lors de la première vague (mois d’avril 2020 par rapport à avril 2019). Grâce à des efforts de rattrapage effectués au cours de l’été, ce chiffre ne s’élevait plus qu’à 14 % à la mi-septembre. Cela représente cependant 5000 personnes non diagnostiquées depuis le début du mois de mars ; un chiffre bien trop élevé, d’autant plus que la seconde vague n’a pas encore été prise en compte.

Pour Liesbet Van Eycken, Directrice du Registre du Cancer, les causes sont claires. « Les consultations non essentielles, les examens et les opérations étaient temporairement à l’arrêt ou réduits au minimum », explique-t-elle. « C’était également le cas pour le dépistage de la population pour le cancer du sein, le cancer colorectal et le cancer du col de l’utérus, où il y a eu un « impact considérable ». Fin avril, 60 % de personnes en moins avaient reçu un diagnostic de cancer. « Cela signifie que plusieurs milliers de cancers n’ont pas été diagnostiqués », confie-t-elle à UNRIC, ajoutant que les personnes présentant des symptômes hésitaient également à se rendre à l’hôpital par crainte d’attraper la Covid-19.

Un dilemme pour le corps médical

Les médecins ont rencontré de nombreuses difficultés pour traiter les patients atteints d’un cancer pendant la pandémie, selon la Société européenne de radiothérapie et d’oncologie (ESTRO). En effet, ces patients sont immunodéprimés et donc à risque accru de contracter le virus. En cas de contamination, le traitement doit être interrompu. En plus, les équipes peuvent être mobilisées dans les départements actuellement sous tension à cause de la pandémie, ce qui retarde encore davantage la prise en charge.

La coordination européenne est primordiale dans la lutte contre le cancer. L’OMS/Europe lance à cet effet une initiative paneuropéenne contre le cancer, « Agir ensemble contre le cancer » (United Action Against Cancer), qui se concentre sur cinq axes : la prévention de la maladie, le dépistage précoce, l’accès au diagnostic et au traitement, les soins palliatifs, et l’attention portée aux données.

Combattre le cancer en temps de pandémie

Si la riposte est lancée au niveau du corps médical et des décideurs politiques, les patients ne doivent pas pour autant baisser la garde face à la Covid-19.

Au quotidien, la liberté et l’autonomie sont primordiales pour les personnes atteintes d’un cancer, souligne Liesbet Van Eycken. Choisir un mode vie sain, adopter une alimentation équilibrée, pratiquer une activité physique, participer aux campagnes de dépistage, sont selon elle autant de moyens de garder le contrôle en combattant la maladie. Cependant, elle souligne l’importance de « l’accès aux soins de santé, leur vitesse, leur sûreté, leur humanité et leur qualité », les infrastructures en place étant décisives pour traiter ces patients avec succès.

Consciente de leurs craintes, Liesbet Van Eycken rappelle que « les patients atteints d’un cancer ne sont pas oubliés dans la campagne de vaccination. Au contraire, ils sont prioritaires. Accrochez-vous, dit-elle, les vaccins arrivent. Restez informés, et choisissez de vous faire vacciner ».

Pour plus d’informations :

Variole du singe

(Orthopoxvirose ‎simienne)‎ Ce qu'il faut savoir!

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