ActualitésLe patriarcat, ennemi de la lutte contre le sida

Le patriarcat, ennemi de la lutte contre le sida

« Le monde a promis d’éradiquer le sida d’ici à 2030.  Or nous n’en prenons pas le chemin. », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU dans un message à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida.

Les inégalités font obstacle à la fin de la pandémie de sida, notamment les inégalités de genre, aggravées par le patriarcat et les violences envers les femmes.

En 2021, le sida a fait 650 000 victimes et 1,5 million de personnes ont contracté le VIH. A ce jour, ONUSIDA estime que plus de 38 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH.

« Le monde ne pourra pas vaincre le sida tout en renforçant le patriarcat », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA  à l’occasion de la sortie du rapport de l’organisation, « Inégalités dangereuses ».

« Nous devons nous attaquer aux inégalités auxquelles les femmes sont confrontées. Les femmes victimes de violence de leur partenaire ont jusqu’à 50 % plus de risques de contracter le VIH », explique-t-elle.

Masculinité néfaste

En interrompant la dynamique de domination masculine, les politiques peuvent réduire la vulnérabilité des filles au VIH.

La masculinité néfaste nuit également aux hommes qui sont découragés à demander des soins. Alors que 80% des femmes vivant avec le VIH avaient accès à un traitement en 2021, seuls 70% des hommes étaient sous traitement. Faire progresser l’égalité des sexes profitera à tous.

Les femmes africaines les plus vulnérables

Les effets des inégalités entre les sexes sur les risques que courent les femmes en matière de VIH sont particulièrement prononcés en Afrique subsaharienne, où les femmes représentaient 63 % des nouvelles infections par le VIH en 2021.

Entre 2015 et 2021, dans 33 pays, seules 41 % des femmes mariées âgées de 15 à 24 ans pouvaient prendre leurs propres décisions en matière de santé sexuelle. « La seule feuille de route efficace pour mettre fin au sida, est une feuille de route féministe. » 

Les adolescentes et les jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans) sont trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que les adolescents et les jeunes hommes de la même tranche d’âge en Afrique subsaharienne.

La scolarisation, un facteur déterminant

Le facteur déterminant est le déséquilibre entre les forces. L’étude a montré que le fait de permettre aux filles de rester à l’école jusqu’à la fin du lycée réduit de moitié leur vulnérabilité à l’infection du VIH.

Lorsque des mesures d’autonomisation sont prises, les risques encourus par les filles sont encore plus réduits. Les dirigeants doivent s’assurer que toutes les filles sont scolarisées, qu’elles sont protégées de la violence qui est souvent normalisée, notamment par les mariages de mineurs. Ces filles doivent avoir des perspectives économiques qui leur garantissent un avenir prometteur.

Des inégalités entre les âges  

Le rapport montre que la lutte contre le sida est aussi freinée par les inégalités d’accès au traitement entre les adultes et les enfants. 

Plus des trois quarts des adultes vivant avec le VIH sont sous traitement mais moins de la moitié des enfants vivant avec le VIH ont accès à ces traitements.

En 2021, les enfants ne représentaient que 4% de toutes les personnes vivant avec le VIH, mais 15% de tous les décès liés au sida.

L‘UNICEF a averti que les progrès en matière de prévention et de traitement du VIH pour les enfants, les adolescents et les femmes enceintes ont pratiquement stagné au cours des trois dernières années, de nombreuses régions n’ayant toujours pas atteint la couverture des services avant la COVID-19.

Des inégalités en droit 

Dans le monde, plus de 68 pays criminalisent encore l’homosexualité. Selon le rapport, les homosexuels vivant dans les pays aux lois les plus répressives ont trois fois moins de chances d’être dépistés. Les travailleurs du sexe qui vivent dans des pays où le commerce du sexe est criminalisé ont sept fois plus de chances de contracter le VIH.

Un manque de financement

Au moment où la solidarité internationale est la plus nécessaire, trop de pays à revenu élevé réduisent leur aide à la santé mondiale. En 2021, il manquait 8 milliards de dollars pour financer les programmes de lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Il est essentiel d’accroître le soutien des donateurs pour remettre la lutte contre le sida sur les rails.

« Il faut rendre les services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH plus disponibles, de meilleure qualité et mieux adaptés.  Autrement dit, plus de ressources financières » assure António Guterres.

Les budgets doivent donner la priorité à la santé et au bien-être de tous, en particulier des populations vulnérables qui sont les plus touchées par les inégalités liées au VIH. L’éradication du sida coûte beaucoup moins cher que de ne pas y mettre fin.

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